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Culture - Design

Quand deux créateurs déclinent à l’envi leur amour des sobias...

Marie-Lyne et Anthony Daher (MAD) ont décroché l'Object Award de la Beirut Design Fair pour leur version 2.0 du traditionnel poêle à bois.

MAD Architecture&Design offre une nouvelle interprétation formelle à cet objet traditionnel tout en optimisant ces performances énergétiques.

Savez-vous quelle est la différence entre un stouff, une sobia, un babour et un wjeik ? Aucune ! Toutes ces dénominations, qui diffèrent suivant les régions, s'appliquent en fait à un seul et même objet : le traditionnel poêle à bois. Cet élément central de chaque foyer libanais dans le passé, après être tombé en désuétude ces dernières décennies, est en passe de revenir au goût du jour. Et cela grâce à la version design qu'en a conçu un couple de jeunes architectes, Anthony Daher et Marie-Lyne Samaha.

Mêmes études d'architecture (lui est diplômé de l'USEK ; elle, cinq ans plus tard, de l'UL puis de l'École nationale supérieure de Versailles), même passion pour la nature et la vie en mode écolo, même rigueur dans le travail et... même style vestimentaire (épuré, très « chemise d'architecte » noire ou blanche), ils étaient faits pour se rencontrer, se marier... et fonder ensemble, en 2012, leur cabinet d'architecture MAD, à Amchit, avec pour ambition de concevoir « des projets d'architecture écologique et durable ». Cinq ans plus tard, les voilà qui remportent le prix du meilleur objet (Object Award) de la Beirut Design Fair 2017, pour leur stouff : une version « singulière et innovante » (dixit le jury), du traditionnel poêle à bois.

Pour ces (à peine) trentenaires, le stouff est plus qu'un simple élément de chauffage. « C'est un héritage culturel qui véhicule une idée de partage gourmand et de convivialité typiquement libanais », affirment-ils d'une même voix. D'où leur idée de le réhabiliter au moyen d'un design et d'une fonctionnalité améliorés et plus adaptés aux maisons modernes.

En fait, leur stouff reconfiguré est né d'un projet plus global de réaménagement du abou, d'une ancienne demeure à Annaya en studio d'habitation. « À la demande du client qui voulait garder au lieu un cachet libanais, nous avions privilégié dans la décoration des éléments de récupération réinterprétés dans un esprit actuel. Dans cet ordre d'idées, on ne pouvait pas incorporer une cheminée ou un banal chauffage central. Il nous fallait un poêle à bois. Sauf que ceux disponibles sur le marché n'étaient pas compatibles, ni par leur aspect ni par leurs spécifications, avec les exigences de l'aménagement contemporain. Nous avons donc décidé d'en concevoir un nous-mêmes », révèlent-ils. Et c'est là que l'aventure a commencé. Car, pour créer leur néo-stouff, il leur a fallu déconstruire des modèles anciens, mener des recherches, procéder à des expérimentations et, les adapter, au fur et à mesure de l'élaboration de prototypes...

 

 

Poêle acheté, arbre offert
Stimulé par les défis et les contraintes techniques, le duo a étudié le produit pour optimiser ses performances énergétiques. À cet effet, ils ont, par exemple, utilisé du fer de 5 mm, au lieu des 2 ou 3 mm habituels des poêles commercialisés, afin qu'il ne se déforme pas au bout d'un certain temps d'utilisation.
Et puis, outre le design extérieur en forme de boîte noire (ou blanche, rouge, gris métallique...), aux lignes angulaires et à la surface du plateau étirée, ils ont beaucoup retouché l'intérieur, dans un souci de maximisation de la combustion et d'optimisation du transfert de chaleur dans la pièce (avec un temps de refroidissement plus long). « Cela dans un souci d'économie de bois et de diminution de la pollution », signalent-ils.

Tout comme ils ont doté leur stouff de trois utilisations simultanées : à la fois source de chaleur, four à cuisson (à température stable de 170 °C) et cuisinière. « Nous ne voulions pas juste améliorer sa forme, mais également en augmenter les modalités dans un objectif écodurable et pérenne », indiquent ses concepteurs. Et à ceux qui leur font remarquer que ce moyen de chauffage n'est pas si « écologique », puisqu'il contribue à l'abattage des arbres, le couple assure qu'il a été pensé pour avoir une consommation de bois qui se réduit à l'équivalent d'un seul arbre pour toute la saison d'hiver en haute montagne. Sans compter que pour chaque stouff vendu, ces écolos engagés offrent un arbre d'une espèce endémique à planter : olivier, pin, cèdre ou chêne...

Les architectes, qui ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, se sont par ailleurs déjà attelés à la réalisation d'une version encore plus écostouff, « avec notamment des bûches en bois récupérées et/ou compressées ». Tout comme ils se préparent à attaquer un projet quasi futuriste : avec l'aide d'un ami physicien, ils tentent de fabriquer un poêle qui, non seulement sera technologiquement connecté à la chaudière du chauffage central, mais pourra également produire de l'électricité. « De quoi alimenter une lampe ou un chargeur de téléphone portable... », espèrent Marie-Lyne et Anthony Daher. Des designers pas comme les autres, aux idées assurément MAD.

Savez-vous quelle est la différence entre un stouff, une sobia, un babour et un wjeik ? Aucune ! Toutes ces dénominations, qui diffèrent suivant les régions, s'appliquent en fait à un seul et même objet : le traditionnel poêle à bois. Cet élément central de chaque foyer libanais dans le passé, après être tombé en désuétude ces dernières décennies, est en passe de revenir au...

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