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Liban

Samy Gemayel poursuit sa guerre contre le projet des nouveaux navires-centrales

Les experts persistent et signent : le dossier est entaché d’irrégularités et manque de transparence.

Samy Gemayel, hier, lors de sa conférence de presse. Photo Kataëb

Alors que l’on évoque de plus en plus le retour en force de l’option de la location des navires-centrales pour combler une partie du déficit de production d’électricité, le président des Kataëb, Samy Gemayel, est monté au créneau hier pour protester contre ce projet, qui a longtemps fait l’objet d’une large opposition au sein du gouvernement. Hier, le député du Metn a appelé les ministres à rejeter ce plan qu’il considère comme « une catastrophe ». 

 « Il y a une volonté d’adopter l’ancien plan pour l’électricité et pour cette raison nous avons voulu clarifier à l’opinion publique certains points, a déclaré M. Gemayel. Il semble qu’ils veulent adopter ce plan lors de la séance (du Conseil de ministres) aujourd’hui ou lors d’une prochaine séance », a-t-il dit. 

 « J’appelle toute personne ayant une conscience au sein du gouvernement à protester contre le projet des navires-centrales parce que c’est une catastrophe », a affirmé le chef des Kataëb.

Jusqu’à présent, l’application du plan du ministre de l’Énergie, César Abi Khalil, bute sur l’obstacle relatif à la location des deux navires-centrales supplémentaires. Le projet a fait l’objet d’un appel d’offres lancé en avril, puis amendé en cours de route. Mais cette procédure est aujourd’hui dans l’impasse, le dossier ayant été rejeté à plus d’une reprise par la Direction des adjudications (DDA) pour « manque de transparence et irrégularités ».

En octobre 2017, la commission nommée par la Direction des adjudications et par le ministère de l’Énergie et de l’Eau pour évaluer les candidats à l’appel d’offres pour la location temporaire de deux navires-centrales de 400 mégawatts chacun pour le compte d’Électricité du Liban a une nouvelle fois recalé les dossiers de trois des quatre sociétés encore en lice. « Cela fait 5 mois, depuis octobre, que l’on n’entend plus rien au sujet de l’électricité », a indiqué M. Gemayel. 


(Lire aussi : Mise en demeure présidentielle)


Outre les Kataëb, plusieurs formations politiques au sein du gouvernement, dont Amal, les Forces libanaises, le PSNS et les Marada, ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition à ce projet, que certains croient confectionnés à la juste mesure du chef du CPL, Gebran Bassil, et du chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui a défendu la position du CPL à ce sujet. 

 « Cela fait 5 mois que personne n’a proposé d’alternative car la priorité n’était pas d’avoir l’électricité mais d’avoir des navires-centrales », a ironisé le chef des Kataëb. « Il nous importe de préciser à l’opinion publique que les navires-centrales, dans tout autre pays, sont en général loués pour une durée déterminée mais au Liban cela dure depuis 2011, a poursuivi M. Gemayel. Cela fait 7 ans que nous avons deux navires-centrales au Liban, à très haut coût, alors que durant ces 7 ans nous aurions pu construire des centrales électriques », a-t-il dit, reprenant ainsi l’argument avancé par un certain nombre de pourfendeurs de ce projet. 

 « Nous avons fait des calculs avec nos équipes de travail et nos chiffres ont été confirmés par le quotidien al-Akhbar, a indiqué M. Gemayel. Selon ses chiffres, le coût de la location de ces deux navires-centrales est d’un milliard et 800 millions de dollars, sans compter le coût du fuel ». Et M. Gemayel de préciser : « Après avoir interrogé plusieurs sources, nous avons constaté que si nous voulons construire une centrale, le mégawatt nous coûtera entre 700 000 et un million de dollars, a-t-il poursuivi. Nous sommes en train de louer deux navires-centrales qui nous fournissent un total de 800 mégawatts. Si nous construisons une centrale et produisons 800 mégawatts cela devrait nous coûter 800 millions de dollars. Comment sommes-nous aujourd’hui en train de louer deux navires-centrales à un milliard et 800 millions de dollars ? » Construire une centrale électrique nécessite entre un an et deux, à 800 millions de dollars, a souligné M. Gemayel, selon lequel « il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles ».


(Lire aussi : Le pari des Kataëb pour les législatives : « le pouls des gens »)



Les navires coûte que coûte ? 

Le 3 novembre dernier, la Direction des adjudications a envoyé, pour la troisième fois, un rapport défavorable sur ce marché, que l’on considère dans les milieux proches de cette institution comme « un marché négocié et concocté à la mesure d’une seule société, Karadeniz ». Une source proche du dossier a laissé entendre que la DDA, qui a déjà refusé à maintes reprises d’apposer sa signature à ce projet, n’en découdra pas pour autant cette fois-ci. 

Par conséquent, ceux qui tiennent à ce projet n’auraient plus qu’un seul choix, poursuit la source : convaincre tous les récalcitrants parmi les ministres de l’adopter « sauf qu’ils devront alors clarifier à l’opinion publique qu’il s’agit désormais d’un accord de gré à gré puisque ce sera le cas ». Et de rappeler que même dans ce cas de figure, les contrats de gré à gré sont soumis à une série de conditions qui doivent être remplies.

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commentaires (5)

"Il faudrait assurer l'électricité que ce soit à partir de la mer, de l'air, du sol, d'un avion, d'un bateau... l'essentiel est d'assurer le courant 24h/24h." Qui a dit cela ? Alain Aoun, député CPL de Baabda dans An-Nahar du 17/2/2018. A qui s'adresse-t-il ? Probablement à l'ancien ministre de l'Energie Gébran Bassil et au nouveau César Abi-Khalil, les loueurs de bateaux turcs-centrales électriques dans les conditions que l'on sait. "On ne fait pas de la politique avec de la morale. On n'en fait pas davantage sans." (André Malraux, ancien ministre de la Culture du général de Gaulle°.

Un Libanais

13 h 22, le 20 février 2018

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Commentaires (5)

  • "Il faudrait assurer l'électricité que ce soit à partir de la mer, de l'air, du sol, d'un avion, d'un bateau... l'essentiel est d'assurer le courant 24h/24h." Qui a dit cela ? Alain Aoun, député CPL de Baabda dans An-Nahar du 17/2/2018. A qui s'adresse-t-il ? Probablement à l'ancien ministre de l'Energie Gébran Bassil et au nouveau César Abi-Khalil, les loueurs de bateaux turcs-centrales électriques dans les conditions que l'on sait. "On ne fait pas de la politique avec de la morale. On n'en fait pas davantage sans." (André Malraux, ancien ministre de la Culture du général de Gaulle°.

    Un Libanais

    13 h 22, le 20 février 2018

  • Samy Gemayel a totalement raison sur ce dossier des navires centrales. C'est un gaspillage inouï et inexplicable rationnellement Un scandale énorme

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 43, le 20 février 2018

  • 2 points que cesar abikhalil ne veut pas -ne peut pas eclaircir : 1-- a chaque coup il menace disant que SANS navires pirates , PAS DE COURANT l'ete prochain . puis l'ete passe comme les autres- puis de nouveau la meme MENACE . EXPLICATION ? 2-- depuis le temps a t il mis sur les rails - vraiment sur les rails - les nouveaux projets d'edification de stations de production d'electricite? sachant que tt projet a ete MURI des annees durant AVANT que d'etre mis en execution - donc bien avant les 2 nouveaux navires pirates ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 56, le 20 février 2018

  • UN DES PROBLEMES DE NOS INCAPABLES IGNORANTS DANS LA PANOPLIE DES PROBLEMES QUI ETOUFFENT GRACE A EUX LE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 15, le 20 février 2018

  • Mille fois raison! L'insistance à aire appliquer ce projet totalement irrationnel ne peut s'expliquer que par les profits que certains en retireront.

    Yves Prevost

    06 h 49, le 20 février 2018

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