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Liban - Baabda

Aoun dédouane le Hezbollah, même sur la Syrie...

Le président de la République, hier, au cours de l’entretien télévisé. Photo Dalati et Nohra

Le tour d'horizon de la première année du mandat du président Michel Aoun a fait l'objet d'échanges de près de deux heures, retransmis en direct hier soir, entre le chef de l'État et les directeurs des informations politiques des huit chaînes télévisées libanaises.

Outre l'énumération faite par le président, ou parfois les journalistes eux-mêmes, des projets accomplis (réforme électorale, nominations sécuritaires et diplomatiques, relance du Conseil économique et social, mise sur les rails du dossier du pétrole...), deux prises de position sur le plan stratégique sont à relever : la première lie la question des armes du Hezbollah aux conflits du Moyen-Orient et se fonde sur l'impossibilité de renforcer l'armée, jusqu'à nouvel ordre. La seconde, relative à la position du Liban par rapport au conflit arabo-iranien, porte une adhésion à peine voilée aux récents propos du président iranien. Aussi bien la première que la seconde sont formulées au nom de la politique de distanciation.

D'abord, sur la possibilité de rendre à l'armée son monopole de la force, le président s'est prononcé avec un scepticisme dû « à des raisons externes et internes ». Sur le plan interne, « il y a un manque matériel et un déficit budgétaire qui nous empêchent d'équiper l'armée de manière à l'habiliter à protéger le Liban au niveau interne et externe. Et cela, en dépit de certaines donations récentes en armes en provenance des États-Unis, qui nous ont permis de mener la bataille dans la montagne (de Hermel et Ras Baalbeck, NDLR) ». Il répondra du reste par la négative à la question de savoir si les États-Unis ont établi une base militaire à Hamat, dans la Békaa.
Et d'écarter, en réponse à une question, l'option d'un lobbying diplomatique qui aboutirait à accroître l'aide à l'armée. « Toute affaire étrangère n'est une garantie pour personne. L'homme est sa propre garantie par ses propres moyens. Aucune protection étrangère ne s'est avérée bénéfique pour nous », a-t-il affirmé.

Le problème externe justifiant le port des armes par le Hezbollah se résumerait, lui, aux « problèmes au Moyen-Orient, dont nous ne sommes pas responsables ». C'est pourquoi le Liban est jusqu'à ce jour dans l'incapacité de récupérer l'ensemble de ses territoires occupés ni de trouver une issue au problème des réfugiés palestiniens « bloqué jusqu'à ce jour », a précisé Michel Aoun. Déplorant le fait que c'est le Liban qui a toujours été l'agressé, et Israël l'agresseur, il a rapporté « les craintes de nouvelles agressions que vivent les villages frontaliers ».

En attendant que la question des armes du Hezbollah soit réglée simultanément à « la résolution des problèmes du Moyen-Orient », le chef de l'État a dit tabler sur « trois documents garants de la stabilité interne, qui limitent les actions armées à l'intérieur et concernent les armes du Hezbollah » : la résolution 1701 pour laquelle le Liban et, selon lui, le Hezbollah sont engagés ; l'accord de Mar Mikhaël conclu en 2006 entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre ; et enfin la déclaration ministérielle.
Et de clore ce volet sur un point récurrent dans l'interview : « Notre plus grande force est de préserver l'équilibre national » et de le faire en écartant les questions « qui dépassent nos frontières ». Mais même au-delà des frontières libanaises, il n'a pas tenu le Hezbollah pour « responsable » dans les conflits dans lesquels il s'est engagé. « Le Hezbollah n'est pas responsable des conflits à l'extérieur », a-t-il dit, en arguant du nombre élevé de pays impliqués par exemple sur le terrain syrien.

 

(Lire aussi : Harb à « L’OLJ » : Bassil se comporte avec les émigrés de manière discrétionnaire)

 

Interrogé ensuite sur le retrait des investisseurs arabes du marché libanais à cause de l'influence grandissante du Hezbollah, Michel Aoun a choisi de répondre « en toute franchise » aux Saoudiens, sans les nommer : « Nous les comprenons et eux nous comprennent. Qui plus est, nous ne pouvons donner plus que ce que nous donnons. Nous ne pouvons renoncer à notre unité nationale. » « N'est-ce pas là une couverture au Hezbollah ? » lui a demandé alors un journaliste. « Je ne couvre personne, je ne fais que couvrir l'unité nationale. Le modus vivendi qui règne sur le pays veut que personne ne lève la main sur personne et que nous vivions ainsi en paix (...). J'ai dit aux pays arabes lors du dernier sommet que je me joindrai à eux s'ils adoptent une démarche de paix, non de guerre. » Il a en outre démenti l'existence de correspondances directes entre le ministère des Affaires étrangères et le gouvernement des Émirats pour lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban. « Nous avons adressé des réassurances à tous les États arabes, par le biais de leurs ambassadeurs : nous ne réglons pas nos comptes politiques en commettant des agressions sur notre territoire. » Il ne précise pas de quels « comptes politiques » il s'agit.

Un journaliste lui demandera ensuite de définir la politique de distanciation : est-elle une distanciation par rapport aux intérêts arabes ? Michel Aoun répond : « Les Arabes se disent tous frères et nous ne pouvons prendre parti avec l'un contre l'autre », a-t-il dit, en mettant en doute leur solidarité. « Tous les Arabes sont-ils contre l'Iran ? » Une remarque qui n'est pas sans valoriser le Qatar, dont il cite d'ailleurs l'ancien ministre, cheikh Hamad ben Jassem, pour mettre en doute le choix de recourir à un appui étranger.

En contrepartie, il a fait remarquer que « l'Iran a une présence au Moyen-Orient qu'il nous faut aussi prendre en compte ». Prié de commenter les récentes déclarations du président iranien Hassan Rohani, qui s'était vanté de l'influence croissante de Téhéran dans plusieurs pays de la région, dont le Liban, le chef de l'État a dit « ne pas sentir qu'une pression se dégageait de ces propos ». « L'Iran n'est-il pas présent dans toutes les solutions qu'on cherche à trouver aux conflits de la région ? N'a-t-il pas une influence sur les discussions entre les protagonistes du conflit syrien à Astana et à Genève ? » a-t-il demandé, se faisant presque l'écho de son homologue iranien.

Plus prudent sur la question des relations avec Damas, il a estimé qu'une normalisation en vue d'assurer le retour des déplacés exigerait « une volonté aujourd'hui inexistante et une prise de contact politique pour l'instant improbable (...) même si nos relations avec la Syrie sont maintenues au niveau diplomatique ». Il a démenti par un « non » ferme les allers-retours en catimini du ministre Pierre Raffoul à Damas. Il a toutefois confirmé implicitement les propos d'un journaliste sur les efforts du Premier ministre auprès de Moscou pour sécuriser le retour d'une partie des déplacés vers des zones de désescalade en Syrie.
S'agissant des nouvelles sanctions américaines contre le Hezbollah, il s'est contenté de dire qu' « elles n'auront pas plus d'effet que les précédentes ».

 

 

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Le tour d'horizon de la première année du mandat du président Michel Aoun a fait l'objet d'échanges de près de deux heures, retransmis en direct hier soir, entre le chef de l'État et les directeurs des informations politiques des huit chaînes télévisées libanaises.
Outre l'énumération faite par le président, ou parfois les journalistes eux-mêmes, des projets accomplis (réforme...

commentaires (13)

Mr. Aoun a peur de faire la fin de Raffic Harriri , maintenant ils sont trois : Hezbollah, Syrie et l'Iran . Pauvre Liban ...

Eleni Caridopoulou

21 h 18, le 31 octobre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Mr. Aoun a peur de faire la fin de Raffic Harriri , maintenant ils sont trois : Hezbollah, Syrie et l'Iran . Pauvre Liban ...

    Eleni Caridopoulou

    21 h 18, le 31 octobre 2017

  • S'il te plaît Bachir. .. Reviens...

    Oscar

    13 h 46, le 31 octobre 2017

  • Monsieur le Président, Votre bilan est un mélange d'autosatisfaction et de sauvegarde de vos intérêts avec le Hezbollah. Vous faites une grave erreur de négliger l"Arabie Saoudite et les pays arabes du Golfe. Et le FL est dans les choux , c'était à prévoir. Avec toute cette autosatisfaction, qu'en est-il des problème du pays : - distribution de l'électricité et de l'eau - les ordure ménagères - la situation économique du pays - de l'armée libanaise - la recherche pétrolière - le désarment du Hezbollah - le TSL endormi Les libanais ont besoin d'un président qui se soucie d'eux, pas du Hezbollah ni de l'Iran Votre bilan annuel est nul, voire négatif Rien ne bouge, du bla bla politique seulement Qu'attendez vous pour faire désarmer le Hezbollah et éviter une nouvelle guerre ruineuse avec de nombreux civils libanais qui vont mourir pour la folie de l'Iran, l'ambition de HN, la survie d'une milice illégale ? Le Hezbollah doit remettre ses armes à l'armée. Qu'attendez vous pour vous éloigner de ces mercenaires au service d'un pays qui n'est pas arabe? Qu'attendez vous pour ordonner à HN de faire rentrer les libanais qui se battent au pays ? Qu'attendez vous pour vous distancer définitivement de la Syrie ? Qu'attendez vous pour déclarer l'indépendance du Liban, et de votre insoumission à un pays étranger via le Hezbollah ?

    FAKHOURI

    12 h 24, le 31 octobre 2017

  • C'est inodore, incolore et sans saveur. C'est un disque 78t "His Master's Voice" (La voix de son Maître). Hier, son gendre n'a pas dit autre chose : "La marche de la libération et du départ de la République forte avait commencé il y a un an par l'arrivée du général Aoun et ne cessera que par l'éradication de la corruption et l'édification de l'Etat" (sic). Les prolétaires de tous les pays disaient la même chose de Staline.

    Un Libanais

    11 h 53, le 31 octobre 2017

  • A tout seigneur tout honneur. Bonne fete president aoun. Bon voila devoir de politesse accompli. conclusions CONFIRMEES a tirer - pour moi rien de nouveau : a-- Notre Liban s'est OFFICIELLEMENT declare en Guerre contre l'envahissuer israelien - ce tant qu'ils ne remettent aux palestiniens leurs terres d'avant 1967 . PS. a moins qu'on ne recule la date pour revenir a 1948 ? b-- Hezb est OFFICIELLEMENT declare ANGE GARDIEN de Notre Liban, ET bien entendu ses patrons persans, khameneistes et autres wilayat al fakihistes... c-- Les qqs lois passees - qui devaient justement l'etre bien avant aoun president sachant qu'il etait au pouvoir depuis 2005 - sont OFFICIELLEMENT declarees ACCOMPLISSEMENTS HISTORIQUES- allez savoir pourquoi - d-- Toutes critiques et autres geremiades sont dorenavant OFFICIELLEMENT declarees INUTILES.

    Gaby SIOUFI

    11 h 35, le 31 octobre 2017

  • Le Liban baigne toujours dans un flou total face aux tribus confessionnelles diverses qui le gouvernent .

    Antoine Sabbagha

    08 h 50, le 31 octobre 2017

  • La situation économique est catastrophique, tout est à l'arrêt, nos problèmes urgents jamais vraiment résolus ! Mais pour Papi Michel Aoun, le chef de notre Etat...dans sa bulle, bien câlé dans son fauteuil présidentiel, tout va bien ! L'Iran, la Syrie et le Hezbollah, ceux qui lui ont assuré ce fauteuil...faut seulement qu'il obéisse fidèlement à leurs ordres...et tout ira bien ! Le Liban,en tant que Nation indépendante et souveraine, pour le moment cela ne le concerne pas trop, malgré toutes ses belles paroles-paravent débitées hier soir ! Pauvre Liban, géré par de tels "responsables" ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 28, le 31 octobre 2017

  • DES GAFFES TOUT LE MONDE EN COMMET MAIS LORSQU,ELLES SONT EN SERIE C,EST UN MALHEUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 21, le 31 octobre 2017

  • Il appartient au Dr Samir Geagea de nous expliquer les propos du président Michel Aoun. Après tout, c'est son candidat, c'est lui qui l'a imposé à la tête de l'Etat au nom de la "force" du camp chrétien.

    COURBAN Antoine

    07 h 43, le 31 octobre 2017

  • Il est exact que "Aucune protection étrangère ne s'est avérée bénéfique pour nous", du moins à long terme. C'st pourquoi, il est vain - et les événements l'ont abondamment montré - de se reposer sur la "protection " d'une milice iranienne. le Liban n'a peut-être pas les moyens financiers de renforcer son armée, mais si le Hezbollah lui remettait ne serait-ce que le /10 de son armement, elle serait suffisamment forte pour défendre efficacement le pays. Le Hezbollah b'est pas responsable du déclenchement des conflits dans la région, certes, mais de son implication. Qu'allait-il faire dans cette galère? S'il faut attendre le règlement de tous les problèmes du P-O pour désarmer le Hezbollah, la restauration de la souveraineté nationale est reportée à la St Glinglin! Enfin, tout le monde sait que le problèmes des quelques km2 occupés par Israël n'est pas militaire, mais diplomatique, et qu'il ne peut être réglé que par la signature de la Syrie au bas d'un traité frontalier.

    Yves Prevost

    06 h 43, le 31 octobre 2017

  • Un président de loin beaucoup moins fort que prévu et craignant le Hezbollah et son influence sur le pays. Où est le GMA que l'on avait connu, devenu président, il a complètement changé. C'est bien dommage. Le problème du Liban, c'est d'avoir toujours eu depuis 1974, des présidents faibles et incapables d'édifier un vrai Etat, à part le martyr B. Gemayel.

    Achkar Carlos

    06 h 36, le 31 octobre 2017

  • Chassez le naturel...... On a essaye de croire qu il serait un president neutre ,mais les illusions ne peuvent pas durer longtemps

    Lina Daher

    05 h 54, le 31 octobre 2017

  • Qui plus est, nous ne pouvons donner plus que ce que nous donnons. Nous ne pouvons renoncer à notre unité nationale. » « N'est-ce pas là une couverture au Hezbollah ? » lui a demandé alors un journaliste Monsieur le president, donc c'est par la menace et la force qu'ils renoncerons eux aussi en a l'unite nationale dans le cas ou vous soutenez l'Arabie saoudite qui elle enfin le GCC subvient a pres de 400000 libanais qui eux font vivre pres de 400000 familles si on prend juste une moyenne de 3 par famille sous la charge d'un parent au GCC cela fait de 1 200 000 libanais (es) soit pres du quart de la population dépendant directement du GCC et cela sans compter les transferts d'argent au liban ... dite moi Mr le President est ce que cela vaut la peine de froisser l'arabie saoudite? juste pour ne pas froisser l'iran ? qui s'était vanté de l'influence croissante de Téhéran dans plusieurs pays de la région, dont le Liban, le chef de l'État a dit « ne pas sentir qu'une pression se dégageait de ces propos ». « L'Iran n'est-il pas présent dans toutes les solutions qu'on cherche à trouver aux conflits de la région ? Effectivement Mr le President vous avez raison et peut on vous demander comment cela se fait il? un pays qui n'a rien d'arabe (qui au contraire occupa se territoire voila des centaine d'annee) mais par quel levier peut elle avoir pour justement influancer sur les decisions arabes !? Merci Mr le President d'avoir aussi clair que ca, maintenant nous savons

    Bery tus

    02 h 10, le 31 octobre 2017

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