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À La Une - Yémen

Rien ne va plus entre les Houthis et Saleh

La direction des rebelles chiites a qualifié de "traître" l'ex président pour les avoir présentés comme des "miliciens" trois jours plus tôt.

Un partisan de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh à Sanaa, au Yémen, le 22 août 2017. REUTERS/Khaled Abdullah

Quatre mois après des fissures dans le camp gouvernemental au Yémen, des accusations de trahison et des menaces résonnent dans la capitale Sanaa où rien ne va plus entre les rebelles houthis et leur principal allié, l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Alors que les forces progouvernementales contrôlent le sud, les Houthis et les troupes de M. Saleh restent les maîtres de la capitale, dans le nord.

Depuis plusieurs jours, des tensions sont signalées dans le camp rebelle et, selon des témoins, des partisans armés des Houthis et de l'ex-président se sont déployés à travers Sanaa à la veille d'un rassemblement prévu jeudi pour marquer le 35e anniversaire du Congrès populaire général (CPG), le parti de M. Saleh.

La direction des Houthis -des rebelles chiites soutenus par l'Iran- a qualifié mercredi de "traître" M. Saleh pour les avoir présentés comme des "miliciens" trois jours plus tôt. "Nous avons reçu un coup de couteau dans le dos" et il en "subira les conséquences", a-t-elle affirmé.

Comme si ces tensions n'étaient pas suffisantes, des frappes aériennes attribuées à la coalition progouvernementale sous commandement saoudien ont fait au moins 30 morts mercredi dans la région de Sanaa, selon un responsable humanitaire.

Depuis septembre 2014, M. Saleh -qui a été soutenu pendant trois décennies par l'Arabie saoudite alors qu'il était président- est officiellement allié aux Houthis qu'il a pourtant longtemps combattus en tant que chef d'Etat. Ensemble, ils ont réussi à repousser les forces progouvernementales vers le sud, qui ont été sauvées in extremis grâce à l'intervention de la coalition dirigée par Riyad.

"Pour les deux (les Houthis et M. Saleh), c'est un ennemi commun (l'alliance gouvernementale prosaoudienne) qui les a maintenus ensemble", explique Adam Baron, analyste associé à l'European Council on Foreign Relations.

Le camp gouvernemental a lui-même connu de vives tensions en avril lorsque le président Abd Rabbo Mansour Hadi a limogé le gouverneur d'Aden et un membre de son cabinet, plaçant M. Saleh et ses alliés houthis dans une position politique confortable.

 

(Lire aussi : Au Yémen, la banque du sang menacée de fermeture imminente)

 

"Mariage de raison"
Les relations de M. Saleh avec les Houthis sont très compliquées. L'ancien homme fort du Yémen, aujourd'hui âgé de 75 ans, a mené six guerres contre les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) bien implantée dans le nord. M. Saleh, un redoutable tacticien, n'a jamais supporté d'être écarté du pouvoir en 2012 sous la pression de la rue et, deux ans plus tard, il n'a pas hésité à s'allier avec ses anciens ennemis Houthis pour chasser son successeur, M. Hadi, de Sanaa. Selon des experts, les Houthis n'auraient jamais pu s'emparer de la capitale et de vastes régions du Yémen sans l'aide de puissantes unités militaires restées fidèles à M. Saleh et des militants de son parti, le CPG.

Depuis novembre 2016, les Houthis et les partisans de M. Saleh siègent au sein d'un gouvernement de "salut national", concurrent de celui de M. Hadi, reconnu par la communauté internationale. M. Saleh a dit qu'il voulait faire du rassemblement de jeudi à Sanaa une démonstration de la "légitimité" du CPG.

Selon des analystes, M. Saleh est mécontent du fait que les Houthis aient accru leur influence, notamment au ministère de la Défense, alors que ce département avait été attribué à ses partisans lors de la répartition des portefeuilles au sein du gouvernement rebelle.

 

(Lire aussi : HRW s’inquiète de la mort de civils dans des tirs rebelles sur Taëz)

 

"Les Houthis sont tout à fait conscients que M. Saleh a besoin d'eux et, depuis un an et demi, ils ont œuvré pour conquérir le soutien populaire dont bénéficie M. Saleh", explique l'analyste yéménite Maged al-Madhaji, directeur du Sanaa Centre for Strategic Studies.

Ce facteur, associé à des informations selon lesquelles l'Arabie saoudite cherche à se désengager militairement du Yémen, pourrait conduire à la fin de ce que M. Madhaji appelle un "mariage de raison" entre M. Saleh et les Houthis.

Parlant à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, une source au sein du CPG affirme que des efforts de médiation cette semaine entre les deux camps ont échoué.

L'Arabie saoudite serait heureuse de voir son ancien allié se séparer des Houthis, sans toutefois être prête à voir M. Saleh revenir dans son giron car elle ne lui fait pas confiance, assure une autre source yéménite. "De fait, le conflit au Yémen n'a jamais été un conflit entre deux camps", rappelle M. Baron en évoquant "une mosaïque d'alliances de convenance depuis le début".

 

 

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A LA BONNE HEURE !

LA LIBRE EXPRESSION

23 h 13, le 23 août 2017

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  • A LA BONNE HEURE !

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    23 h 13, le 23 août 2017

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