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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Corentin Sellin : La question est de savoir ce que le lobby des armes pourrait faire contre Trump

Le président américain, Donald Trump, en compagnie de membres du Congrès qu’il a reçus à la Maison-Blanche, à Washington, le 28 février 2018. Kevin Lamarque/Reuters

« Nous devons faire quelque chose. Nous devons agir », a déclaré Donald Trump lors d’une réunion, mercredi, à la Maison-Blanche avec des membres du Congrès démocrates et républicains, soit deux semaines après le carnage au lycée de Parkland, en Floride, où un jeune homme a fait 33 victimes dont 17 morts avec son arme semi-automatique le jour de la Saint-Valentin. Durant cette réunion, le président, sous pression, a évoqué des mesures pour le contrôle des armes plus fortes que celles prônées par son parti. Même si le caractère imprévisible de M. Trump n’est plus une surprise, ces mesures (de l’interdiction des dispositifs permettant à un fusil semi-automatique de tirer en rafales à un relèvement de l’âge minimum pour l’acquisition de fusils d’assaut, en passant par des vérifications approfondies et des limitations d’achat pour les malades mentaux) apparaissent comme une grande nouveauté pour un président républicain, traditionnellement hostile à un contrôle accru. Mais celles-ci risquent de déplaire au premier lobby d’armes aux États-Unis, la National Rifle Association (NRA), qui avait activement soutenu Donald Trump lors de l’élection présidentielle. Peu après sa victoire, il avait même annoncé aux membres de la NRA qu’ils avaient « un ami à la Maison-Blanche ». Mais aujourd’hui, il semble prêt à mettre un peu d’eau dans son vin. Le point sur la situation avec Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste de la politique américaine.


(Lire aussi : Fusillade dans le lycée de Floride : "Je serais rentré là-dedans même sans arme", assure Trump)



Si Donald Trump met en œuvre les mesures qu’il a évoquées, celles-ci représenteraient-elles une rupture dans la position républicaine traditionnelle sur les armes à feu ?
Avant toute chose, bien qu’il l’ait dit, il n’a jusqu’à maintenant rien fait. Il a parlé de manière très surprenante face aux élus du Sénat et du Congrès, et c’est totalement inédit pour un président républicain. On n’avait jamais vu une attaque frontale contre la NRA comme celle qu’il a faite. Trump s’est ainsi posé en président pour le contrôle et la régulation des armes à feu contre la NRA. C’est inédit. Il souhaite retarder l’âge minimum d’acquisition d’un fusil d’assaut de 18 à 21 ans, mais il veut aussi interdire, par décret présidentiel, les « Bump Stocks » qui font passer de semi-automatique à automatique un fusil d’assaut (ce sur quoi la NRA a activement protesté). S’il le fait, il s’agira d’une trahison totale de ses promesses de campagne et ce sera très mal vécu par son électorat.

Trump peut-il représenter un danger pour la NRA ?
La NRA est un lobby associatif dont les membres cotisent pour faire défendre leurs droits constitutionnels à avoir une arme. Trump ne peut rien faire contre la NRA. Par contre, la vraie question est de savoir ce que la NRA pourrait faire contre Trump s’il passe à l’acte. La NRA a dépensé 30,3 millions de dollars en 2016 en faveur de Trump durant sa campagne. Et là, elle se retrouve avec un président qui évoque des mesures de régulation des armes. Bien que le président américain les ait flattés en les saluant comme étant des « grands patriotes », et qu’il ait annoncé qu’il était « avec eux », la NRA ne peut pas accepter les démarches de Trump. Elle pourrait se retourner contre lui.


(Lire aussi : Aux Etats-Unis, les fabricants d'armes sous pression)



Quelle serait concrètement la réaction de la NRA si Trump passait à l’action ?
Si Trump passait à l’acte, elle pourrait lancer une campagne contre les candidats de Trump en 2018 aux élections de mi-mandat (« midterm ») et contre
Trump lui-même en 2020 (présidentielle), avec pour argument la trahison des promesses de campagne pour les détenteurs d’armes à feu. La NRA a une capacité exceptionnelle de mobilisation de l’électorat blanc, rural et conservateur, qui est dominant chez les propriétaires d’armes à feu. Or cela correspond aux électeurs de Trump. Cet électorat, que la NRA avait mobilisé en faveur de Donald Trump en 2016, pourrait à nouveau être mobilisé prochainement, mais cette fois, contre lui.


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