Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, campait toujours sur ses positions, mercredi, au sujet de la querelle qui l'oppose au président de la République, Michel Aoun, sur l'avancement octroyé à la promotion 1994 des officiers entrés à l'École militaire quelques années plus tôt, à l'époque où le chef de l'État était à la tête du gouvernement militaire de transition (1988-1990). Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, affilié au mouvement Amal de M. Berry, a, lui, renouvelé aujourd'hui son soutien au chef du Législatif.
Le décret accordant un an d'avancement aux officiers de la promotion 1994 avait été adopté mardi dernier par le Conseil des ministres puis signé samedi par le chef de l'État et le Premier ministre, Saad Hariri. Une véritable épreuve de force entre Baabda et Aïn el-Tiné, lieu de résidence de M. Berry, s'en était suivie. Le président du Parlement avait en effet jugé que l'adoption du décret nécessitait quatre signatures, en l'occurrence celles du président de la République, du chef du gouvernement, du ministre concerné (le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf), et du ministre des Finances.
Les officiers en question, connus sous le nom de "promotion Aoun", avaient subi des préjudices liés au fait qu'ils n'avaient pas été promus comme leurs camarades au sein de l'armée. Selon des sources proches des milieux aounistes, ce décret vient réparer une injustice qui dure depuis 23 ans.
(Pour mémoire : La crise s'aggrave entre Aoun et Berry)
"Pas de solution proche"
Des visiteurs de M. Berry, ont indiqué mercredi que 50 députés s'étaient opposés en 2014 à la proposition de loi concernant l'avancement des officiers de la promotion 1994. "Lors des séances parlementaires du 1er, 2 et 3 avril 2014, 50 députés s'étaient opposés à la proposition de loi", ont indiqué à la presse des visiteurs se trouvant à Aïn el-Tiné. Ils ont également rappelé que le chef du bloc parlementaire du Futur, également ancien Premier ministre, Fouad Siniora, s'était longuement exprimé contre la proposition.
"M. Berry se suffit de ce qu'il a dit hier", ont précisé ses visiteurs. "Il y a beaucoup de choses à dire concernant ce sujet, mais il ne se prononcera pas sur cela aujourd'hui", ont-ils ajouté. La veille, Nabih Berry avait directement répondu aux critiques de M. Aoun au sujet de cette querelle. "Nous avons compris de M. Berry qu'il n'y a pas de solution proche concernant le décret", ont conclu ses visiteurs.
Apportant son soutien à M. Berry, mercredi depuis Aïn el-Tiné, le ministre des Finances a affirmé pour sa part que sa signature était essentielle pour l'adoption du décret faisant polémique.
"Il est indiscutable que la signature du ministre des Finances est essentielle pour ce genre de décrets indépendamment de qui est le ministre, a déclaré Ali Hassan Khalil. Respecter les normes est la solution". "Le décret ne m'a pas été transmis et s'il l'avait été, il n'y aurait pas eu de crise constitutionnelle", a-t-il ajouté, soulignant que contrairement à ce décret, ceux relatifs aux officiers des Forces de sécurité intérieure (FSI, relevant du ministère l'Intérieur) lui ont été présentés.
Ali Hassan Khalil a ensuite annoncé qu'il a signé des décrets de promotion d'officiers de l'armée. Il s'agit de décrets annuels et non du décret de la promotion 1994. Plus tard en fin d'après-midi, la LBCI a rapporté que M. Khalil n'a pas signé les décrets de promotion des grades de colonel à général et de lieutenant-colonel à colonel, au sein de l'armée. Le ministre des Finances a refusé de signer après avoir affirmé qu'il a trouvé dans ces décrets des noms d'officiers qui font partie de la promotion 1994. Ali Hassan Khalil a réclamé à ce sujet des explications au ministre de la Défense.
Pour mémoire
Aoun : Nous avons réussi à dépasser la crise grâce à notre unité nationale
Pas de quoi faire la fête, mais...
commentaires (6)
Au lieu d'imaginer des solutions a de vrais problèmes, les Libanais s'offrent des problèmes imaginaires sans vraies solutions. Yalla, bonne annee!!
B. Bejjani
19 h 39, le 27 décembre 2017