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Liban - Mandat Aoun an I

Pour l’opposition, le pays est devenu otage du Hezbollah

Les critiques n'épargnent pas le chef du CPL, Gebran Bassil.

Michel Aoun, le 13e président de la République libanaise. AFP / PATRICK BAZ

Si le président de la République, Michel Aoun, se félicitait, lors d'une rencontre tenue lundi avec les médias à Baabda, des « accomplissements » de la première année de son sexennat, nombreuses sont les remarques de l'opposition sur ce plan, aussi bien au niveau stratégique qu'en ce qui concerne les dossiers des nominations et de la lutte contre la corruption.

Pour ces milieux, la ligne politique actuelle a transformé le pays en un État « otage du Hezbollah ». D'autant que le parti chiite a réussi, selon eux, à imposer ses propres conditions au pouvoir politique. On en veut pour preuve le dénouement de la bataille de « L'aube des jurds » d'août dernier. Il y a aussi l'attitude du chef de l'État qui assure « une sorte de couverture légitime » au parti de Hassan Nasrallah, à partir de son statut de président de la République.

Mais pour Boutros Harb, député de Batroun, il y a avant tout de graves atteintes à la Constitution qui ont marqué la première année du mandat. Il s'agit, bien entendu, de la non-tenue des élections partielles à Tripoli et au Kesrouan (pour élire les successeurs de Michel Aoun, Robert Fadel et Badr Wannous). « Il y a aussi le vote par le Parlement du budget 2017 sans comptes arrêtés, en violation de l'article 87 du texte constitutionnel, et contrairement aux positions affichées par le chef de l'État et son bloc parlementaire pendant une décennie », comme on peut lire dans un communiqué publié hier par M. Harb. Ce dernier fait référence à la campagne menée tambour battant par le CPL et ses alliés entre 2011 et 2016 sur la question des 11 milliards de dollars dépensés en plus des douzièmes provisoires sous les gouvernements Siniora (2006 à 2009).

Boutros Harb a de plus stigmatisé l'attitude du ministre des Affaires étrangères, chef du Courant patriotique libre et gendre de Michel Aoun, Gebran Bassil. « Un ministre proche du mandat attise les tensions communautaires et les haines. Il remue les couteaux dans les plaies, en portant notamment atteinte à la réconciliation druzo-chrétienne de la Montagne », souligne le texte, qui ajoute que le ministre concerné « commet toutes sortes d'atteintes aux prérogatives de ses collègues ».

S'il se félicite de la bataille des jurds, Boutros Harb dénonce « l'adoption par la présidence de la politique du Hezbollah et la justification de son arsenal », mettant en garde contre les retombées négatives de ces prises de position.

 

(Repère : Sexennat Aoun : Retour sur l'an I)

 

 

« Nous ne savons pas qui gouverne le pays »
C'est également à partir de ce point que Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth, dresse un bilan négatif de la première année du sexennat. Interrogé par L'Orient-Le Jour, M. Gemayel s'indigne de « la dualité flagrante entre le Hezbollah et la Constitution », ainsi qu'entre « la légitimité arabe et le projet iranien que représente le parti chiite ». « Tout cela mène le pays là où il ne veut pas et cela est dangereux », ajoute-t-il.

Tout comme Boutros Harb, Nadim Gemayel critique l'attitude de Gebran Bassil. Il fait même état d'une « autre dualité » entre le président Aoun d'un côté et le CPL et son chef de l'autre. « Nous ne savons pas qui gouverne le pays, est-ce M. Aoun ou le CPL », déplore le député de Beyrouth, qui estime que la première année du sexennat est celle du « clientélisme » et « du partage du gâteau » comme « l'ont montré les nominations administratives et judiciaires monochromes ».

Le président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Farès Souhaid, farouche opposant à la politique iranienne dans la région et aux alliés locaux de la République islamique, se veut encore plus clair.
À L'OLJ, il confie ne rien trouver de positif dans la première année du sexennat. « Tout ce dont se félicite le chef de l'État n'est que le résultat de l'abdication du pouvoir politique face aux conditions imposées par le Hezbollah », explique l'ancien député de Jbeil, avant de poursuivre : « À la faveur de cette logique, le danger essentiel qu'encourt le Liban, c'est qu'en cas d'attaque militaire ou financière contre le parti chiite (au moyen des sanctions américaines), c'est le pays dans son ensemble qui en paierait le prix. » Cela pousse M. Souhaid à dresser un constat fort et significatif : « Il n'y a plus de frontières entre la République libanaise et le mini-État du Hezbollah, dans la mesure où le pays tout entier est pris en otage par le parti chiite, d'autant que Michel Aoun lui assure la légitimité à partir de son poste de président de la République. »

Commentant la rencontre médiatique de lundi, Farès Souhaid fait valoir que « Michel Aoun s'est comporté comme un chef de parti, non comme président de la République ». Il en veut pour preuve le lien établi entre la stabilité du pays et l'accord de Mar Mikhaël, conclu en 2006 entre le parti chiite et le Courant patriotique libre. « Or, cette entente interpartisane n'engage que ceux qui l'on signée, et ne concerne aucunement tous les Libanais. »
Enfin, dans les milieux chiites hostiles au parti de Hassan Nasrallah, on se contente de reprocher aux forces politiques » qui se veulent souverainistes « de faire des concessions » inutiles « au profit du Hezbollah, « qui exerce son hégémonie sur le pays ».

 

 

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Si le président de la République, Michel Aoun, se félicitait, lors d'une rencontre tenue lundi avec les médias à Baabda, des « accomplissements » de la première année de son sexennat, nombreuses sont les remarques de l'opposition sur ce plan, aussi bien au niveau stratégique qu'en ce qui concerne les dossiers des nominations et de la lutte contre la corruption.
Pour ces milieux, la...

commentaires (10)

Un songe avant l'aurore ! Le film "Ali Baba et les 40 voleurs" (1954) avec Fernandel et Samia Gamal revient sur les écrans des cinémas de la place des Canons. Il sera projeté simultanément dans les salles suivantes : Empire, Majestic, Dunia, Schéhérazade, Roxy, Hollywood, Odéon, Familia, Cristal, Grand-Théâtre, Capitole, Opéra, Rio, Rivoli, Byblos et Rialto. C'était un songe avant l'aurore.

Un Libanais

16 h 43, le 01 novembre 2017

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Commentaires (10)

  • Un songe avant l'aurore ! Le film "Ali Baba et les 40 voleurs" (1954) avec Fernandel et Samia Gamal revient sur les écrans des cinémas de la place des Canons. Il sera projeté simultanément dans les salles suivantes : Empire, Majestic, Dunia, Schéhérazade, Roxy, Hollywood, Odéon, Familia, Cristal, Grand-Théâtre, Capitole, Opéra, Rio, Rivoli, Byblos et Rialto. C'était un songe avant l'aurore.

    Un Libanais

    16 h 43, le 01 novembre 2017

  • Pourquoi blâmer le libanais et le peuple libanais? À chaque fois qu'un vrai dirigeant patriotique libanais se pointe une main meurtrière le sort du circuit politique pour nous ramener vers la pagaille, vers la soumission et vers l'obscurantisme. depuis Fakhredine en passant par les victimes de la faim imposée par les Ottomans, les martyrs de toutes les classes de ce peuple, les présidents et hommes politiques assassinés, les journalistes et intellectuels, les étudiants etc... Et malgré tout le libanais se relève, avec peine, mais avec fermeté. Quelque soit le défi, qu on le nomme Israël, Iran, Syrie, hizbollah, milices et anarchie, le Liban se relèvera. Un autre millénaire passer peut être avant que la paix ne nous soit enfin acquise... Optimisme? Pessimisme? Non... C est tout simplement la réalité du Liban depuis des millénaires

    Wlek Sanferlou

    16 h 36, le 01 novembre 2017

  • Le general Aoun restera probablement dans l'histoire comme le Maréchal Pétain Libanais. Son alliance avec le Hezbollah pour arriver au pouvoir et essayer de sauver ce qui reste de cette 'Démocratie Confessionnelle' condamnée que nous subissons depuis 74 ans en restaurant certaines des institutions et relancer l'économie passe malheureusement, et comme toujours, par un mépris de la constitution et une institutionnalisation du Parti Religieux Chiite. Mais l'adoubement de 100'000 missiles offensifs déployés sur le sol Libanais sous commandement étranger, loins d'assurer la paix et la sécurité, vont être la cause d'une guerre qui est sans doute beaucoup plus proche que nous ne le pensons tous et qui aura des consequences terribles pour le Liban. Faut il encore une guerre dévastatrice pour que les Libanais prennent enfin conscience de la nécessité de s'unir dans la laïcité et prendre l'avenir de leur pays en main, au lieu de rester dans leurs divisions confessionnelles et de laisser la main au non-droit et à la corruption ?

    Mechelany Jacques

    12 h 36, le 01 novembre 2017

  • MDR et tout ceux qui vont en arabie saoudite s'aplatir devant les saudis et leur roi ! il y a toujours 2 poids et 2 mesures : les méchants qui sont pour l'Iran, et les bons ceux qui viennent chercher leurs ordres chez saoud , pays très démocratique comme chacun le sait

    Talaat Dominique

    12 h 26, le 01 novembre 2017

  • Elle existe cette opposition ? Qui peut s'opposer à HN , sa milice super armée, Aoun, dévoué, Berry, dévoué Geagea, dévoué, Joumblatt, spécialiste de veste retournée, et tous ces députés reconduits depuis des années , ils n'ont qu'un objectif : sauvegarder l'acquis !!! un PM, sans pouvoir, Une armée , en recomposition et manquant d'armes de qualité et capable de s'opposer au Hezbollah, la route de ce gouvernement n'est pas une route goudronnée, c'est une piste africaine, pleine de l'ornières, boueuse Ce petit pays est ingouvernable avec ces barons qui détiennent le pouvoir depuis des années, soudés à leur sièges la moindre opposition qui se manifestera, le Hezbollah la fera taire Le povoir, ce n'est pas Aoun , ni Hariri, c'est HN

    FAKHOURI

    12 h 22, le 01 novembre 2017

  • TOUT -CE- DONT SE FELICITE LE CHEF D,ETAT N,EST QUE LE RESULTAT ETC... N,EST-CE PAS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 01 novembre 2017

  • C tres drole non ? lire et entendre dire OPPOSITION ! mais de qui parle t on la ? des kataeb et boutros? meme joumblat semble pret a se mettre au lit avec les aounistes.

    Gaby SIOUFI

    09 h 28, le 01 novembre 2017

  • J'Y SUIS...J'Y RESTE ! sur mon fauteuil présidentiel bien à l'abri dans ma bulle. Le Liban peut crouler sous les catastrophes de toutes sortes, être mené par un parti d'obédience iranienne sous couvert de "résistance"...mais tant que je suis dans mon fauteuil présidentiel...tout va bien !!! Je donne des conférences de presse le visage tout sourire...je me balade de gauche à droite...vous voyez, tout va bien dans le meilleur des mondes libanais !!! Irène Saïd Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 21, le 01 novembre 2017

  • BON REVEIL MESSIEURS ! LE PAYS EST OTAGE DU HEZBOLLAH ... MAIS IL L,EST DEVENU A CAUSE DE L,HEBETUDE ET DE L,IRRESPONSABILITE QUI VOUS FRAPPENT A VOUS TOUS ! ET SPECIALEMENT L,ELEMENT CHRETIEN QUI S,AUTO-DETRUIT PAR SES DIVISIONS ET CONFLITS INTESTINS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 01 novembre 2017

  • Violations à répétition de la Constitution, magouilles dans les dossiers des ordures, du pétrole et de l'électricité, omnipotence du Hezbollah: en somme, "plus ça change, plus c'est toujours la même chose"!

    Yves Prevost

    06 h 39, le 01 novembre 2017

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