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Moyen Orient et Monde - États-Unis

Trump continuera de rappeler son amitié pour le lobby des armes

Les récentes déclarations du chef de la Maison-Blanche sur le port d’armes semblent aller dans le sens contraire de celui du puissant lobby.

Donald Trump lors d’un discours à la National Rifle Association (NRA). Jim Watson/AFP/Getty Images

La tuerie du lycée de Parkland, le 14 février, a relancé une nouvelle fois le débat sur la libre circulation des armes à feu aux États-Unis. Depuis la tragédie, des milliers de lycéens font entendre leur voix et ont pris les rênes d’un mouvement résolu à faire bouger les choses sur ce sujet très sensible dans le pays. Dans ce contexte, Donald Trump se retrouve dans une situation difficile, où il ne peut pas ignorer les revendications des antiarmes mais ne peut pas non plus se fâcher avec son électorat très proarmes.
L’hôte de la Maison-Blanche a d’abord décidé de faire un geste pour calmer le jeu. Il a évoqué mardi l’interdiction du mécanisme qui peut transformer une arme de calibre semi-automatique en arme automatique, ce qu’on appelle les « bump stocks ». Il a également soulevé l’idée de passer l’âge légal d’acquisition de fusils d’assaut de 18 à 21 ans. Ces annonces ont suscité l’inquiétude du très puissant lobby de port d’armes, la National Rifle
Association (NRA). Ce lobby a activement soutenu Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2016 et il est farouchement opposé à tout relèvement de 18 à 21 ans de l’âge légal pour porter une arme.
Comme pour rassurer ses partisans, le président américain a réaffirmé hier sa fidélité envers l’organisation et ses membres en saluant ses dirigeants comme de « grands patriotes ». « Vous avez un vrai ami à la Maison-Blanche », avait-t-il déjà déclaré devant une foule enthousiaste, lors de la conférence annuelle de la NRA en avril 2017 à Atlanta. Il s’était également engagé à « ne jamais empiéter » sur le droit des Américains à se munir d’une arme.
Wayne LaPierre, le dirigeant de la NRA, a pour sa part critiqué hier les revendications des antiarmes. « Leur but est d’éliminer le second amendement et notre liberté de porter des armes pour qu’ils puissent éradiquer toutes les libertés individuelles », a-t-il déclaré hier dans un discours devant la Conservative Political Action Conference, un événement qui réunit chaque année les conservateurs américains près de Washington. « La politisation honteuse de la tragédie, c’est une stratégie classique sortie tout droit du manuel d’un mouvement toxique », a-t-il ajouté tout en taclant les démocrates et les médias généralistes. Pour la NRA, les fusillades à répétition dans les établissements scolaires n’ont rien à voir avec l’éparpillement des armes à feu dans le pays. « Nos banques, nos aéroports, nos matches de basket-ball, nos immeubles de bureaux, nos stars de cinéma, nos hommes politiques sont mieux protégés que nos enfants », a complété Wayne LaPierre.

Principal bailleurs de fonds
Le président américain ne semble donc pas décidé à s’opposer à ce puissant lobby. « Si Trump choisit d’aller contre la NRA, il prendra des décisions contre son camp. Il est donc obligé de respecter ce que demande la NRA et il n’a pas intérêt à se mettre à dos l’un des principaux bailleurs de fonds des élus républicains », confirme à L’Orient-Le Jour Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste de la politique américaine. Le président américain a d’ailleurs proposé jeudi d’armer les enseignants dans les écoles, une idée qui ne peut que plaire au puissant lobby.
« Une école sans armes attire les méchants, a-t-il tweeté hier. Le but est d’armer les enseignants formés et préparés pour prévenir les tueries et laisser le temps aux forces de l’ordre pour intervenir. » La proposition de Donald Trump n’est pas nouvelle. Dans un rapport rédigé en 2013 émanant d’Asa Hutchinson (actuel gouverneur de l’Arkansas) et demandé par la NRA, il indique clairement que le lobby « réclame des élus américains qu’ils autorisent le personnel scolaire à être armé à l’intérieur de l’école ». Asa Hutchinson précise : « Le délai de réaction est primordial. Donc si l’arme est à proximité de quelqu’un à l’intérieur de l’école, cela peut réduire le délai de réaction et sauver des vies. » Ironie du sort, on apprenait hier que l’un des adjoints du shérif du comté du Broward, où se trouve le lycée de Parkland, était armé à l’intérieur de l’établissement au moment de la fusillade du 14 février et qu’il n’a pas agi pour empêcher la tragédie de se produire. Un comportement qui lui a valu d’être qualifié hier de « lâche » ou de « paralysé par la peur » par Donald Trump.

La tuerie du lycée de Parkland, le 14 février, a relancé une nouvelle fois le débat sur la libre circulation des armes à feu aux États-Unis. Depuis la tragédie, des milliers de lycéens font entendre leur voix et ont pris les rênes d’un mouvement résolu à faire bouger les choses sur ce sujet très sensible dans le pays. Dans ce contexte, Donald Trump se retrouve dans une situation...

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