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Liban - Éclairage

La détente entre Aoun et Berry, un accord a minima ?

La détente semble aujourd'hui s'installer entre les deux premiers pôles du pouvoir, à en croire les milieux proches de Aïn el-Tiné. Et ce après le séisme provoqué par la décision du Conseil constitutionnel d'annuler les récentes mesures fiscales adoptées par le Parlement. L'appel téléphonique du président de la Chambre, Nabih Berry, au chef de l'État, dès le retour de Michel Aoun de son voyage officiel en France, en est l'un des signes précurseurs.

L'initiative a été annoncée par Aïn el-Tiné, avec pour intention de féliciter le président Aoun de ses positions à Paris devant le président français, Emmanuel Macron. Aïn el-Tiné a aussi fait part d'une rencontre entre les deux ministres Salim Jreissati (bloc aouniste) et Ali Hassan Khalil (Amal) destinée à trouver un compromis sur l'affaire du budget et de la loi de règlement (bilan comptable), sans pour autant « suspendre » l'article 87 de la Constitution, qui lie l'adoption du budget à ce bilan comptable. Car le président Aoun a renoncé hier, en Conseil des ministres, à cette « suspension » qui avait été proposée par M. Jreissati, une position appréciée par Aïn el-Tiné.

Nombre de ministres ont d'ailleurs évoqué un panier de propositions pour résoudre la crise. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a affirmé avoir lancé une étude sur la possibilité d'approuver le budget indépendamment de la loi de règlement. Il envisage aussi une sortie de crise qui passerait par l'application de la grille des salaires en parallèle avec l'amendement de la loi 45 (sur les nouvelles taxations). Il faut dire que plusieurs pays occidentaux conseillent fortement aux forces politiques locales de préserver la stabilité du pays. Et ce à travers les discours et propos relayés par M. Macron et par nombre de responsables français au président Aoun lors de sa visite à Paris.

 

(Pour mémoire : Depuis l’hémicycle, Berry fait de l’ombre à Aoun...)

 

C'est peu avant l'élection présidentielle (le 17 octobre 2016) qu'avaient éclaté au grand jour les tiraillements entre les deux premiers pôles du pouvoir, observe-t-on dans les milieux du tandem Futur-FL. Le président du Parlement Nabih Berry et son bloc avaient alors voté blanc. M. Berry avait même lancé que « le grand match (avait) commencé », sans en dire plus sur la nature de ce match. À chaque étape, à chaque échéance, les divergences resurgissent, véhiculant des messages, nul n'ayant réussi à calmer les choses entre les deux parties. Preuve en est, Nabih Berry n'a encore jamais mis les pieds à Baabda pour la réunion hebdomadaire traditionnelle. Le désaccord ambiant entourant l'échelle des salaires et le budget n'a donc rien de technique. Il est politique par excellence.

La décision du CC a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, Aïn el-Tiné considérant que cette décision qui porte atteinte aux prérogatives du président de la Chambre et de l'institution parlementaire, et qui limite son rôle législatif, véhicule un message direct : « Le Parlement n'est pas souverain. Il est tenu de voter des taxes uniquement dans le cadre du budget. » Non seulement les députés chiites, mais Nabih Berry lui-même ont protesté contre la décision du CC. Le président de la Chambre a même soutenu que le CC n'a pas autorité à expliquer la Constitution, mais qu'il doit se contenter d'examiner les recours en invalidation et de se prononcer sur le caractère constitutionnel d'un dossier donné. Selon des sources parlementaires proches du président du Parlement, M. Berry n'a pas l'intention de laisser le champ libre à ceux qui tentent de porter atteinte à ses prérogatives ou au rôle législatif du Parlement. Il estime que le Parlement est souverain et invite le CC à prendre une position claire à ce sujet.

Certains observateurs soutiennent que le sexennat a tout intérêt à tourner la page financière, afin de relancer le chantier économique, d'attirer les investissements étrangers et de lutter contre la corruption. Il n'en reste pas moins que le dégel entre Michel Aoun et Nabih Berry ne va pas plus loin qu'un « accord a minima », estiment-ils. Quelques voix proches du tandem Futur-FL font en revanche part de leur étonnement concernant le rôle du Hezbollah. Un rôle de spectateur qui ne se soucie guère du profond désaccord qui sépare ses deux alliés et qui ne fait rien pour les réconcilier... Comme s'il en tirait quelque bénéfice.

 

 

Pour mémoire

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