Le président de la République, Michel Aoun, a affirmé hier que l'État pourrait payer les salaires des enseignants du secteur privé, après le vote de la nouvelle grille des salaires qui a provoqué une crise au sein des écoles privées. Une déclaration vivement critiquée par le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, qui fait valoir, via L'Orient-Le Jour, que « l'État n'a pas le sou ». Il souligne par ailleurs que les concertations entre le ministère, les enseignants et les parents d'élèves se dirigent vers un étalement sur trois ans du paiement par les écoles privées de la grille des salaires.
« Il faut traiter de manière radicale la question des salaires des enseignants du secteur privé, avec la participation de l'État, du syndicat des enseignants et de la Fédération des établissements d'enseignement », avait affirmé auparavant le chef de l'État devant une délégation des écoles catholiques privées qu'il a reçue au palais de Baabda.
« Parmi les propositions, figure le fait que l'État paie les salaires (des enseignants), à condition que les établissements scolaires respectent les règlements mis en place par le gouvernement et que les frais de scolarité soient fixés en fonction des budgets de ces établissements, après un contrôle de la part du ministère de l'Enseignement », peut-on lire dans un communiqué du palais de Baabda. « Les enseignants devront respecter les standards éducatifs qui prévalent dans le secteur de l'éducation au Liban », ajoute le communiqué.
M. Aoun a ensuite expliqué que cette proposition aboutirait à une baisse des frais de scolarité qui incombent aux parents, rappelant que ceux-ci contribuent au financement des caisses de l'État en payant leurs impôts.
Les enseignants des écoles privées réclament une réévaluation de leurs salaires conformément à la nouvelle grille adoptée pour le secteur public. Cette augmentation est prévue par la loi 46. Mais les écoles privées ont prévenu qu'une augmentation des salaires des enseignants allait pousser les établissements à augmenter les frais de scolarité, au grand dam des parents des élèves.
(Pour mémoire : Le corps infirmier réclame sa nouvelle échelle des salaires)
« Solution tripartite »
« Envisager que le gouvernement puisse payer les enseignants du privé est irréaliste. L'État n'a pas le sou », a déclaré Marwan Hamadé à L'Orient-Le Jour. « Il faut trouver une solution tripartite, entre l'État, les enseignants et les parents d'élèves. C'est ce que nous essayons de faire loin des feux de la rampe et nous sommes en train d'avancer dans nos concertations », a-t-il ajouté.
« Nous nous dirigeons vers un étalement sur trois ans du paiement des augmentations de salaires des enseignants. D'ici à trois ans, ils auront reçu tous leurs droits sans que les écoles ne soient mises à mal ni que les parents aient le couteau sous la gorge. Le rôle de l'État sera celui d'un arbitre dans le cadre de cette solution. Il ne sera ni payeur ni receveur », a souligné le ministre de l'Éducation avant d'ajouter : « Aucune école, ni musulmane, ni druze, ni chrétienne, ne va accepter de se plier aux desiderata de l'État. »
Le président de la Commission épiscopale des écoles catholiques, l'évêque Hanna Rahmé, a également abordé hier dans une déclaration la possibilité d'étaler les paiements des enseignants dans le temps. « Les écoles catholiques peuvent payer les augmentations de salaires, à condition qu'elles soient étalées sur trois ans. La balle est aujourd'hui dans le camp du président de la République qui a promis de régler le dossier », a dit Mgr Rahmé.
Mirna Khoury, présidente de l'Union des comités de parents d'élèves dans les écoles catholiques, a pour sa part indiqué à l'agence al-Markaziya que les parents menaçaient d'escalade à cause de la hausse des frais de scolarité, une hausse qui pourrait atteindre deux millions deux cent mille livres.
Interrogé par al-Markaziya, le président du syndicat des enseignants du privé, Rodolphe Abboud, a souligné que le syndicat s'était gardé de toute réaction dernièrement « afin de laisser la voie ouverte à une solution possible à la crise ». « Le problème réside dans le fait que les directions de certaines écoles ne veulent pas reconnaître la loi 46 (sur la grille des salaires) », a-t-il dit.
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10 h 09, le 20 décembre 2017