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Liban - législatives 2018

Café-citoyen autour de la candidature des Libanaises aux législatives

Jean Oghassabian s’exprimant lors du café-citoyen organisé par la Fondation Diane pour la sensibilisation civique et le développement durable.

La situation peut surprendre : le Liban qui se veut une oasis de libertés et d’émancipation pour les femmes est le dernier des pays arabes en matière de représentation de la femme dans la vie politique. Ainsi, depuis la création du Parlement libanais, seules onze femmes y ont siégé, souvent des épouses, des sœurs ou des filles de députés. Sur 74 gouvernements formés depuis l’indépendance, seuls six comptaient des femmes ministres.

C’est pour débattre de la candidature des femmes aux prochaines législatives que la Fondation Diane pour la sensibilisation civique et le développement durable a organisé hier, à Aaliya’s Books, un café-citoyen animé par le ministre d’État aux Droits de la femme, Jean Oghassabian, et Joëlle Abou Farhat Rizkallah, cofondatrice de Women in Front (WIF). Mme Rizkallah a exposé ces chiffres choquants. De son côté, M. Oghassabian a assuré que « réclamer une juste représentation des femmes n’est pas uniquement une affaire de chiffres, ni de diversité au sein du Parlement », soulignant qu’il est nécessaire « d’accorder une place aux capacités et compétences que le Liban est en train de perdre à cause de la marginalisation des femmes ».

Dans l’objectif d’inciter les électeurs à soutenir les femmes dans leur lutte pour une juste représentation, Mme Rizkallah a affirmé : « Il est vrai que le quota des femmes n’a pas été voté, mais nous avons opté pour un plan B : soutenir, encourager et appuyer les femmes candidates aux élections. » Dans cette perspective, WIF a élaboré une liste non exhaustive de 140 femmes candidates potentielles aux législatives, parmi lesquelles la journaliste May Chidiac, la femme d’affaires Wafaa Saab ou encore la militante Nayla Geagea, pour n’en citer que quelques-unes.

La militante pour les droits de la femme s’est déclarée certaine de voir de plus en plus de femmes sur les listes. Cependant, Mme Rizkallah n’a pas manqué d’exprimer trois souhaits. Tout d’abord, « nous attendons de la part du ministère de l’Intérieur qu’il accorde une autorisation aux femmes candidates de se présenter sous le nom de famille de leur époux », si elles sont plus connues sous ce nom, a-t-elle dit. M. Oghassabian a répondu sur ce point en soulignant que « la loi ne prévoit pas cette disposition, mais le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk a tout de même chargé l’ancien ministre Ziyad Baroud d’étudier juridiquement la possibilité d’accorder cette autorisation aux femmes ».

Le deuxième souhait de Mme Rizkallah est une proposition de loi pour exempter les femmes qui désirent se porter candidates aux législatives des frais de candidature, dans le but de les encourager à se lancer dans la bataille électorale. Cette proposition a été débattue au Parlement à l’initiative du leader des Kataëb Samy Gemayel, mais n’a pas été adoptée. « En tant que ministre d’État aux Droits de la femme, j’ai fait de mon mieux pour soutenir cette proposition, mais je ne contrôle pas le vote des différents blocs parlementaires. D’autant qu’un certain parti, dont la structure sociale ne tolère pas l’accès de la femme au pouvoir, s’est farouchement opposé à cette proposition », a confié M. Oghassabian, dans une allusion au Hezbollah.

Mme Rizkallah aurait enfin souhaité que les partis politiques prennent eux-mêmes l’initiative de fixer un quota selon lequel un nombre précis de femmes devrait figurer sur leurs listes. Elle a ainsi invité les électeurs à s’abstenir de voter pour une liste qui ne compte pas au moins une femme parmi ses candidats.



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