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Culture - À l’affiche

« Human Flow », un (r)appel à l’humanité signé Ai Weiwei

En deux heures et demie de documentaire, l'artiste chinois aux œuvres controversées dresse un portrait mondial de la crise migratoire.

« Human Flow », de Ai Weiwei, un travail phénoménal et des images impressionnantes.

Human Flow, une production germano-américaine coproduite par Ai Weiwei lui-même, est le premier « vrai » film de cet artiste persécuté par les autorités chinoises et devenu une des stars mondiales de l'art contemporain postmoderne. Si le survol de certains chapitres du gros dossier de la crise migratoire donne un aspect quelque peu désincarné au documentaire, Ai Weiwei n'en pose pas moins un regard brûlant sur la situation dramatique des réfugiés. Images vertigineuses, poèmes chinois, turcs ou syriens, et titres de la presse européenne... Ai Weiwei use de toute sa créativité en tant qu'artiste contemporain pour aborder de manière nouvelle et originale un problème au cœur de l'actualité.

Plus de 200 collaborateurs
Le sujet de son documentaire Human Flow, à savoir les crises migratoires, est au cœur de l'actualité depuis quelques années déjà, traité, vu et revu sous de multiples formes. L'artiste tente cependant, à travers son film, d'aller au plus près du cœur de la question et de comprendre, tout en évoquant chaque aspect de la crise, ce phénomène qui transforme 60 millions de personnes de la planète en déplacés.

Si le pari de faire de ce film une piqûre de rappel urgente sur ce dossier est gagné par Ai Weiwei, notamment grâce à la force de ses images, l'intensité de certains témoignages et le portrait déplorable de la misère dans laquelle vivent ces personnes déplacées, la volonté du réalisateur de vouloir tout aborder donne parfois un effet de survol et de légèreté (dans le sens d'un manque de profondeur) à certaines parties. En effet, pour sa première œuvre cinématographique, l'artiste a vu les choses en grand, même peut-être trop grand. Avec son drone, il nous fait voyager dans vingt-trois pays, pour y rencontrer un nombre incalculable de sources, mais aussi y enregistrer une tonne d'informations, de chiffres, de faits et de citations. À l'image de la grandeur de son film (spécialement long), Ai Weiwei a mobilisé une équipe de 200 collaborateurs dont douze opérateurs et plusieurs monteurs pour travailler sur quelque mille heures de rush.

 

Artisan ou artiste de l'image ?
Sans personnages, sans récit, ni voix off, cet enchaînement d'informations brutes et de témoignages au caractère presque trop sincère fait moins penser à l'œuvre d'un réalisateur qu'à celle d'un artiste mettant en image de manière très conceptuelle un problème très réel. Gardant une certaine poésie, Ai Weiwei fait ses premiers pas dans le cinéma en restant l'artiste controversé qu'il a toujours été. De manière très honnête et humaine, l'auteur met sensiblement le doigt sur un besoin urgent d'humanité, dressant le portrait de ces millions de réfugiés forcés de quitter leur maison, menacés par la violence extrême – environnementale ou guerrière – de leur pays. L'artiste chinois n'hésite pas non plus à rappeler le caractère lourdement politique de cette crise. Invoquant la responsabilité de l'Europe quant à la misère de ces camps qui gisent à sa porte, Ai Weiwei rappelle les valeurs fondamentales desquelles l'Union européenne est née, telles que le droit d'asile, et le principe d'un espace aux frontières ouvertes.

Par des images de flots impressionnants de gens qui se déplacent, en mer ou sur la route, qui ont le don de déranger, d'émouvoir et même d'effrayer, Human Flow montre au public l'énormité d'une situation qu'il est nécessaire, selon lui, d'accepter aujourd'hui, et non d'endiguer en construisant des murs et en fermant les frontières.

 

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Human Flow, une production germano-américaine coproduite par Ai Weiwei lui-même, est le premier « vrai » film de cet artiste persécuté par les autorités chinoises et devenu une des stars mondiales de l'art contemporain postmoderne. Si le survol de certains chapitres du gros dossier de la crise migratoire donne un aspect quelque peu désincarné au documentaire, Ai Weiwei n'en pose pas...

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