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À La Une - sécurité

En France, un nouveau plan contre la radicalisation jihadiste, centré sur les prisons

Dans le second volet du plan, l'éducation à l'information va être "systématisée" afin de lutter contre le "complotisme".



Le Premier ministre français, Edouard Philippe, entouré de membres du gouvernement français, lors de la présentation du "plan national de prévention de la radicalisation", à Lille, le 23 février 2018. AFP / PHILIPPE HUGUEN

Le gouvernement français, qui avance encore à tâtons dans la lutte contre la radicalisation jihadiste trois ans après les attentats de janvier 2015, a présenté vendredi un nouveau plan prévoyant notamment la création de places de prison pour isoler les détenus radicalisés.

Ce "plan national de prévention de la radicalisation", promis en octobre par le président Emmanuel Macron, est au moins le troisième du genre (après ceux de 2014 et 2016). Il comprend 60 mesures et a été annoncé par le Premier ministre Edouard Philippe depuis Lille (nord), à l'issue d'un comité réunissant une dizaine de membres du gouvernement.

"Cette radicalisation islamiste menace notre société", a estimé M. Philippe.
Le principal volet, comme attendu, concerne les prisons : 1.500 places vont être créées "dans des quartiers étanches, exclusivement dévolus aux détenus radicalisés", dont 450 "d'ici la fin de l'année", a annoncé M. Philippe.
Sur près de 70.000 détenus en France, 512 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits de terrorisme. Par ailleurs, 1.139 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme "radicalisés".

Les quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER), où la dangerosité des prisonniers est évaluée pendant plusieurs mois, passeront de trois à sept. Deux quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR) doivent être créés en 2018, sur le modèle de celui existant dans la prison de Lille-Annoeulin (nord).

Le plan acte également la création de trois nouveaux "centres de prise en charge individualisée" en milieu ouvert, qui s'inspirent d'un centre au Danemark. Ils concerneront principalement des personnes sous contrôle judiciaire, notamment des "revenants" des zones de combat jihadistes en Syrie et en Irak.


(Lire aussi : En Irak, une jihadiste française condamnée, libérée et expulsable)



Lutter contre le "complotisme"
Le second volet principal du plan concerne l'éducation.

Le Premier ministre a affiché son soutien à une proposition de loi au Sénat qui va renforcer le contrôle sur les écoles hors contrat, qui n'accueillent que 74.000 élèves mais sont en forte progression. Leur régime de déclaration va être unifié et mis à jour. L'éducation à l'information va également être "systématisée" afin de lutter contre le "complotisme".


Dans la lignée des décrets permettant d'écarter un militaire ou un fonctionnaire exerçant une activité sensible pour des motifs de radicalisation, Edouard Philippe a également annoncé le lancement d'une mission pour étudier les cas dans la Fonction publique en général.
"Nous devons envisager de pouvoir écarter de ses fonctions un agent en contact avec des publics sur lesquels il est susceptible d'avoir une influence, et dont le comportement porte atteinte aux obligations de neutralité, de respect du principe de laïcité, voire comporte des risques d'engagement dans un processus de radicalisation", a-t-il dit.


(Lire aussi : La Ligue islamique mondiale veut "annihiler" l'extrémisme)


A l'occasion de l'annonce de ce plan, des chiffres officiels ont été publiés vendredi sur le nombre de personnes revenues en France depuis la zone jihadiste irako-syrienne. Un total de 323 personnes, dont 68 mineurs, en sont revenues. La France est particulièrement concernée par les retours de ses citoyens : environ 1.700 personnes en sont parties pour rejoindre les zones jihadistes irako-syriennes à partir de 2014.

Sur place, en Irak et en Syrie, se trouvent toujours près de 680 adultes français et "plus de 500 enfants", dont seuls 53 ont plus de 13 ans, d'après ce comptage officiel.
Depuis plusieurs semaines est posée la question de l'avenir des dizaines de jihadistes français actuellement détenus dans des camps en Irak et en Syrie, avec plusieurs dizaines de mineurs.  Il y a dix jours, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a insisté, lors d'un déplacement à Bagdad, pour que les jihadistes français arrêtés en Irak y soient jugés, tout en rejetant catégoriquement la peine de mort, qui figure dans l'arsenal juridique de ce pays. La France a adopté la même position pour les jihadistes français arrêtés en Syrie.


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Le gouvernement français, qui avance encore à tâtons dans la lutte contre la radicalisation jihadiste trois ans après les attentats de janvier 2015, a présenté vendredi un nouveau plan prévoyant notamment la création de places de prison pour isoler les détenus radicalisés. Ce "plan national de prévention de la radicalisation", promis en octobre par le président Emmanuel Macron,...

commentaires (3)

ILS ONT LU ET EN FURENT IMBUS... POURRAIT-ON LEUR CHANGER CE QU,ILS LISENT ?

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 21, le 24 février 2018

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Commentaires (3)

  • ILS ONT LU ET EN FURENT IMBUS... POURRAIT-ON LEUR CHANGER CE QU,ILS LISENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 21, le 24 février 2018

  • Ce mot complotisme semble être un synonyme pour "théorie du complot", complotisme n'est pas listé dans mon vieux dictionnaire "Petit Robert". D'après wikipedia c'est un néologisme en français. Les français présentent donc un plan "contre les théories du complot" à leurs écoles ... Il faudrait alors regarder ce qu'ils considèrent complot ... Dans l'article OLJ "les arabes et les complots" on utilise le mot "théorie du complot" - https://www.lorientlejour.com/article/1094307/une-arme-aux-mains-des-regimes-autoritaires-arabes.html

    Stes David

    00 h 05, le 24 février 2018

  • Globalement très positive ! Qui aurait penser, il y a encore dix ou quinze ans que la France se trouverait dans de tels draps .....et obliger de faire tous ces efforts pour " déradicaliser" des jeunes souvent, nés en France ? Curieuse conception du monde

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 39, le 23 février 2018

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