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Zapping

Le débat de politique générale est un des exercices les plus nobles auxquels puisse se livrer un Parlement. L'on y voit en effet les élus de l'opposition mettre à la question les gouvernants, les accabler d'objections, de reproches, voire d'accusations quant à leur gestion des affaires publiques. À ce flot de récriminations, les ministres répondent comme ils peuvent, la discussion pouvant parfois mener à une remise en cause de la confiance accordée, lors de son investiture, au gouvernement.


Ce pouvoir de censure du législatif est à la base du système de démocratie parlementaire. De celui-ci, qui fut adopté par les pères fondateurs du Liban indépendant, il ne reste plus toutefois qu'une lamentable caricature, depuis qu'est venue s'y greffer, pour ainsi dire de force, une sous-démocratie dite consensuelle qui a complètement bouleversé la règle du jeu. Ainsi, les notions de gouvernement et d'opposition ont cessé d'être antinomiques, puisqu'on peut très bien, au Liban, faire partie du gouvernement et le saper du dedans, se comporter à sa guise sans souci de l'obligation de solidarité ministérielle, sans même songer une seconde à démissionner si l'on n'est pas d'accord avec la ligne officielle.


Dès lors, des débats tel celui entamé hier, place de l'Étoile, et qui se poursuivra aujourd'hui perdent toute signification, car ils ne sont plus que prétexte à envolées oratoires, la galerie étant assurée en direct, à longueur de journée, par les stations de télé, pour le plus grand ennui du public. Non point, bien sûr, que dans le torrent de déclamations, il n'arrive jamais de tomber sur quelque pépite. Crise des ordures, adjudications douteuses, limogeage injustifié de hauts magistrats et fonctionnaires, contacts non autorisés avec le régime de Damas : c'est bien un implacable réquisitoire qu'a prononcé le chef du parti Kataëb, quasiment seul représentant d'une authentique opposition car étant resté à l'écart de l'hétéroclite assemblage gouvernemental. Mais on peut parier qu'il n'en sera pas plus avancé, et le citoyen non plus.
On en vient enfin à cette autre et fort singulière espèce d'opposition, celle qui s'exprime strictement pour le panache, pour la parade, pour les fidèles électeurs qui seraient postés devant leur petit écran. Le thème de prédilection en est l'insolente corruption qui gangrène l'establishment politique ; et comme on s'en doute, les plus virulents à la dénoncer ne sont pas nécessairement les plus vertueux.


On rendrait grandement service aux Libanais en leur épargnant ce genre de spectacle admirablement orchestré, il est vrai, par l'inamovible président de l'Assemblée mais qui n'est, tout compte fait, qu'insulte à leur intelligence.

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Le débat de politique générale est un des exercices les plus nobles auxquels puisse se livrer un Parlement. L'on y voit en effet les élus de l'opposition mettre à la question les gouvernants, les accabler d'objections, de reproches, voire d'accusations quant à leur gestion des affaires publiques. À ce flot de récriminations, les ministres répondent comme ils peuvent, la discussion...