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Liban - Repère

Législatives 2018 : les circonscriptions-clés de la bataille interchrétienne

Le CPL, les FL, les Kataëb, les Marada et d'autres personnalités chrétiennes vont se livrer un bras de fer acharné dans la méga-circonscription du Liban-Nord III, celle de Beyrouth I, au Mont-Liban et à Zahlé.

De gauche à droite : le chef du CPL Gebran Bassil, le chef des FL Samir Geagea, le chef des Kataëb Samy Gemayel, le chef des Marada Sleiman Frangié et le député de Batroun Boutros Harb.

Le rapport de force politique au sein de la scène chrétienne libanaise sera l’un des principaux enjeux des élections législatives prévues en mai prochain, dont les résultats sanctionneront les nouveaux équilibres de l’échiquier politique chrétien.
Plusieurs données nouvelles sont venues bouleverser les modalités du bras de fer auquel les principaux formations et pôles politiques chrétiens du pays s’étaient livrés en 2009, date du dernier scrutin : la réconciliation entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL), conclue en janvier 2016 ; l’élection à la présidence de la République du fondateur du CPL, Michel Aoun, en octobre 2016, face au leader des Marada, Sleiman Frangié ; et l’opposition farouche des Kataëb au gouvernement.
Le format de la bataille électorale est également borné par la nouvelle loi électorale, prévoyant un mode de scrutin proportionnel avec vote préférentiel pour un candidat par liste et un nouveau découpage des circonscriptions, qui ouvre toutes les possibilités d’alliances, notamment entre des formations.
Voici les circonscriptions-clés dans lesquelles les scores des partis chrétiens seront particulièrement scrutés au soir du 6 mai.


(Lire aussi : Chouf-Aley : Une campagne électorale pour les législatives qui fait rêver)



Liban-Nord III : la mère des batailles
En regroupant les cazas de Batroun, Bécharré, Koura et Zghorta dans une même circonscription comptant 10 sièges, le législateur a créé une arène dans laquelle le leadership chrétien, voire même le profil du prochain président de la République, qui doit être élu en 2022, pourrait se décider. Le casting est alléchant et la composition des listes pourrait réserver des surprises.
Sur la ligne de départ, on retrouve notamment le chef du CPL, Gebran Bassil, candidat malheureux à Batroun en 2005 et 2009. Plusieurs fois ministre, le gendre du chef de l’État tente à nouveau sa chance. Le ministre d’État pour les Affaires présidentielles, Pierre Raffoul, proche de M. Aoun et de M. Bassil, a également présenté sa candidature.
À Batroun, M. Bassil affrontera le député sortant Boutros Harb qui sera aux côtés des Marada qui présentent Tony Frangié, le fils du leader du parti, leurs deux députés sortants de Zghorta, Salim Karam et Estéphan Doueihy, ainsi que William Tok, le fils de l’ancien député Gebran Tok, à Bécharré, de même que Salim Saadé, candidat du Parti syrien national social (PSNS), et Fayez Ghosn dans le Koura.
Les Forces libanaises pourraient faire cavalier seul avec les députés sortants Sethrida Geagea (Bécharré) et Fadi Karam (Koura). La formation a également annoncé la candidature de Joseph Ishak pour Bécharré et de Fadi Saad pour Batroun.
De leur côté, les Kataëb, qui s’affichent comme opposants aux partis participant au gouvernement, devraient présenter leur propre liste avec notamment Michel Doueihy (maronite, Zghorta) et Albert Andraos (grec-orthodoxe, Koura).
Pour sa part, Michel Moawad, chef du Mouvement de l’indépendance et fils de l’ancien chef d’État René Moawad, multiplie les contacts avec les différents acteurs politiques de la circonscription.
Reste à connaître les intentions du courant du Futur, fortement implanté dans le Koura et à Zghorta. La formation du Premier ministre Saad Hariri, qui devrait présenter plusieurs candidats, dont un pour prendre la suite de Farid Makari (grec-orthodoxe) qui ne se représente pas, réfléchit à trois options : former une liste commune avec le CPL, s’allier au tandem Harb-Frangié ou concourir seul.


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Beyrouth I, une course d’attente

Le vote préférentiel, qui favorise une multiplication des listes de candidats afin d’augmenter les chances de chacun des pôles et des formations voulant concourir, pourrait rebattre les cartes dans les quartiers d’Achrafieh, Rmeil, Saïfi et dans celui de Medawar, à dominante arménienne.
La compétition pour les huit sièges de la circonscription (3 arméniens-orthodoxes, un arménien-catholique, un maronite, un grec-catholique, un grec-orthodoxe et un minoritaire) devrait se dérouler entre le CPL, les FL, les Kataëb, le parti arménien Tachnag, le courant du Futur ainsi que plusieurs notables locaux.
Le CPL, qui présente le vice-président du parti Nicolas Sehnaoui (grec-catholique) et le chef de l’Union pour le Liban, Massoud Achkar (maronite), s’est donné pour objectif de former une liste avec le courant du Futur et le Tachnag.
De son côté, le ministre d’État à la Planification, Michel Pharaon, qui a conclu une alliance avec le PDG de la Société générale de banque au Liban, l’homme d’affaires Antoun Sehnaoui, devrait se présenter aux côtés des FL, qui ont annoncé les candidatures de Imad Wakim (grec-orthodoxe) et de Richard Kouyoumjian (arménien-catholique), après avoir tenté de conclure une entente politique élargie similaire à celle formée lors des municipales de 2016.
Le député sortant Nadim Gemayel, fils du fondateur des FL, l’ancien président Bachir Gemayel, pourrait se joindre à cette alliance.
De son côté, Michelle Tuéni, candidate indépendante au siège grec-orthodoxe, mène des contacts avec le député Kataëb ainsi qu’avec des membres de la société civile qui cherchent à former une liste comprenant notamment l’ancien cadre CPL Ziad Abs (grec-orthodoxe) et la journaliste Paula Yacoubian (arménienne-orthodoxe), Gilbert Doumit (maronite), Yorgui Teyrouz (président de l’association Donner sang compter, arménien-catholique) et Laury Haytayan (experte en ressources pétrolières, arménienne-orthodoxe).


(Lire aussi : À Beyrouth I, les alliances se précisent, mais...)



Békaa I : Zahlé entre partis et notables

La capitale chrétienne de la Békaa – qui offre sept sièges répartis sur toutes les communautés comme suit : deux grecs-catholiques, un grec-orthodoxe, un maronite, un sunnite, un chiite et un arménien-orthodoxe – devrait être à nouveau le théâtre d’une bataille féroce, dans le cadre de laquelle les voix sunnites et chiites seront déterminantes.
La bataille promet donc d’être « chaude » entre le CPL, les FL, les Kataëb, le Tachnag, ainsi que plusieurs personnalités indépendantes comme le député sortant Nicolas Fattouche et la présidente du Bloc populaire, Myriam Skaff, veuve de l’ancien député Élie Skaff.
Le CPL œuvre pour monter une liste composée de Salim Aoun (maronite), d’Assaad Nakad, PDG d’Électricité de Zahlé (grec-orthodoxe), de l’homme d’affaires Michel Daher (grec-catholique) et de Michel Skaff (cousin d’Élie Skaff, également grec-catholique).
Tout comme le CPL, les FL cherchent également à former une alliance avec le courant du Futur qui, lui, espère intégrer des candidats des deux partis chrétiens dans une liste commune. Les discussions sont en cours.
Pour leur part, les Kataëb présentent le député sortant Élie Marouni et le cadre local du parti Nicolas Saba.
De son côté, M. Fattouche est soutenu par le tandem chiite Hezbollah-Amal qui a également présenté un candidat pour le siège chiite, Anouar Jemaa.


(Lire aussi : Les FL attendent impatiemment les résultats de la visite à Riyad)



Le Mont-Liban et ses particularités

Le Mont-Liban compte quatre circonscriptions dans lesquelles des batailles pourraient opposer le CPL à ses concurrents chrétiens :
– Dans la circonscription du Mont-Liban I (Jbeil-Kesrouan, 7 maronites, un chiite), le parti de M. Bassil comptera sur le député sortant Simon Abiramia à Jbeil, ainsi que sur le général à la retraite Chamel Roukoz et sur le notable Mansour el-Bone dans le Kesrouan, qui auront face à eux les candidats Ziad Hawat (Jbeil) et Chawki Daccache (Kesrouan), soutenus par les FL, ainsi que le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid (Jbeil). Les FL et le 14 Mars étudient la possibilité de faire liste commune. Le résultat de la bataille dépendra du comportement de l’électorat chiite de la circonscription, bousculé par la nomination, par le Hezbollah, d’un candidat non originaire de la région, Hussein Zeaïter.
– Dans la circonscription du Mont-Liban II (Metn, 4 maronites, 2 orthodoxes, un catholique et un arménien-orthodoxe), six pôles sont en lice : le CPL, notamment représenté par le député sortant Ibrahim Kanaan et le conseiller du président pour les affaires internationales, Élias Bou Saab ; le Tachnag, dirigé par Hagop Pakradounian ; l’ancien ministre Michel Murr ; les Kataëb de Samy Gemayel, les FL avec Eddy Abillama et le PSNS qui a du mal à s’accorder sur un candidat. La carte des alliances est l’objet d’intenses discussions. Plusieurs notables de la région ont également annoncé leur intention de créer une liste dite « indépendante ».
– Dans la circonscription du Mont-Liban III (Baabda, 3 maronites, 2 chiites et un druze), le CPL, qui présente Alain Aoun, Hekmat Dib et Naji Gharios, pourrait faire sans le tandem chiite qui a présenté Ali Ammar pour le Hezbollah et Fadi Alamé pour Amal. Pour leur part, les FL ont annoncé la candidature du ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi. Les Kataëb auront également leurs candidats, tout comme la « société civile », avec Salah Honein et le général à la retraite Khalil Hélou.
– Dans la circonscription du Mont-Liban IV (Chouf-Aley, 5 maronites, 4 druzes, 2 sunnites, un grec-orthodoxe et un grec-catholique), le PSP a présenté les candidatures des députés sortants Henri Hélou (maronite) et Nehmé Tohmé (catholique) ainsi que celle de Naji Boustani (maronite) pour les sièges chrétiens. De son côté, le ministre de l’Énergie, César Abi Khalil, a présenté sa candidature au nom du CPL, tout comme le vice-président des FL, Georges Adwan. Des négociations sont en cours, notamment avec le courant du Futur, pour la création d’une liste élargie.


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commentaires (6)

La qualité et la synthèse de l'article m'ont permis de saisir les enjeux au niveau de chaque circonscription. Merci pour la rédaction

LTEIF Salim

22 h 47, le 02 avril 2018

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Commentaires (6)

  • La qualité et la synthèse de l'article m'ont permis de saisir les enjeux au niveau de chaque circonscription. Merci pour la rédaction

    LTEIF Salim

    22 h 47, le 02 avril 2018

  • Selon une correspondante de l'ambassade de France il y a eu dans les inscriptions pas mal de ratés visiblement. Dommage car beaucoup ont ait la démarche de s'inscrire sur le net, sans succès visiblement mais ils ne le savaient pas. La participation aux élections libanaises, pour les binationaux est d'une grande importance, car au-delà de l'acte civique cela rapproche le citoyen avec son pays d'origine, sa patrie. N'y a t il pas encore une possibilité pour cette catégorie de libanais pour s'inscrire sur les listes ?

    Sarkis Serge Tateossian

    20 h 16, le 02 mars 2018

  • Je pose la même question que Marionet. Pouvez vous nous expliquer ? Quand j'habitais au Liban , je votais à Rmeil.

    Eleni Caridopoulou

    16 h 46, le 02 mars 2018

  • LA NOUVEAUTÉ QUE NOUS VAUT LA NOUVELLE LOI est que des ennemis ( pardon ,adversaires) s'allient sur une même liste , ET des supposés alliés sur des listes adverses ! C beau un tel échantillonnage démocratiquement " choisi" qui oblige le libanais a SUIVRE cette sélection démente , C beau d'être obligé par ces "zaims" de toujours ( vive le sang nouveau ) de les suivre dans leurs élucubrations , C beau d'etre obliges par ces "zaims" multicouleurs politiques de voter contre nature parce qu'ILS y trouvent leur intérêts C beau ces moutons de panurge qui savent que VITE VITE,des le 7 ou 8 Mai prochain la moitié de ceux pour qui ils ont ete obliges de voter s'en iront s'allier a leurs adversaires -ceux pour qui beaucoup auraient voulu peut etre voter . C BEAU LE RENOUVEAU DU LIBAN DE LA 2e/3e REPUBLIQUE !

    Gaby SIOUFI

    10 h 14, le 02 mars 2018

  • LES MEMES FACES DE CEUX-CI COMME AILLEURS DE CEUX-LA. PAUVRE PEUPLE LIBANAIS FORME EN ECRASANTE MAJORITE DE MOUTONS ET QUI ESPERE EN DES CHANGEMENTS MIRACULEUX BIEN QU,IL VOIT, QU,IL PROTESTE MAIS HELAS QUI SUIT AVEUGLEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 38, le 02 mars 2018

  • M'étant inscrite à distance pour voter aux législatives, j'ai reçu un message de l'ambassade m'indiquant la date du scrutin (dès avril) mais alors pour quelle circo dois-je voter? Je ne lis nulle part des noms sur une liste des Libanais de l'étranger. Dois-je voter pour la circo de mon "sijjill"? Peut-être que l'OLJ pourrait consacrer un papier au cas des Libanais et descendants de Libanais à l'étranger qui sont nombreux parmi ses abonnés.

    Marionet

    06 h 44, le 02 mars 2018

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