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À La Une - Liban

Déchets : le gouvernement valide l'agrandissement de la décharge de Costa Brava et avance sur les incinérateurs

Le gouvernement libanais a décidé jeudi d'agrandir la décharge de Costa Brava et d'organiser dans les six mois un appel d'offres sur la construction d'incinérateurs, pour répondre à la crise des déchets qui sévit au Liban depuis plusieurs années, deux mesures contestées par la société civile et les écologistes.

 

"Décisions audacieuses"
Pour l'Exécutif, l'agrandissement de la décharge de Costa Brava, située au sud de Beyrouth, répond à l'urgence posée par l'accumulation des déchets produits par la capitale et ses environs. Ainsi agrandie, la décharge accueillera également les déchets des régions du Chouf et de Aley.

"Nous sommes appelés à prendre des décisions audacieuses, à mettre en place un plan à long terme et global pour la gestion des déchets qui mettra un terme à cette mascarade et un plan temporaire réglant la situation dans la capitale et ses environs", avait déclaré le Premier ministre Saad Hariri à l'ouverture de la réunion au Grand Sérail.

La commission ministérielle sur les déchets, présidée par le Premier ministre, avait récemment adopté le plan à long terme de gestion des déchets du ministère de l'Environnement. Mais la décision controversée de l'agrandissement des deux décharges officielles côtières de Bourj Hammoud et de Costa Brava (respectivement au nord et au sud de Beyrouth), saturées de manière précoce et accueillant les déchets de Beyrouth et du Mont-Liban, n'avait pas été discutée.

Le plan préparé par le Conseil du Développement et de la Reconstruction à la demande du gouvernement proposait l'agrandissement des deux décharges côtières existantes. Il a été présenté comme la seule alternative au retour des déchets dans les rues. Les deux décharges côtières, construites à même la mer, sont pourtant au cœur d'une polémique en raison de leur potentiel de pollution et leur sursaturation très rapide, alors qu'elles avaient été conçues, dans le plan de mars 2016, comme étant une solution pour quatre ans.

 

Tripoli et incinérateurs
L'exécutif a également décidé de construire une nouvelle décharge sanitaire à Tripoli, au Liban-Nord, et d’œuvrer par la suite pour la fermeture du la décharge sauvage qui existe actuellement. L'usine de traitement des déchets de la fédération des municipalités de Tripoli, censée réduire le volume des déchets parvenant à la décharge sauvage de la ville, avait été fermée par la municipalité en début d'année pour "odeurs nauséabondes", après des directives données par M. Hariri lui-même.

Par ailleurs, le gouvernement a approuvé le lancement d'un appel d'offres pour l'achat d'incinérateurs dans les six mois qui viennent. Début novembre, le gouvernement avait déjà approuvé le cahier des charges pour les incinérateurs, au grand dam de la société civile et des écologistes, qui avaient mis en garde contre les risques de toxicité et de pollution.

A l'issue du Conseil des ministres, le ministre du Travail, Mohammad Kabbara, originaire de Tripoli, a appelé à la fermeture de la décharge sauvage de la ville et à la mise en place d'une décharge sanitaire. Il a également estimé que la solution à la crise des déchets passe par les incinérateurs.

 

Zeaïter claque la porte
Le Conseil des ministres a été marqué par le retrait avec fracas du ministre de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter, de la séance du gouvernement, protestant contre le fait que certains dossiers agricoles n'aient pas été inscrits à l'ordre du jour de la séance.

Avant le début de la réunion, M. Zeaïter avait menacé de quitter la séance si les sujets concernant l'agriculture n'étaient pas "traités avec attention", indiquant que des sujets qu'il souhaite évoquer en Conseil des ministres depuis mai ne sont toujours pas à l'ordre du jour. "J'ai des devoirs envers les agriculteurs libanais", avait-il ajouté.

"Tous les ministres sont confrontés au fait que des dossiers devant être examinés ne figurent pas à l'ordre du jour", a commenté le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi.

Loi électorale et EDL
En ouverture du Conseil des ministres, M. Hariri est revenu sur les divergences apparues autour des réformes prévues par la nouvelle loi électorale, en vue des élections législatives prévues en mai prochain. "Ces divergences sur ces questions techniques font perdre du temps", a-t-il affirmé, se déclarant en faveur de ces réformes "qui renforcent la transparence et l'intégrité du scrutin".

 

(Lire aussi : Berry tranche : La loi électorale est intouchable)

 

Mardi, les membres de la commission ministérielle chargée de l'application de la loi électorale n'étaient pas parvenus à un accord sur deux réformes prévues par le nouveau code : la carte biométrique et les mégacentres permettant le vote près du lieu de résidence.

"Ces divergences n'empêcheront pas la tenue des législatives en mai quelles que soient les circonstances", a souligné le chef du gouvernement. "Les termes report, prorogation et perturbation ne sont pas dans mon dictionnaire, ni dans celui du gouvernement", a-t-il lancé.

M. Hariri est également revenu sur la crise au sein d'Electricité du Liban (EDL), secouée pendant plusieurs semaines par une grève de ses employés et de ses prestataires qui a fortement perturbé la production électrique. "Les grèves sont devenues un moyen d'obtenir des augmentations de salaire", a déclaré M. Hariri, dénonçant la "culture de la punition des citoyens". Le mouvement de grève s'est soldé lundi par un accord à minima sur une augmentation des salaires des employés d'EDL.

Le Premier ministre a par ailleurs annoncé au Conseil des ministres que le Liban accueillera le Sommet arabe de 2019.

Les ministres de l'Information, Melhem Riachi, l'un des représentants des Forces libanaises au sein du gouvernement, et celui de la Culture, Ghattas Khoury, affilié au courant du Futur de M. Hariri, ont quitté le Conseil des ministres avant la fin de la séance et se sont rendus à Maarab pour s'entretenir avec le chef des FL, Samir Geagea. A l'issue de la réunion, M. Khoury a indiqué que "l'entente entre les FL et le courant du Futur est toujours d'actualité", assurant qu'"aucune des parties politiques n'a encore décidé de ses alliances pour les prochaines législatives". "Aucune décision d'isoler un parti, et plus particulièrement les Forces libanaises, n'a été prise", a-t-il ajouté.

Également reçu à Maarab, le président de la commission parlementaire de l'Environnement, Akram Chehayeb, a de son côté affirmé que "le plus important, c'est de protéger et renforcer le rôle des institutions et le respect de la Constitution". Il a souligné que cette visite s'inscrit "dans le cadre d'une tournée menée en perspective des prochaines élections législatives".

 

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commentaires (4)

Ils n’ont qu’à demander à McKinsey. Ou peut-être ont-ils peur qu’il ne leur démontre que la meilleure solution est d’investir dans des usines de recyclage, ce qui mettrait en danger leurs plans de gagner du terrain sur la mer à travers l’extension des décharges côtières, et d’encaisser de juteuses commissions lors de l’achat des incinérateurs-pollueurs...

Gros Gnon

21 h 59, le 11 janvier 2018

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Commentaires (4)

  • Ils n’ont qu’à demander à McKinsey. Ou peut-être ont-ils peur qu’il ne leur démontre que la meilleure solution est d’investir dans des usines de recyclage, ce qui mettrait en danger leurs plans de gagner du terrain sur la mer à travers l’extension des décharges côtières, et d’encaisser de juteuses commissions lors de l’achat des incinérateurs-pollueurs...

    Gros Gnon

    21 h 59, le 11 janvier 2018

  • Les décharges mal gérées de Costa Brava et de Bourj Hammoud, les décharges sauvages un peu partout brûlées en plein air, ne dégagent-elles pas autant de toxines et de pollution que des incinérateurs bien placés ? Le Liban est-il le seul pays au monde qui ne sait pas trouver où et comment les construire ? Le Liban manque-t-il à ce point d'intelligences créatrices ? Le Liban sait-il seulement inventer sans cesse de nouvelles formes de corruption ? Irène Saïd

    Irene Said

    20 h 34, le 11 janvier 2018

  • On agrandit la décharge de Costa Brava ! Vive le nouveau Liban pollution et cancer .

    Antoine Sabbagha

    17 h 48, le 11 janvier 2018

  • PAS DE DECISION ENCORE... IL AVANCE... CAD ON TERGIVERSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 36, le 11 janvier 2018

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