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Plus forts que Trump !

Cela tourne à l’idée fixe, martelée deux fois en l’espace de 24 heures. Comment mettre les potaches américains à l’abri d’actes de folie meurtrière, telle l’hécatombe perpétrée la semaine dernière dans un collège de Floride par un ancien étudiant? En armant tout simplement les enseignants, préconise gravement le président des Etats-Unis : oh, pas tous, concède-t-il, seulement ceux qui seraient déjà familiarisés avec le maniement des armes et qui bénéficieraient alors d’une formation adéquate. Sage précaution, ces instits pistoleros seraient priés de ne pas exhiber leurs Colt en classe ou à la récré ; mais qu’arriverait-il donc si, pour une raison ou une autre, l’un d’eux pétait les plombs et se mettait à tirer dans le tas ? Toute prête serait probablement la réponse de Donald Trump : des flingues pour les proviseurs, surveillants et autres coaches de base-ball afin de tenir à l’œil les enseignants…

Voilà ce qui s’appellerait avoir le sens de la hiérarchie. De la fidélité aussi, celle-ci allant au très influent lobby des fabricants d’armes, qui a massivement financé la campagne du président. Incroyable tout cela, non ? Mais faisons-nous beaucoup mieux en termes de logique et de bonne gouvernance ? Nos dirigeants ne sont-ils pas, eux, les rois de l’improvisation, les virtuoses des solutions bancales, les champions de la fuite en avant ?

Au Liban, les enseignants du secteur public comme du privé n’ont nul besoin d’être armés, grâce au Ciel. C’est de moyens de subsistance qu’ils ont un pressant, un dramatique besoin et, avec eux, les parents d’élèves confrontés à la hausse des frais de scolarité. Il a fallu de longs mois pour décréter une hausse générale des salaires et traitements ; mais on avait vu trop grand, calculé tout faux, on envisage un nouveau train de taxes et d’impôts, et c’est maintenant seulement qu’on le reconnaît piteusement, alors que se succèdent les grèves, à l’enseignement comme ailleurs.

C’est avec la même légèreté qu’aura été édictée la loi sur les loyers anciens qui, selon les cas, pénalise avec la même iniquité locataires et propriétaires. Même incohérence pour une loi électorale bâtarde introduisant tout à la fois, à force de concessions réciproques, ces deux éléments à effets antinomiques que sont la proportionnelle et le vote préférentiel. Parlant d’élections, notez bien au passage qu’à la différence de la vilaine Amérique, les caïds libanais de la politique n’ont que faire d’éventuels lobbies pour financer leurs campagnes : dans un pays affligé d’un très déshonorable taux de corruption, on se suffit très bien à soi-même, merci…

Mais ce n’est pas tout que d’escroquer le pays, encore faut-il donner le change au monde extérieur, ce monde qui veut bien venir en aide au Liban à la condition cependant qu’il commence par s’aider lui-même, qu’il entreprenne des réformes structurelles, qu’il dégraisse, que pour le moins il se dote d’un budget. Un budget, le Liban s’en est passé douze années durant, s’en remettant au bricolage, aux avances sur réserves, aux irrégularités de toute sorte. Et si un début de normalité a bien été amorcé en 2017, on a trop traîné la patte pour l’année en cours, le gouvernement se livrant en ce moment à une véritable course contre la montre à l’approche de la conférence internationale de Paris dont il est la peu enviable vedette. Reste le plus énorme : pour fouetter l’ardeur de ces excellences, il aura fallu un singulier sermon du ministre des Finances invitant ses collègues à s’activer et propager ainsi – je le cite – un sentiment de sérieux.

C’est tout juste s’il n’a pas dit faisons au moins semblant. Voilà de quoi en remontrer même à un Donald Trump.

igor@lorientlejour.com

Cela tourne à l’idée fixe, martelée deux fois en l’espace de 24 heures. Comment mettre les potaches américains à l’abri d’actes de folie meurtrière, telle l’hécatombe perpétrée la semaine dernière dans un collège de Floride par un ancien étudiant? En armant tout simplement les enseignants, préconise gravement le président des Etats-Unis : oh, pas tous, concède-t-il,...