Le ministre saoudien des Affaires étrangères a accusé vendredi à Madrid le Hezbollah de prendre le Liban en otage, utilisant ses ports pour le trafic de drogue et ses banques pour blanchir l'argent.
"Il n'est pas possible qu'une milice armée opère en dehors du contrôle du gouvernement", a déclaré le ministre saoudien Adel al-Jubeir après une rencontre avec son homologue espagnol Alfonso Dastis. "Nous voyons le Hezbollah utiliser le système bancaire libanais pour blanchir de l'argent, les ports du pays pour le trafic de drogue, nous le voyons mener des activités terroristes et s'ingérer en Syrie, à Bahreïn et au Yémen", a-t-il affirmé.
Le 25 octobre, la Chambre des représentants des États-Unis avait adopté la proposition de loi intitulée Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act of 2017 (Hifpa 2017). Avec cette proposition de loi, les sanctions qui visaient les soutiens financiers du parti chiite dans le cadre de la loi actuelle (Hifpa 2015) seraient élargies à toute personne physique ou morale liée directement ou indirectement au Hezbollah ou à ses institutions affiliées. Elles viseraient aussi les organismes et États fournissant au parti des aides financières ou matérielles. Néanmoins, le président de l'Association des banques du Liban, Joseph Torbey, a affirmé avoir reçu des assurances de la part des Américains, selon lesquelles le secteur bancaire libanais n'était pas ciblé par ces nouvelles sanctions.
"Si le Hezbollah ne désarme pas et ne devient pas un parti (purement) politique, le Liban sera l'otage de cette milice et par extension de l'Iran. Ce n'est pas acceptable pour nous ni pour les Libanais", a ajouté le chef de la diplomatie saoudienne.
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"Contre la mise du Liban sous la coupe du Hezbollah"
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé sa démission surprise, le 4 novembre dernier depuis Riyad, dénonçant la mainmise du Hezbollah, qui fait partie du gouvernement, sur la vie politique au Liban. La démission de M. Hariri avait suscité des spéculations sur sa liberté de mouvement en Arabie et sur le fait que Riyad l'ait contraint à abandonner son poste. Le président libanais Michel Aoun a même déclaré qu'il le considérait "en captivité" en territoire saoudien. M. Hariri était attendu vendredi à Paris, où il doit être reçu par le président Emmanuel Macron samedi au palais de l'Elysée.
"Nous soutenons le Premier ministre Saad Hariri mais nous sommes contre la mise du Liban sous la coupe du Hezbollah", a déclaré M. Jubeir.
"L'Arabie saoudite a été un soutien permanent du Liban, de l'accord de Taëf et de toutes les résolutions internationales qui ont encouragé le retour du pays sur la scène diplomatique", a-t-il ajouté. Riyad est "l'un des principaux bailleurs de fonds du Liban", a encore affirmé M al-Jubeir, rappelant que de nombreux ressortissants saoudiens sont installés au Liban et que de nombreux hommes d'affaires libanais sont installés en Arabie saoudite.
La démission de M. Hariri a très rapidement été perçue comme un nouveau bras de fer entre Riyad et Téhéran qui s'opposent dans de nombreuses crises au Moyen-Orient : au Liban, mais aussi dans les guerres en Syrie et au Yémen. Selon plusieurs sources, Riyad cherche à faire condamner le Hezbollah lors de la réunion de la Ligue arabe, prévue dimanche.
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"Il n'est pas possible qu'une milice armée opère en dehors du contrôle du gouvernement", a déclaré le ministre saoudien Adel al-Jubeir après une rencontre avec son homologue espagnol...
commentaires (6)
C'est triste. Dire qu'il est arabe comme moi. Ils s'en mettent plein les poches. Dealers de coca et ils accusent. Les sujets abordés par ce saoudien sont vraiment bas de gamme.
wayzani jamal
16 h 45, le 18 novembre 2017