Hariri réussit à contenir le ressentiment koweïtien contre le Liban

Mission délicate mais réussie pour le Premier ministre, Saad Hariri, au Koweït où il s'était rendu samedi pour une visite-éclair dont l'objectif principal était de circonscrire les effets de l'affaire dite de « la cellule Abdelli ». Une mission d'autant plus difficile qu'elle est intervenue le jour même où les autorités koweïtiennes ont annoncé avoir réussi à capturer dans plusieurs zones du pays douze personnes qui avaient pris la fuite en juillet après leur condamnation par contumace par la Cour suprême koweïtienne pour appartenance à la cellule terroriste ayant des liens, selon l'émirat, avec l'Iran et le Hezbollah.

Il reste que cette visite a été couronnée de succès puisque le chef du gouvernement a pu obtenir de ses interlocuteurs l'assurance qu'ils feront la distinction entre leurs relations – qu'ils maintiennent – avec le Liban et le règlement de cette affaire, même s'ils en veulent aux autorités libanaises de n'avoir toujours pas répondu au mémorandum qu'ils leur avaient envoyé et dans lequel ils exigeaient des explications au sujet de l'implication du Hezbollah dans l'affaire de la cellule terroriste.

Dans la capitale koweïtienne, Saad Hariri a été reçu par l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, au diwan des émirs au palais Bayan, pour un entretien qui s'est tenu en présence du Premier ministre koweïtien, cheikh Jaber al-Moubarak al-Hamad al-Sabah, du ministre des Affaires étrangères, cheikh Sabah Khaled al-Hamad al-Sabah, du vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled al-Jarallah, du chef de la Mission d'honneur d'accompagnement du diwan et conseiller du Premier ministre, cheikh Salem al-Jaber al-Ahmad al-Sabah, de la présidente du diwan, cheikha Itimad Khaled al-Ahmad al-Sabah, et de l'ambassadeur du Koweït au Liban, Abdel-Aal al-Kinai.

Dans sa déclaration à l'issue de la réunion, le chef du gouvernement a réaffirmé sa condamnation « de ce qui s'était passé concernant la cellule Abdelli », précisant que « le Liban est prêt à coopérer, avec tous ses services, pour résoudre ce problème ». « Les Koweïtiens ont un grand ressentiment concernant cette affaire et ils ont raison », a-t-il reconnu, relayant ainsi le mécontentement koweïtien au sujet du silence officiel qui a suivi l'envoi du mémorandum.

Machnouk au Koweït
M. Hariri a assuré que le Koweït ne prendra pas de mesures vexatoires contre le Liban et que la communauté libanaise installée dans l'émirat ne devrait pas être non plus inquiétée, avant d'annoncer « une coopération prochaine judiciaire et de sécurité entre les deux États ». On apprend dans ce cadre que le chef du gouvernement doit dépêcher sous peu le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, au Koweït dans le cadre de cette affaire qu'il s'est engagé à « suivre personnellement ».

Son initiative a eu pour effet de contenir, au plan officiel, les effets négatifs de l'affaire de « la cellule Abdelli » sur le Liban, ce qui a été reflété par les propos du chef de la diplomatie, cheikh Sabah Khaled al-Hamad al-Sabah, qui a relayé, en marge du déjeuner donné par la suite en l'honneur de Saad Hariri, les assurances de l'émir et du Premier ministre koweïtien, selon lesquelles les relations bilatérales ne seront aucunement affectées par ce dossier. Il a cependant insisté sur la coopération du Liban pour faire la lumière sur un éventuel rôle du Hezbollah, accusé par le Koweït d'avoir contribué à l'entraînement du réseau qui planifiait des attaques au Koweït, selon le verdict de la Cour suprême. « Nous sommes confiants que nos frères libanais effectueront les démarches requises, a souligné le chef de la diplomatie koweïtienne. Nous espérons recevoir une réponse au mémorandum koweïtien, dans laquelle le Liban, soucieux de la préservation de nos rapports, s'engagera à ne pas porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du Koweït. Nous souhaitons aussi œuvrer ensemble pour maintenir ces relations », a-t-il soutenu.

Prié de commenter la réaction du Hezbollah qui avait dit ne rien avoir avec cette cellule, cheikh Sabah Khaled al-Hamad al-Sabah a affirmé : « Nous présenterons les preuves que nous avons et qu'ils répondent avec des preuves. Nous avons des aveux qui représentent les meilleures preuves. Après avoir fourni à nos frères au Liban les détails du verdict, notamment au sujet de la relation du Hezbollah avec cette cellule et le genre d'aide qu'il lui a fournie, nous nous attendons à ce qu'ils (la formation chiite) présentent leurs preuves » sur une non-implication dans cette affaire.

« Cellule Abdelli » : la suite...
Pour en revenir à l'affaire Abdelli, c'est samedi que le ministre koweïtien de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de douze personnes qui avaient pris la fuite en juillet après leur condamnation pour appartenance à la cellule terroriste. Il s'agit de Koweïtiens chiites qui ont été retrouvés dans plusieurs régions du pays, a précisé le ministère de l'Intérieur, cité par l'AFP.

Ils étaient en fuite depuis leur condamnation en juillet par la Cour suprême à la prison pour appartenance à une cellule « terroriste » soutenue par le Hezbollah et l'Iran, qui planifiait des attaques au Koweït, selon le verdict.
Ces personnes avaient été acquittées et libérées avant le verdict de la Cour suprême.

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