Rechercher
Rechercher

Liban - Conférence d’al-Azhar

Matar dénonce « la conduite irresponsable » de l’administration américaine sur Jérusalem

Des voix s’élèvent pour encourager les pèlerins musulmans et chrétiens à multiplier les visites à la Ville sainte, mais se heurtent aux adversaires de toute « normalisation ».

Des représentants de 86 pays ont participé à la conférence internationale islamo-chrétienne d’al-Azhar sur Jérusalem qui s’est tenue au Caire les 17 et 18 janvier. Fayed el-Geziry/AFP

Présidée par l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, la seconde journée de la conférence internationale islamo-chrétienne d’al-Azhar sur Jérusalem (17-18 janvier), qui se tient au Caire en présence de représentants de 86 pays, a cherché à cerner « la responsabilité internationale à l’égard d’al-Qods ».

Sont intervenus hier, venus du Liban, l’archevêque maronite de Beyrouth, Boulos Matar, le métropolite Élias Audi, la politologue Fadia Kiwan et le président du Centre catholique d’information (CCI), le P. Abdo Bou Kasm.

L’archevêque maronite de Beyrouth s’est, grosso modo, rangé dans son intervention sur la position officielle du Vatican, que le pape François a réaffirmée hier (voir page 7). « Il aurait été préférable pour le président du pays qui héberge sur son sol l’Organisation des Nations unies de respecter les résolutions internationales de cette instance, et pour commencer la résolution 181 de l’Assemblée générale du 29 novembre 1947, qui a proposé le partage de la Palestine en trois États, l’un juif, l’autre arabe, et Jérusalem sous contrôle international. »

« Le monde entier s’en est tenu, contre vents et marées, à cette résolution (…), jusqu’au jour où, de façon unilatérale, le président des États-Unis décide de ruiner les chances de la paix et de dénaturer l’histoire de Jérusalem et son message humain et spirituel, balayant ainsi les droits légitimes des Palestiniens », a ajouté Mgr Boulos Matar, qui a qualifié d’« irresponsable » la conduite de l’administration américaine, désavouée par un vote de l’Assemblée générale de l’ONU qui a recueilli 138 voix sur 192.

Lassitude et dispersion des Arabes
Pour sa part, la politologue Fadia Kiwan, qui a dirigé l’Institut des sciences politiques de l’Université Saint-Joseph, a relevé « l’état de dispersion et de lassitude » des régimes arabes, qu’elle a attribué au double échec des deux logiques suivies au cours des décennies passées : celle de la résistance armée et celle d’un compromis qui serait le fruit de pourparlers.
« Ces deux logiques se sont effondrées, la première parce que la cause palestinienne a simplement servi de prétexte pour asseoir des dictatures, l’autre pour s’être laissé berner par des appels internationaux à la négociation, couplés avec la ruse du mouvement sioniste qui n’a cessé de pratiquer la fuite en avant », a-t-elle analysé.

Et d’avancer comme parfait exemple de ces échecs le rejet du « compromis honorable » proposé par le sommet arabe de 2002 à Beyrouth, avec pour termes d’échange « la paix contre les territoires » conquis en 1967 et la reconnaissance d’Israël. Un « compromis honorable » qui s’était transformé en « concession gratuite ».

Le rôle irremplaçable de la Ligue arabe
Et Mme Kiwan d’appeler à un renouveau de l’élite politique arabe, et pour commencer palestinienne, et à la fin des divisons politiques qui en éparpillent les forces, prônant cependant une approche pacifique reposant sur l’appel au respect des résolutions internationales et un renouvellement du rôle « irremplaçable » de la Ligue arabe.

Comparant la Ville sainte au Liban, le métropolite Audi a défendu, pour sa part, la vision d’une Jérusalem « lieu de rencontre et de fraternité (interreligieuse), lieu d’interaction des idées, des cultures et des religions ». Il faut que les voix chrétiennes et musulmanes « s’élèvent à l’unisson » pour réclamer que les Palestiniens soient rétablis dans leurs droits, a-t-il espéré.

Pour le directeur du Centre catholique d’information, le P. Abdo Bou Kasm, la réappropriation morale et culturelle, voire politique, de Jérusalem passe par une action concertée des médias qui mettrait l’image, la parole et le texte écrit, les programmes scolaires et les conférences au service d’une mémoire sur le point de se perdre. Et de proposer la fondation d’une « Rencontre des médias pour Jérusalem » pour la mise en œuvre de cette politique.

Pèlerinages et normalisation
La problématique du P. Bou Kasm rejoignait, d’une certaine façon, une proposition du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui, intervenant à la conférence d’al-Azhar, avait lancé un appel pressant pour que les pèlerins musulmans et les chrétiens du monde entier se rendent à Jérusalem. Cette proposition se heurte toutefois aux objections de ceux qui voient dans ce type de démarche une concession gratuite au processus de normalisation culturelle, et d’acceptation de la souveraineté israélienne sur la Ville sainte.

Présidée par l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, la seconde journée de la conférence internationale islamo-chrétienne d’al-Azhar sur Jérusalem (17-18 janvier), qui se tient au Caire en présence de représentants de 86 pays, a cherché à cerner « la responsabilité internationale à l’égard d’al-Qods ».Sont intervenus hier, venus du Liban,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut