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À La Une - Yémen

Démonstration de force de l'ex-président Saleh en crise avec ses alliés houthis

Des centaines de milliers de partisans de l'ex président se rassemblent à Sanaa.

Des centaines de milliers de partisans de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh se sont réunis le 24 août 2017 pour l'anniversaire de leur parti à Sanaa, au Yémen, le 24 août 2017. AFP / MOHAMMED HUWAIS

Des centaines de milliers de partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh ont marqué jeudi à Sanaa l'anniversaire de leur parti, une démonstration de force faite sur fond de tensions avec leurs alliés, les rebelles houthis qui contrôlent la capitale du Yémen.

Dans la guerre qui ravage le pays depuis plus de deux ans, les unités militaires restées fidèles à M. Saleh se sont alliées aux Houthis dans leur conflit contre le pouvoir du président actuel Abd Rabbo Mansour Hadi, internationalement reconnu.

Entouré de gardes du corps cagoulés et fortement armés, M. Saleh a fait une brève apparition au rassemblement, s'exprimant devant une vitre pare-balles et cherchant à montrer qu'il restait un acteur incontournable au Yémen, cinq ans après avoir été contraint de céder le pouvoir sous la pression de la rue.

Pour célébrer le 35e anniversaire de la création du Congrès populaire général (CPG), le parti de M. Saleh, les manifestants ont arboré des drapeaux du Yémen, des portraits de l'ex-président et des banderoles de soutien à celui qui a dirigé le pays pendant plus de trois décennies. Venus de différentes régions du pays, ils avaient commencé à camper dès mercredi soir sur la place Sabyine à Sanaa. Jeudi, au plus fort du rassemblement, cette place d'environ 4 km2 était noire de monde.

L'ampleur de la manifestation illustre la capacité de mobilisation du CPG, une formation nationaliste qui, avec son chef, ont gardé une énorme influence contrairement à d'autres partis qui ont été emportés par le Printemps arabe.

 

(Lire aussi : Mohammad ben Salmane aurait exprimé sa volonté de sortir du conflit yéménite)

 

'Ancrage solide'
"Nous sommes une formation politique pionnière et à l'ancrage solide. Nous faisons face à une agression et à des complots depuis 2011", a lancé à ses partisans ce redoutable tacticien de 75 ans, qui se montre rarement en public. Il a recommandé à ses partisans "la patience et la résistance pour faire échouer tous les complots".

Sans jamais s'en prendre directement à ses alliés, les Houthis, soutenus par l'Iran, M. Saleh s'est dit prêt à "renforcer les fronts de guerre avec des dizaines de milliers de combattants, à condition que le gouvernement (rebelle) les arme et les paye". Des responsables du CPG critiquent ouvertement la gestion des Houthis qui n'arrivent pas à payer à temps les salaires des fonctionnaires et les soldes des militaires combattant les forces du gouvernement regroupées dans le sud et soutenues par une coalition de pays arabes menée par l'Arabie saoudite.

Le numéro 2 du CPG, Aref al-Zouka, a exprimé plus directement le malaise avec les Houthis. Il a critiqué, devant les manifestants, la gestion de l'administration des Houthis qui ne génère pas assez de revenus pour payer les salaires, la corruption, ainsi que les tentatives de contrôler les médias d'Etat et de teinter les programmes scolaires avec l'idéologie religieuse militante des rebelles chiites. "Nous refusons d'être des partenaires d'opérette", a-t-il ajouté.

Dans une déclaration à l'AFP, un autre cadre du CPG, Jlidane Mahmoud Jlidane, a reconnu l'existence de "différends" avec les Houthis, mais affirmé qu'ils "se règleront avec le temps".

 

(Lire aussi : Rien ne va plus entre les Houthis et Saleh)

 

Malaise entre alliés
Le malaise est plus profond, estiment des analystes en précisant que les Houthis soupçonnent M. Saleh de négocier, derrière leur dos, avec la coalition arabe. M. Saleh, soutenu par l'Arabie saoudite alors qu'il était président, accuse quant à lui les Houthis de vouloir concentrer le pouvoir entre leurs mains.

En prévision du rassemblement, les Houthis avaient établi des points de contrôle aux entrées de Sanaa, sans empêcher les partisans de M. Saleh de se rendre sur la place Sabyine. Ils ont coopéré avec les pro-Saleh pour canaliser la foule. Aucun incident majeur n'a été signalé. Des témoins ont rapporté quelques arrestations.

Depuis septembre 2014 et la prise de la capitale Sanaa par les rebelles, M. Saleh est officiellement allié aux Houthis qu'il a pourtant longtemps combattus durant sa présidence.  Les Houthis et les pro-Saleh ont réussi à repousser les forces progouvernementales vers le Sud, qui ont été sauvées in extremis grâce à l'intervention de la coalition arabe en mars 2015.

Depuis cette date, le conflit a fait 8.400 morts et 48.000 blessés, dont de nombreux civils, et provoqué une grave crise humanitaire. Une épidémie de choléra a ainsi fait quelque 2.000 morts et plusieurs régions de ce pays pauvre sont au bord de la famine.

 

 

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