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Économie - Finances

Retour de Hariri : les banques dressent un premier constat, apaisé

Pour le secteur, les conséquences de la crise gouvernementale ont été globalement maîtrisées.

Les signes d’apaisement sont déjà perceptibles depuis le retour de M. Hariri sur le territoire libanais le 21 novembre. Jamal Saïdi/Reuters

En officialisant mardi le retrait de sa démission, annoncé le 4 novembre depuis Riyad dans des circonstances qui ont fait débat, le Premier ministre Saad Hariri a mis fin à une période d'incertitude politique qui s'est répercutée sur la situation financière du pays et son secteur bancaire.

Les signes d'apaisement, déjà perceptibles depuis le retour de M. Hariri sur le territoire libanais le 21 novembre, semblent se confirmer aujourd'hui. « Les tensions se sont apaisées de façon significative au cours des dernières semaines et les marchés ont pratiquement retrouvé leur niveau d'avant-crise », note auprès de L'Orient-Le Jour le directeur du département de recherche de Bank Audi, Marwan Barakat.

 

Eurobonds et CDS
Un constat que confirme l'évolution des rendements des eurobonds – les obligations en devises émises par l'État. « Le rendement moyen, qui était passé de 6,20 % avant la démission à 7,76 % courant novembre, est redescendu à 6,74 % (hier) », précise M. Barakat –, le rendement de ces obligations augmente généralement au fur et à mesure que leurs prix baissent. « Il y a eu des pics à plus de 9 % dans certains cas courant novembre », complète le directeur du département de recherche du groupe Byblos Bank, Nassib Ghobril. Il rappelle toutefois que la majorité de ces obligations sont détenues par des banques libanaises. « Les eurobonds devraient retrouver un niveau proche de celui qu'ils avaient avant la crise avant fin décembre », estime de son côté le directeur du département de recherche de la BlomInvest, Marwan Mikhaël.

De fait, le risque qui pèse sur la solvabilité du Liban est aujourd'hui moins élevé, comme en témoignent l'évolution des Credit Default Swap (CDS, contrats qui couvrent contre le risque de défaut de l'État). « Le prix des CDS est passé de 475 points de base avant le 4 novembre pour atteindre un pic de 640 points, avant de se replier pour atteindre 525 points (hier) », résume M. Barakat. « Dans l'ensemble, les conséquences de cette crise ont été maîtrisées. En marge des événements des années 2000 (notamment pendant la guerre de juillet 2006), les CDS avaient dépassé la barre des 1 000 points », note M. Mikhaël.
La Bourse de Beyrouth (BSE) a également repris des couleurs depuis le retour du Premier ministre. « Après avoir perdu 6,1 % entre l'annonce de la démission et le 20 novembre pour atteindre son niveau le plus bas en douze ans, l'activité de la BSE a repris 2,4 % depuis, dans un marché peu performant », indique M. Barakat. « Les évolutions constatées sont davantage liées aux fluctuations de certains titres comme celui, entre autres, de Solidere – dont le cours dépend plus de l'actualité du Premier ministre que des performances de cette société immobilière fondée par son père, Rafic Hariri. La BSE n'est pas un marqueur très significatif », analyse de son côté M. Ghobril.

 

(Lire aussi dans le Commerce du Levant : La BDL défend la livre, coûte que coûte)

 

Conversion en dollars
Enfin la livre libanaise et les banques ont supporté la pression pendant la crise. « La livre n'a pas été menacée, parce que la Banque du Liban avait constitué assez de réserves en amont, notamment à travers ses opérations préventives. Il n'y a pas eu de pénurie de dollars », souligne M. Ghobril. En octobre, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait indiqué que les réserves de la Banque centrale avaient atteint 44,3 milliards de dollars, un record.

Ces réserves ont permis à la BDL de faire face aux opérations de conversions de livres en dollars réalisées par certains déposants anxieux courant novembre – des montants qui ont totalisé plus de 2,6 milliards de dollars depuis le 4 novembre, selon plusieurs sources bancaires anonymes. Ces dernières rappellent en outre que la BDL avait interdit le déblocage des dépôts à terme avant échéance pour gagner du temps. « La BDL a perdu 4 % de ses réserves de devises en novembre, qui ont atteint 41,9 milliards de dollars à la fin du même mois », rapporte de son côté M. Barakat. « Mais tous les dépôts convertis n'ont pas forcément été retirés du secteur bancaire. Il faudra attendre la publication des comptes de la BDL et des banques pour novembre avant de dresser un bilan définitif », nuance M. Mikhaël. Enfin, certaines banques ont été confrontées à une pénurie de livres qui les a contraintes à se fournir sur le marché interbancaire, dont les taux d'intérêt au jour le jour ont atteint 120 % avant le retour du Premier ministre, pour redescendre aux environs de 10 % hier, d'après M. Barakat. « Il faudrait qu'ils descendent à 4 % pour que l'on puisse parler de retour à la normale », considère M. Gobril. « La BDL a demandé aux banques de payer directement leurs achats de dollars au début de la crise, ce qui a favorisé cette situation », explique pour sa part M. Mikhaël. Près de 80 % des livres du secteur bancaire sont placées dans des instruments de dette publique, rappelle enfin Le Commerce du Levant dans son édition de décembre.

De fait, certains établissements ont proposé pendant quelques jours à leurs clients des taux d'intérêt exceptionnellement élevés – de 8 à parfois 12 % – sur des dépôts en livres à terme sur des périodes allant de 3 mois à un an. « La plupart de ces banques ont arrêté de le faire, mais le fait est que les taux d'intérêt sont globalement supérieurs à leur niveau habituel, ce qui n'est pas très positif pour l'économie », conclut M. Ghobril.

En officialisant mardi le retrait de sa démission, annoncé le 4 novembre depuis Riyad dans des circonstances qui ont fait débat, le Premier ministre Saad Hariri a mis fin à une période d'incertitude politique qui s'est répercutée sur la situation financière du pays et son secteur bancaire.
Les signes d'apaisement, déjà perceptibles depuis le retour de M. Hariri sur le territoire...

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