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Liban - Interview

Jean-Marie Bockel : Le dialogue est nécessaire pour un retour important des réfugiés

Le sénateur français était en tournée cette semaine au Liban, où il a rencontré de nombreux responsables pour discuter entre autres des déplacés syriens et des chrétiens d'Orient.

Jean-Marie Bockel : « La pérennité de la présence des chrétiens d’Orient ne sera possible qu’à certaines conditions politiques. »

Pour le sénateur français Jean-Marie Bockel, la visite au Liban, cette semaine, a été une occasion de discuter avec de hauts responsables, notamment le président de la République Michel Aoun, le patriarche maronite Béchara Raï, ou encore le mufti de la République Abdellatif Deriane, du problème des réfugiés syriens et d'autres sujets. À L'Orient-Le Jour il déclare avoir été sensibilisé très tôt à cette problématique et prône le dialogue pour assurer un retour massif de ces réfugiés dans des conditions favorables et sûres.
Jean-Marie Bockel a été plusieurs fois ministre et il est membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Nous l'avons rencontré à Beyrouth en présence de Gustave Fayard, ancien candidat aux législatives françaises, et d'Ahmad Rifaï, conseiller auprès de l'Union des démocrates et indépendants (UDI).

La visite du parlementaire français a coïncidé avec l'opération réussie de l'armée libanaise contre Daech dans le jurd, alors que l'organisation terroriste vient de frapper au cœur de l'Europe, en Espagne. « Je considère que cette opération militaire est "historique", et je l'ai dit au président de la République, affirme M. Bockel. Je ressens une très grande satisfaction à plus d'un titre : c'est une importante victoire contre Daech. Sur un plan politique, c'est un moment d'unité contre un ennemi commun. Politiquement, une telle opération n'aurait pas été envisageable il y a quelque temps, ce qui montre bien que le Liban semble avoir franchi une étape. »

Pense-t-il qu'il y aura un rôle grandissant de la France dans le soutien à l'armée libanaise qui mène ce combat en première ligne ? « Avant de parler de soutien, il faut rappeler que la France aujourd'hui est le pays européen qui est encore dans la capacité de faire la guerre quand c'est nécessaire, même s'il prône la paix, répond le sénateur. Nous assumons pleinement ce rôle de leadership européen à ce sujet, mais aussi de par notre statut de membre permanent au Conseil de sécurité. Pour ce qui est de l'aide, nous ne prétendons pas avoir les moyens des Américains, et, quand ceux-ci aident l'armée libanaise, on ne peut que s'en réjouir. Pour ma part, je serai personnellement favorable au renforcement des échanges en matière de formation pointue au bénéfice des différents types de force, surtout pour une armée aussi professionnelle que l'armée libanaise. »

 

(Lire aussi : Guterres : Le retour des réfugiés syriens doit être volontaire)

 

Un retour sous conditions
Interrogé sur l'angle sous lequel il a abordé le sujet des réfugiés syriens avec les responsables libanais, M. Bockel affirme qu'il faut soutenir l'idée de leur retour au pays. « Mon sentiment après tous ces contacts, c'est que personne au Liban ne trouve la réponse actuelle des Nations unies très satisfaisante », dit-il.

Le parlementaire, qui, en tant que membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a préparé deux rapports sur les réfugiés syriens en 2013 et 2015, affirme que « le retour des réfugiés n'est plus théorique puisque la situation change déjà en Syrie ». Il ajoute : « Mais, sur un plan politique, ce retour des réfugiés implique beaucoup de choses : si ça doit être une démarche massive, importante, il faut savoir vers quelles régions ces personnes vont se diriger, dans quelles conditions, avec quelles garanties, quel dialogue et avec qui ? Les autorités libanaises ont un rôle majeur à jouer dans ce dialogue, mais il sera difficile d'avancer sans que la communauté internationale, l'UE en premier, ne s'implique dans le parrainage du dialogue. » À la question de savoir s'il ressent une telle volonté de la part du gouvernement français, il avoue ne pas le savoir encore, étant donné que le gouvernement est récent, mais il affirme constater « une véritable sensibilité du président Emmanuel Macron à la situation au Liban ».

 

Une « régression majeure au niveau de l'humanité »
Un autre sujet qui lui tient à cœur est celui des chrétiens d'Orient. « Ma crainte fondamentale, c'est que la disparition, ou la quasi-disparition, des chrétiens d'Orient, entamée avec les conflits récents, sera une régression majeure au niveau de l'humanité, dit-il. Même du point de vue de l'islam, pour tous ceux qui se battent pour un islam modéré, respectueux du dialogue. Or, même les victoires contre Daech ne signifient pas qu'il y aura un retour spontané des chrétiens. »

Que faut-il pour assurer leur retour à leurs pays d'origine ? « La pérennité de la présence des chrétiens d'Orient ne sera possible qu'à certaines conditions politiques, souligne-t-il. Pour répondre à une question sur leur avenir, il faut savoir quels seront les régimes de demain, et nous n'en sommes pas encore à ce stade, mais plutôt au stade d'une prise de conscience de l'importance de cet enjeu. Cette conscience existe en France, y compris auprès des dirigeants. A contrario, le Liban, avec sa capacité, non sans difficulté, de faire coexister les communautés, démontre que ce n'est pas une vue de l'esprit. »

 

(Lire aussi : « La dignité », condition sine qua non pour le retour des réfugiés syriens)

 

Une visite « importante »
Qu'attend-on, en France, de la visite prochaine du président Michel Aoun ? M. Bockel qualifie cette visite « d'importante », huit ans après la visite de l'ancien président Michel Sleiman à Paris. « Ce sera la visite du président d'un Liban qui a su élire un chef d'État, qui a un gouvernement, et qui a su sortir de la crise... dit-il. Tous les sujets évoqués plus haut seront au menu des discussions avec le président Macron et les responsables français, ainsi que beaucoup d'autres sujets bilatéraux, économiques et autres. »

Interrogé sur son bilan des premiers mois de la présidence Macron, il reconnaît que, même s'il n'avait pas soutenu à l'origine le nouveau président, il est convaincu qu'« il faut que celui-ci réussisse les réformes que j'appelle de mes vœux depuis vingt ans ». Cet ancien membre du Parti socialiste, également un des fondateurs de l'UDI, dit faire « naturellement partie des parlementaires, au sein du Sénat, qui veulent soutenir cette démarche, et qui, sans être dans le parti du président, veulent être associés à la majorité ». « Sur le plan géopolitique, il a revêtu d'emblée les habits d'un président de la République dont on peut être fiers, ajoute-t-il. Je porte un regard non pas béat mais positif sur les premiers cent jours à l'Élysée, même si l'essentiel du travail est devant nous. »

 

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commentaires (3)

RENVOYER LES REFUGIES AVEC ACCORD DESPOTIQUE DANS LEUR PAYS C,EST COMME CONDUIRE LES PAUVRES BREBIS A L,ABATTOIR !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 19, le 25 août 2017

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Commentaires (3)

  • RENVOYER LES REFUGIES AVEC ACCORD DESPOTIQUE DANS LEUR PAYS C,EST COMME CONDUIRE LES PAUVRES BREBIS A L,ABATTOIR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 19, le 25 août 2017

  • PASSAGE OBLIGATOIRE PAR L,ONU ET LES GRANDS QUI NE LAISSERONT PAS FAIRE SI LES CONDITIONS DES LIEUX DE DESTINATION DES REFUGIES NE SONT PAS HUMAINEMENT SURES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 24, le 25 août 2017

  • UN SEUL MESSAGE, UNE SEULE LECON A RETENIR( au moins ce monsieur a ete clair) N'ATTENDONS RIEN DE PERSONNE ! AUCUN PAYS , ONU COMPRIS NE CONNAISSENT LA SUITE DES CHOSES. ce qui reste a dire : NOUS libanais essayons de les devancer ne serait qu'en nous accordant sur une seule et meme politique a suivre. MAIS JE REVE , avec -pr ex- qui nous fait chanter a chaque fois qu'il se trouve coince...... et/ou avec d'autres parties libanaises qui betement font tout pour depiter le hezb....

    Gaby SIOUFI

    11 h 11, le 25 août 2017

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