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Liban - Déchets ménagers

Nouveau plan du ministère de l’Environnement pour les déchets : faire du neuf avec de l’ancien ?

Le texte devrait être débattu en Conseil des ministres, ou, dans un autre cas de figure, au sein de la commission ministérielle chargée du dossier.

Un ouvrier devant les ballots de papiers à recycler, dans l’usine Solicar au Liban. Le ministère évoque la nécessité d’améliorer les capacités de tri et de recyclage, notamment dans les usines de l’État. Photo Louis Witter/archives

Face au risque de voir se renouveler la crise des déchets qui avaient inondé les rues de Beyrouth et du Mont-Liban en 2015, le ministère de l'Environnement a présenté, en août, un plan exécutif faisant suite à une « politique de gestion des déchets » qu'il avait déjà soumise au secrétariat du Conseil des ministres en juillet. Alors qu'il est désormais connu que les deux décharges côtières de Costa Brava et de Bourj Hammoud ne desserviront pas les régions au-delà de quelques mois (respectivement huit et onze mois selon le président de la commission de l'Environnement, Akram Chehayeb, 13 et 16 mois selon le ministère), les autorités peinent à trouver des alternatives qui rompent réellement avec la gestion (inefficace) des dernières années.

Le plan présenté par le ministère de l'Environnement et remis, par le secrétariat du Conseil, aux ministères concernés pour qu'ils y apposent leurs remarques sera débattu par le Conseil des ministres incessamment.
Sur quoi se fonde ce plan ? Celui-ci se compose de mesures immédiates et préventives, doublées d'une « vision générale pour un plan durable ». Le texte cite à de nombreuses reprises « la réduction du volume des déchets », recommandant des mesures bien connues comme l'amélioration des capacités de tri et de compostage dans les usines existantes à Beyrouth et au Mont-Liban, la taxation de produits comme les sacs en plastique, l'amélioration de la qualité des recyclables et du compost...

 

(Lire aussi : Bras de fer engagé entre les habitants de Medawar et la municipalité)

 

En vue de réduire le volume des déchets inertes (ceux qui restent après le tri, le recyclage et le compost), le plan du ministère évoque particulièrement la technique du RDF (« Refused Derived Fuel », ou combustible dérivé des déchets), suggérant qu'on « s'en débarrasse par la combustion dans les cimenteries ». Étant donné que tous les déchets ne peuvent être transformés en RDF, le plan du ministère propose d'enfouir le reste soit dans des carrières désaffectées, soit... dans la décharge de Naamé (fermée officiellement depuis 2016) et celle de Bsalim (qui accueille depuis des années des déchets totalement inertes).

Rappelons que la première fermeture de la décharge de Naamé, qui a desservi Beyrouth et le Mont-Liban durant vingt ans et suscitait une colère grandissante de la part des riverains, était à l'origine de la mémorable crise des déchets de 2015. Le ministère, dans son texte, propose d'y aménager une nouvelle cellule dont il définit l'emplacement. Pour Bsalim, le texte précise que les déchets envoyés là-bas doivent rester exempts de toute pollution « étant donné la nature délicate de cet endroit ».
En cas d'impossibilité de recourir à Naamé, le ministère rouvre une autre porte que l'on croyait fermée : celle de l'aménagement d'une décharge doublée de centres de tri et de compostage dans la région de Srar, au Akkar. Bien que Srar compte effectivement une décharge sauvage, cette proposition avait, en septembre 2015 (premier plan de la commission Chehayeb), suscité une véritable révolte de la part des habitants du Akkar.

 

(Lire aussi : Déchets : Ramco remplacerait Sukleen à Beyrouth)

 

« Pas de méthodologie claire »
À quoi rime la reprise d'anciennes propositions qui avaient mené à des échecs ? Nous avons en vain tenté de joindre le ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib, hier. Des observateurs qui ont requis l'anonymat s'interrogent sur les raisons de ce geste, se demandant si c'est un statu quo appelé à régner en vue de pousser la population à accepter, une nouvelle fois, des solutions toutes prêtes.

L'expert Naji Kodeih, collaborateur au site internet « greenarea.me » (qui, le premier, a soulevé la question de ce nouveau plan ministériel), estime pour sa part qu'il s'agit « d'un prolongement des politiques qui ont été à l'origine de la crise des déchets, à peine recouvert d'un vernis de bonnes intentions et de mots habiles ». À L'OLJ, il souligne que « le plan est un concentré d'idées, bonnes en soi, mais ne suivant aucune méthodologie logique, d'autant plus qu'elles ne sont pas sous-tendues par une vision claire ». « Le plus important est de savoir ce qu'on compte faire des déchets, poursuit l'expert. Est-ce qu'il s'agit juste de nuisances dont il faut se débarrasser, ou d'une matière première dont il faut tirer une valeur ajoutée ? »
Naji Kodeih s'attarde sur la proposition de RDF, « positive en soi » mais mal intégrée dans l'ensemble du plan. Selon lui, « il ne suffit pas de dire qu'on peut équiper des usines existantes d'équipements de création de RDF ». « Le RDF est une industrie à part entière, avec des normes, des garde-fous et des exigences de qualité afin que le produit fini soit vendable et non qu'on s'en déleste à la légère, dit-il. Et ce combustible solide ne peut être utilisé dans tout type d'industrie. Au Liban, il s'agira uniquement des cimenteries, étant donné l'absence de centrales au charbon. Or, qui va mettre au point ces normes ? »

L'expert se dit par ailleurs très déçu des propositions d'enfouissement dans les carrières désaffectées « alors que personne ne sait quelles en sont les conséquences sur le milieu naturel ». En ce qui concerne les propositions de sites refusés précédemment, il se dit « désespéré de ne constater un quelconque progrès dans ce système dont ne profitent que les mafias habituelles ».

À savoir que, dans son texte sur la politique de gestion des déchets (finalisé en juillet), le ministère ne se prononce contre aucune technologie en particulier, insistant surtout sur « le respect des normes ». Il évoque la décentralisation de la gestion des déchets, le droit des municipalités à toucher leurs dus, la nécessité de compter sur des solutions multiples plutôt que sur une seule...

 

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commentaires (2)

BIZARRE PLAN QUI PROPOSE D,ENFOUIR DES DECHETS DANS LES CARRIERES ! ET DE BRULER D,AUTRES DANS LES CIMENTERIES ! DES PROPOSITIONS PROVISOIRES ET MALSAINES AU LIEU DE DECISIONS RADICALES POUR LE PROBLEME DES DECHETS...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 29, le 06 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • BIZARRE PLAN QUI PROPOSE D,ENFOUIR DES DECHETS DANS LES CARRIERES ! ET DE BRULER D,AUTRES DANS LES CIMENTERIES ! DES PROPOSITIONS PROVISOIRES ET MALSAINES AU LIEU DE DECISIONS RADICALES POUR LE PROBLEME DES DECHETS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 29, le 06 septembre 2017

  • Quelqu'un peut-il nous expliquer pourquoi les voies publiques sont TELLEMENT SALES depuis quelques temps????

    NAUFAL SORAYA

    07 h 26, le 06 septembre 2017

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