Petit à petit, les forces issues de la société civile commencent à se manifester sur le terrain électoral en annonçant, ici et là, et de manière éparse à ce jour, les candidatures de nouvelles figures décidées à relever le défi des prochaines législatives.
Vendredi dernier, quatre nouveaux candidats dans la circonscription de Chouf-Aley ont officiellement annoncé, dans le cadre d’une campagne intitulée Hadan minna (« L’un d’entre nous »), leur volonté de prendre part à la bataille, quelles que soient les difficultés et les embûches que certains estiment nombreuses face au rouleau compresseur des partis au pouvoir.
Rôdés à l’activisme dans les domaines social, écologique et politique ainsi qu’aux rouages des élections pour avoir activement participé à la bataille des municipales, Éliane Azzi (36 ans, maronite, diplômée en psychologie et en gestion), Marc Daou (39 ans, druze, homme d’affaires et maître de conférences à l’AUB), Maya Terro (31 ans, sunnite, diplômée de l’AUB en santé publique) et Fadi el-Khoury (54 ans, maronite, diplômé en génie de l’AUB et polytechnicien) ont décidé de faire face aux candidats soutenus par les partis politiques traditionnels.
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À ce jour, au moins trois listes, non définitives, se disputeront les 13 sièges de la circonscription (Aley : 2 maronites, 2 druzes, 1 grec-orthodoxe ; le Chouf : 3 maronites, 2 druzes, 2 sunnites,1 grec-catholique) : une liste conjointe entre le Courant patriotique libre et Talal Arslane, qui pourrait rejoindre la liste parrainée par Walid Joumblatt, laquelle inclurait probablement le Futur et les FL ; une deuxième comprenant Hayat Arslane, militante pour les droits de la femme, qui s’allie avec les Kataëb et le PNL ; une ou plusieurs listes de candidats issus de la société civile, dont Hadan minna, actuellement en pourparlers avec Li Hakki, un autre groupe formé d’activistes, en vue de former une coalition.
Si la liste de Hadan minna est à ce jour incomplète, « elle est appelée à s’élargir d’ici à l’expiration de la date du dépôt des listes, soit le 26 mars », précise à L’OLJ le coordinateur de la campagne, Jad Chaaban, un membre actif au sein de Beyrouth Madinati (BM) qui avait présenté une liste qui a raflé près de 40 pour cent des votes lors des municipales de 2016 dans la capitale. D’ailleurs, c’est à l’image de la campagne parrainée par BM – avant-gardiste et dotée d’une vision axée sur des réformes en profondeur – que les membres de Hadan mina ont construit la leur (http://hadaminna.com).
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Les principes fondateurs
Outre une section consacrée au profil des candidats, à leurs compétences et réalisations, le site comporte notamment deux volets, l’un consacré à leur vision politique, aux fondements de l’État auquel ils aspirent, à sa politique étrangère et à l’ensemble des principes devant guider leur action s’ils sont élus, et l’autre à un programme électoral en dix points principaux.
« Notre vision de la politique étrangère est claire, à savoir qu’elle prône les intérêts et la sécurité de la nation sans pour autant s’enliser dans la guerre des axes », précise M. Chaaban en égrenant quelques-uns des principes fondateurs de la campagne. Avalisant ouvertement le concept du monopole des armes par l’État, les candidats tiennent toutefois à établir un lien intrinsèque entre le problème des armes du Hezbollah et l’ensemble des comportements antinomiques avec l’édification d’un État de droit, un État qu’ils veulent foncièrement laïc.
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« On ne peut pas réclamer que les armes soit exclusivement aux mains de l’État en continuant à perpétuer des comportements confessionnels et communautaires ou en couvrant la corruption. Toutes ces questions constituent un tout indivisible », commente Jad Chaaban. « De même qu’on ne peut militer en faveur des droits des Libanais ou des femmes sans le faire tout aussi fermement pour les étrangers qui vivent et travaillent sur le sol libanais », poursuit cet activiste en rappelant que les droits de l’homme sont également indivisibles.
Quant au programme électoral, il est axé sur la question des droits citoyens et sur une vision assez fournie en matière de réforme socio-économique. Au centre de leurs intérêts : la création d’opportunités de travail, la protection des deniers publics, l’accès à l’éducation et à la santé pour tous, l’amélioration de l’habitat et du transport et la réduction de la pollution, le tout accompagné d’une feuille de route claire sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à ces objectifs ainsi qu’une liste de lois en vigueur à modifier ou à adopter pour ce qui est des droits de la femme et de l’égalité entre les sexes.
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La protection des ressources pétrolières ainsi que la lutte contre la corruption et la reddition des comptes figurent également en bonne place, les candidats s’étant clairement engagés « à redynamiser les textes de loi pour la mise en œuvre des poursuites judiciaires contres les corrompus et pour la protection de ceux qui dénoncent ce fléau ».
Bref, un programme ambitieux qui replace le citoyen au cœur de la politique en redonnant à l’État toutes ses lettres de noblesse. Un programme qui fait rêver, certes, mais qui reste, pour les protagonistes de la campagne, un objectif à viser dans le long terme par le biais d’un travail de longue haleine qui ne peut se concrétiser du jour au lendemain et qui se poursuivra inévitablement, même en cas d’échec aux élections.
« Nous sommes réalistes et soucieux de ne pas promettre à nos électeurs des changements d’un coup de baguette magique. Nous avons un programme clair que nous tenterons de défendre jusqu’au bout, dans l’espoir d’arracher des petites victoires ici et là », conclut M. Chaaban.
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commentaires (4)
Bonne chance à Hadan Minna il faudra leur voter en masse si Ns voulons un changement ds ce merveilleux pays
Mona Joujou Dfouni
14 h 52, le 02 mars 2018