Sara Zeaiter, hilarante Blogger Wanabe

Elle fait feu de tout bois – spécialement celui dont se chauffent les wanabe icônes de mode – pour amuser la galerie, avec des mini-vidéos parodiques qu’elle poste sur son fil Instagram, justement intitulé Blogger Wanabe. Elle s’appelle Sara Zeaiter, alias Jenn Zee, faux nom choisi pour s’accorder avec une fausse célébrité. Et en trois mois de posts et de poses satiriques, celle qui se définit comme « un Mr Bean au féminin » a conquis plus de 36 000 followers de tous âges en jouant (sur le mode du contre-emploi) le rôle d’une lanceuse de tendances.

À l’ère de la téléréalité, les fashionistas sont reines. Plastique impeccable, siglées de la tête aux pieds, évoluant dans les lieux les plus trendy, radieuses en toutes circonstances, elles affichent leurs vies de rêve sur les réseaux sociaux et font même de leurs meilleures amies (ces fameuses Besties), de leurs petits amis, de leurs maris et enfants, les compléments de leurs accessoires de luxe… En somme, elles sont les nouvelles top models, les références ultimes des adolescents et celles qui, aujourd’hui, font rêver les ménagères de moins de 50 ans.

De ce pouvoir tiré de leur image, ces « influenceuses » se gargarisent, se « narcissisent », se « sponsorisent » surtout et s’enrichissent à coup de contrats publicitaires ou, pour les « nouvelles venues », de cadeaux des grandes marques qui en font leurs porte-étendards.
Car, sous des allures de perpétuel conte de fées, c’est un vrai business lucratif qui s’organise, une savante mise en scène de chaque instant qui se déploie. C’est ce que tend à démontrer, avec humour et une bonne dose d’autodérision, cette grande brune aux yeux verts qui se cache donc – ou plutôt qui s’exhibe – sous le pseudo Jenn Zee de Blogger Wanabe.

How to get followers ... btw am not active on snapchat ! ‎ ·

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En s’amusant à pasticher les postures des blogueuses, « dont un certain nombre sont mes amies », signale-t-elle, Sara Zeaiter démystifie, mais sans hargne, sur un ton léger et facétieux, l’image irréelle d’une vie parfaite et comblée que véhiculent leurs posts.
« Croyez-vous vraiment au naturel de ces femmes qui vous disent “Salut les amis, je viens de rentrer d’une longue journée de shooting”, le teint aussi frais qu’une rose et sans ne serait-ce qu’un soupçon de cernes sous les yeux ? Ou à celles qui se baladent en talon aiguille, portant mille paquets – de marques de luxe, bien entendu – à leur 9e mois de grossesse? Ou encore à celles qui ne ratent aucune soirée, se goinfrent de pizzas au saut du lit et boivent du champagne dans leur baignoire ? Tout cela n’est qu’une mise en scène, dans laquelle elles jouent leurs rôles. Être influenceuse est un confortable gagne-pain. Un travail qui demande plus d’efforts qu’on ne l’imagine et qu’elles accomplissent le plus souvent avec un très grand professionnalisme », explique celle qui considère être devenue elle aussi une blogueuse. « Je reconnais être l’une d’elles. J’ai ma page et je fais mon job de la même manière, même si ma page est drôle. D’ailleurs, je commence à recevoir des cadeaux des grandes maisons de luxe », confie-t-elle sans détour.

Fashionista marrante vs modeuse poseuse
Cette médiatisation, la jeune Libanaise, tout juste trentenaire, affirme ne pas l’avoir recherchée. « Tout est né d’une blague entre copines, affirme-t-elle. Cela a commencé il y a juste trois mois. Lors d’une soirée, j’avais décidé de porter le costume de mon frère. Ma meilleure amie, qui m’accompagnait, me regarde et me dit: “C’est incroyable, tu es sapée comme une de ces blogueuses fashionistas”. Comme je suis un vrai clown, je prends une pose parodique qu’elle filme spontanément et on poste la vidéo sur mon fil personnel à destination de notre groupe de copines. Cela les a beaucoup amusées. Du coup, elles n’ont cessé de me réclamer des vidéos comiques et m’ont poussée à les compiler sur un compte Instagram dédié. Lequel s’est rapidement nourri de ces mini-sketchs spontanément filmés et au montage réalisé en moins de cinq minutes à chaque fois », raconte Sara Zeaiter.

La jeune femme, qui vit à Dubaï où elle travaille au sein de l’entreprise familiale de téléphonie, reconnaît, néanmoins, s’être prise au jeu. « Quand je sors, les gens commencent à me reconnaître et viennent me parler. C’est agréable, même si le revers de la médaille, c’est que j’ai parfois l’impression qu’ils attendent de moi que je fasse en permanence le pitre. J’ai ainsi parfois l’impression d’être devenue une sorte de clown public. » Le prix à payer pour cette fashionista marrante qui casse les codes de la modeuse poseuse !