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Liban - Écoles privées

Les enseignants agitent la menace d’une grève ouverte, mais le dialogue se poursuit

Le ministre de l'Éducation Marwan Hamadé a présenté au Conseil des ministres un projet d'amendement de la loi 46, pour l'échelonnement sur trois ans des effets de la grille des salaires au sein de l'école privée.

Photo AFP

Les enseignants des écoles privées sont en colère, en ce début d'année. Et ils entendent bien le montrer haut et fort. Plus de quatre mois après la publication de la loi 46 sur l'échelle des salaires, ils attendent toujours de bénéficier de toutes les dispositions de la loi. Mais les établissements scolaires dans leur grande majorité, menés par la Fédération des associations privées et le secrétariat général des écoles catholiques, leur refusent les six échelons exceptionnels. Les enseignants menacent alors d'observer une journée de grève, le 24 janvier courant, et trois autres jours d'arrêt de travail, les 5, 6 et 7 février. Et si la grille des salaires n'est toujours pas appliquée, ce sera la grève ouverte.

L'initiative bénéficie du soutien de la Ligue des enseignants de l'école secondaire publique. « Il faut accorder leurs droits aux instituteurs du secteur privé, les six échelons compris », a-t-elle souligné dans un communiqué. Parallèlement, des parents d'élèves marcheront aujourd'hui en direction du palais présidentiel de Baabda, dans un appel au chef de l'État à les soutenir dans leur refus d'une hausse des écolages. Ils participeront demain à la messe dominicale donnée à leur intention à Bkerké.

 

Le niet du syndicat
C'est dans un communiqué incendiaire comportant une dizaine de revendications que le conseil exécutif du syndicat des enseignants de l'école privée a annoncé l'escalade, hier, et convoqué les enseignants aux assemblées générales qui se tiendront mercredi 17 janvier à 16 heures, dans la totalité des centres régionaux du pays. Incendiaire, parce qu'il « craint qu'un amendement soit en préparation derrière le dos des enseignants qui dénature la loi 46 », ou, au pire, « que soit adoptée une nouvelle loi propre aux enseignants du secteur privé », qui leur dénie le droit à l'échelle des salaires, comme l'indique à L'Orient-Le Jour Rodolphe Abboud, président du syndicat des enseignants de l'école privée. « J'ai appris, lors d'une rencontre avec le ministre de l'Éducation, qu'il a présenté au Premier ministre un projet d'amendement de la loi 46 qui s'appliquerait aux enseignants du secteur privé. Or le syndicat refuse un tel amendement, ou la moindre nouvelle loi qui priverait les enseignants de leurs droits acquis », martèle à ce propos le syndicaliste. « Je l'ai clairement dit au ministre », ajoute-t-il, regrettant qu'on ne parle plus des budgets scolaires ni des hausses des écolages.

Les enseignants avaient pourtant jeté du lest en décembre dernier. Ils avaient salué la médiation du ministre Marwan Hamadé, et n'avaient pas rejeté sa proposition d'échelonner sur trois ans les effets de l'application de la loi. Ils avaient juste réclamé que cet échelonnement se fasse sur « base d'accords locaux entre chaque direction d'école et sa base enseignante, et non par le biais d'une loi », rappelle M. Abboud.

 

(Lire aussi : L’école privée face à une crise existentielle)

 

 

Sans amendement, pas de droits
Mais le ministre persiste et signe. « Un étalement sur trois ans des augmentations de salaires liées aux effets de la loi 46 nécessite impérativement un amendement de la loi, dit-il à L'OLJ. J'ai d'ailleurs remis au Conseil des ministres un projet dans ce sens. C'est le seul moyen d'assurer leurs droits aux instituteurs du secteur privé et de faire appliquer la grille des salaires dans son intégralité, tout en permettant des hausses minimes des écolages. » Il soutient d'ailleurs que « sans cet amendement, les enseignants n'obtiendront pas leurs droits ». Il faut dire que Marwan Hamadé doit composer avec un secrétariat des écoles catholiques qui campe sur ses positions et refuse d'assumer les six échelons. Sans compter que « l'État n'a pas la moindre intention de subventionner l'école privée ». « Il est impératif que les écoles ne fassent pas faillite », observe-t-il aussi.

Nombre d'établissements ont, certes, mis la loi en application. D'autres ont aussi négocié avec leurs enseignants. Il n'en reste pas moins que l'amendement demeure « nécessaire ». Compte tenu qu'« il ne s'agit pas d'une séparation des législations, et surtout pas en cette année électorale », insiste le ministre.

La crise est aiguë. Le dialogue n'est pas pour autant rompu entre le président du syndicat des enseignants du privé et le ministre de l'Éducation. Une réunion est même prévue ce matin entre les deux parties, histoire d'arrondir les angles. « Car la grève des instituteurs est impopulaire, rappelle M. Hamadé. Elle ne sert à rien. » Et puis nombre d'établissements la rejettent totalement, comme les institutions éducatives chiites, sunnites et druzes. La détente annoncée durant les fêtes verra-t-elle enfin le jour ?

 

 

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