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À La Une - conflit

Syrie : deux importants groupes rebelles fusionnent

Offensive imminente par l'armée syrienne contre la Ghouta orientale.

Une rue complètement détruite à Raqqa, l'ancien fief de Daech en Syrie. AFP / DELIL SOULEIMAN

Deux importants groupes rebelles islamistes implantés dans une région du nord syrien ont annoncé dimanche leur fusion, en vue de renforcer leur position face au groupe jihadiste contrôlant cette zone. "Nous, Ahrar al-Cham et Noureddine al-Zinki, annonçons notre fusion sous le nom de Front syrien de libération", ont indiqué les deux groupes, présents à la frontière des provinces syriennes d'Alep et d'Idleb. Cette dernière, qui est la seule du pays à échapper quasi entièrement au régime syrien, est principalement contrôlée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, une coalition dominée par l'ancienne branche syrienne d'el-Qaëda.

Cette fusion est liée à la montée en puissance de Hayat Tahrir al-Cham dans le nord de la Syrie, selon Sam Heller, analyste à l'International Crisis Group. "Il s'agit de constituer un contrepoids à Hayat Tahrir al-Cham, qui semble se préparer à une nouvelle confrontation avec Zinki", a-t-il expliqué à l'AFP. 

"Zinki et Ahrar sont les deux principales factions rebelles non jihadistes dans le nord et Zinki s'est toujours révélé être un obstacle aux tentatives de Hayat Tahrir al-Cham de consolider son emprise" dans ce secteur.

Sur un autre front, l'armée syrienne a renforcé dimanche sa présence aux alentours de la Ghouta orientale, se préparant pour lancer un assaut majeur sur cette enclave rebelle aux portes de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme(OSDH). 

"Les renforts ont été achevés, l'offensive attend le signal de départ", a dit à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon lui, le déploiement de nouveaux soldats et unités militaires ainsi que l'encerclement de l'ensemble de la Ghouta orientale a débuté il y a déjà une quinzaine de jours. 

Selon un correspondant de l'AFP sur place, les habitants de Damas ont commencé à faire leurs valises et à chercher des endroits où aller, avant le début de l'assaut. L'un d'eux, Karim, 29 ans, prévoit d'évacuer ses parents de leur maison dans l'est de la capitale, une région régulièrement touchée par les tirs rebelles. "Je préfère les emmener dans notre village de Wadi al-Qalaa", dans la province de Lattaquié, contrôlée par le régime, a-t-il dit à l'AFP. "C'est plus sûr là-bas".
Le régime de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie, a intensifié ses frappes militaires contre l'enclave assiégée depuis le 5 février. Plus de 250 civils ont ainsi été tués dans la Ghouta orientale et 775 blessés en cinq jours de raids intensifs, tandis que près de 20 civils, dont trois enfants, ont péri à Damas.  

L'accalmie relative observée depuis quelques jours intervient alors que des négociations, à l'instigation de la Russie, sont en cours entre régime et factions rebelles "pour évacuer, dans un premier temps, les combattants de Hayat Tahrir al-Cham", indique M. Abdel Rahmane.   La présence dans la région de ce groupe jihadiste dominé par l'ex-branche syrienne d'el-Qaëda, est limitée, mais il contrôle certains secteurs adjacents à la capitale. Dimanche, le quotidien syrien Al-Watan, proche du régime, a lui aussi fait état de pourparlers entre Damas et les rebelles. 

"Un effondrement des négociations marquerait le début d'un assaut", souligne M. Abdel Rahmane. Le gouvernement syrien a déjà sécurisé en 2017 de larges pans de la zone périphérique de Damas, à travers des accords d'évacuation de civils et de combattants, transférés notamment vers la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays. Si un accord est conclu dans la Ghouta orientale, les jihadistes devraient être envoyés dans cette seule province qui échappe encore au contrôle de Damas. Quelques 400.000 personnes vivent encore dans la Ghouta orientale, où plusieurs centaines d'habitants nécessitent une évacuation médicale urgente. 

"Opération ciblée"

Parallèlement, dans le nord de la Syrie, une alliance de combattants kurdes et arabes a annoncé samedi soir avoir visé des positions militaires en Turquie, en représailles à l'offensive menée depuis près d'un mois par Ankara contre une enclave kurde. C'est la première fois que les Forces démocratiques syriennes (FDS) revendiquent une attaque contre les forces turques de l'autre côté de la frontière. Les autorités turques n'ont pas réagi officiellement à l'incident. 

Ankara a déclenché le 20 janvier une offensive contre la région d'Afrine, dans le nord-est de la Syrie, pour y chasser la milice des Unités de protection du peuple (YPG) - principale branche des FDS - qualifiée de "terroriste" par la Turquie mais alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique(EI). L'opération, baptisée "Rameau d'Olivier", est également menée par des groupes rebelles syriens alliés d'Ankara.  

"Nos forces ont mené une opération ciblée contre un centre où se rassemblent des soldats turcs" et des groupes syriens alliés dans le district de Kirikhan dans la province turque de Hatay, dans le sud de la Turquie, ont indiqué les FDS dans un communiqué, faisant état de victimes sans préciser le nombre. "Nous appelons les civils à se tenir à distance des positions contrôlées" par les forces turques, poursuit l'alliance arabo-kurde.  

Les médias turcs ont de leur côté rapporté samedi que deux soldats et cinq combattants syriens avaient été blessés par un tir de mortier visant un poste de police dans le district de Kirikhan.  

Près d'un mois après le lancement de l'offensive turque, les affrontements se poursuivent sur plusieurs axes à la périphérie de la région d'Afrine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Quelques 95 civils de l'enclave kurde sont morts depuis le début de l'opération, d'après l'Observatoire, alors qu'Ankara nie avoir pris pour cible des civils depuis le lancement de son offensive.


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