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À La Une - conflit

Syrie: l'ONU surmonte ses divisions pour l'aide humanitaire

La résolution, rédigée par la Suède, le Japon et l'Egypte, prévoit un renouvellement de l'aide transfrontalière et à travers les lignes de front jusqu'au 10 janvier 2019.

Des infirmiers syriens soignent un garçon blessé par une frappe du régime du président Bachar el-Assad contre le quartier rebelle de Douma, le 17 décembre 2017. Photo AFP / Hamza Al-Ajweh

Le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé mardi d'un an une résolution autorisant l'acheminement à travers les frontières et les lignes de front en Syrie de l'aide humanitaire aux populations vivant dans les zones rebelles, malgré des réserves russes, chinoises et boliviennes.

La résolution a été adoptée par 12 voix pour et trois abstentions, celles de la Russie --premier allié de Damas--, la Chine et la Bolivie.

Pour l'ambassadeur suédois à l'ONU, Olaf Skoog, l'adoption du texte, sans veto brandi, est "une réalisation de taille" pour le Conseil de sécurité (15 membres). Il s'agit d'une "question de vie et de mort pour la population", a rappelé son homologue français, François Delattre.

Cette année, le dossier syrien avait jusqu'à présent plutôt divisé le Conseil de sécurité, avec parfois des veto de la Russie. Pour être adoptée, une résolution doit réunir au moins neuf voix et ne pas faire l'objet d'un veto de l'un des cinq membres permanents, parmi lesquels figurent Moscou et Pékin.

Environ 3 millions de personnes, sur quelque 13 millions concernées par une assistance dans toute la Syrie, bénéficient de l'aide apportée par l'ONU et les ONG aux populations vivant en zones rebelles, selon les Nations unies.
La résolution, rédigée par la Suède, le Japon et l'Egypte, prévoit un renouvellement de l'aide transfrontalière et à travers les lignes de front jusqu'au 10 janvier 2019. Suite à une demande de la Russie, elle réclame au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, "des recommandations sur la manière de renforcer le mécanisme de contrôle onusien" sur cette aide.

Le texte, qui "préserve le travail de l'ONU et des ONG", selon un diplomate, contient un nouvel appel à la levée de tous les sièges et une mention sur la Ghouta orientale située près de Damas. En novembre et début décembre, ce fief rebelle a été violemment bombardé par le régime, faisant des dizaines de morts.
Une mention des zones de désescalade, initiées par la Russie, est "très prudemment rédigée en étant présentée comme une étape vers un cessez-le-feu complet", selon la même source diplomatique.

 

(Lire aussi : Conflit syrien : passe d'armes entre Paris et Damas)

 

Situation 'catastrophique'
Les Occidentaux sont très soucieux de préserver l'ONU comme canal unique pour trouver une solution politique au conflit syrien et regardent avec beaucoup d'attention les efforts diplomatiques et militaires de la Russie qui pourraient à terme se traduire par un contournement des Nations unies.

"Il n'y a pas d'alternative au processus de l'ONU à Genève", a martelé mardi l'ambassadeur français.
La résolution qui permet aux convois de s'affranchir de toute autorisation du régime syrien n'est pas du goût de la Russie. Moscou juge qu'elle "porte atteinte à la souveraineté de la Syrie". La situation sur le terrain a "changé radicalement" depuis trois ans, a fait valoir l'ambassadeur adjoint russe à l'ONU, Vladimir Safronkov.

Lors des discussions, Moscou a réclamé un contrôle renforcé des cargaisons, de leur acheminement et destination. L'aide peut cacher la livraison d'armes, être revendue au marché noir, estime la Russie.
Les critiques russes sur la résolution de l'ONU sont intervenues alors que le président russe Vladimir Poutine considère avoir gagné la guerre contre le groupe jihadiste Etat islamique.

L'évolution sur le terrain "n'a pas fait diminuer les besoins humanitaires", a rétorqué mardi François Delattre, en évoquant une situation "catastrophique" à la Ghouta orientale.

Dans les échanges, les Occidentaux avaient aussi réclamé de ne "pas politiser ce sujet" alors que les discussions avec le régime et l'opposition se sont soldées par un échec à Genève.
La résolution sur l'acheminement transfrontalier et à travers les lignes de front de l'aide humanitaire en Syrie existe depuis 2014.

Si son échéance formelle est le 10 janvier, la présidence tournante du Conseil de sécurité, assurée en décembre par le Japon, avait oeuvré pour un vote dès cette semaine afin de ne pas rééditer le mélodrame du groupe d'enquêteurs internationaux sur les armes chimiques en Syrie, appelé JIM.
Ce groupe n'existe plus depuis novembre après une vaste offensive de Moscou, qui voulait changer sa mission. Au Conseil de sécurité, la discussion avait tourné jusqu'au dernier jour à l'affrontement avec de multiples veto russes.

 

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