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À La Une - Témoignage

Les désillusions d'un rebelle syrien

"Je suis déprimé et je veux partir, mais je me dis si je pars et d'autres s'en vont aussi, le pays sera dans un pire état", raconte Abou Jaafar.

Un rebelle syrien, dans le sud de la Syrie. Photo d'archives AFP/DANIEL LEAL-OLIVAS

Il a déserté l'armée syrienne après avoir reçu l'ordre de tirer sur des manifestants puis combattu avec plusieurs groupes rebelles. Six ans plus tard, à la suite de la forte réduction du soutien américain, Abou Jaafar est en pleine désillusion.

Ce rebelle trentenaire a passé trois ans derrière les barreaux pour avoir désobéi aux ordres, et se présente comme l'un des combattants les plus admirés des formateurs américains.
Mais dans cette guerre qui a déjà fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés, Abou Jaafar se demande parfois pour quel objectif il se bat.
"Je suis déprimé et je veux partir, mais je me dis si je pars et d'autres s'en vont aussi, le pays sera dans un pire état", affirme-t-il à l'AFP, via la messagerie WhatsApp.

L'annonce fin juillet par l'administration du président américain Donald Trump de la fin d'un programme de soutien aux combattants anti-régime l'a convaincu que la Syrie n'était qu'un pion dans une guerre par procuration entre puissances étrangères.
"Les groupes rebelles sont devenus des pions sur un échiquier. Le plateau (de jeu) est en Turquie, Trump est d'un côté et (le président russe Vladimir) Poutine de l'autre", dit-il avec regret.

 

(Pour mémoire : Mauvais temps pour l'opposition armée en Syrie)

 

Couvert de sang
Originaire de la province centrale de Homs, Abou Jaafar, de son vrai nom Khaled Karzoun, s'est engagé à 17 ans dans une école d'officiers des forces spéciales.
Lorsque les protestations réclamant des réformes politiques éclatent en mars 2011, il reçoit l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants dans la région où il était déployé. "La répression était si brutale que je ne pourrais pas la décrire", se rappelle-t-il.

Six mois plus tard, Abou Jaafar, son nom de guerre, et plusieurs officiers se mutinent, mais ils sont capturés et condamnés à 15 ans dans la tristement célèbre prison de Saydnaya, où sa femme ne pouvait lui rendre visite que deux fois par an.
"Trois heures avant la visite, j'étais torturé et battu pour sortir couvert de sang", raconte-t-il. Il est libéré en 2014 après la réduction de sa peine.

En une semaine, il rejoint le mouvement rebelle Hazm alors que la rébellion luttant contre le régime contrôlait encore de vastes régions, dont la moitié d'Alep, deuxième ville du pays.
Washington et d'autres pays alliés entraînaient alors et armaient des groupes rebelles, dont Hazm, via une chambre d'opérations basée en Turquie, connue sous l'acronyme turc MOM.
Abou Jaafar passe un mois à s'entraîner en Arabie saoudite, mais à son retour en Syrie il se dit déçu de l'attitude quelque peu corrompue de ses camarades. "J'ai manqué les années les plus passionnantes de la révolution parce que j'étais en prison. La révolution a ensuite été transformée en business".
"Je me suis rebellé pour l'honneur, un autre l'a fait contre l'injustice, un autre parce que son frère était en prison", dit-il. "Mais aujourd'hui, chacun oeuvre pour ses propres intérêts". Il quitte Hazm en septembre 2014.

 

(Pour mémoire : Les déclarations de Macron sur la Syrie le « décrédibilisent aux yeux d'une grande partie de ceux qui croyaient à son rôle »)

 

Son fils tué
Pendant plusieurs mois, il travaille comme chauffeur de bus près d'Alep. Sa femme accouche d'un garçon. "Il a vécu 21 jours. Il est mort dans une frappe aérienne".

Début 2016, il est recruté par l'Union Fastaqem, une faction rebelle à Alep. "On recevait des armes chaque mois, des salaires, du matériel médical, des véhicules..." du MOM, affirme-t-il.
Il dirige même un entraînement des membres du Fastaqem en Turquie et au Qatar, des pays soutenant les rebelles. "J'avais de très bonnes relations avec les Américains, ils m'aimaient beaucoup".

Mais avec la reprise d'Alep par le régime, le groupe s'affaiblit.
Abou Jaafar s'engage alors avec les Brigades Moutassem, une autre faction rebelle qui combat les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Cette Brigade continue, elle, de recevoir le soutien du Pentagone, un programme différent de celui du MOM.
Abou Jaafar se retrouve ainsi combattant l'EI et non plus le régime. "Peut-être aussi notre tour viendra et le Pentagone cessera son soutien", lâche-t-il.

La priorité des Etats-Unis en Syrie est désormais d'en finir avec l'EI. Ils concentrent ainsi leur aide sur l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes, qui tente de chasser les jihadistes de leur fief syrien de Raqqa.

Depuis la ville d'Azaz (nord), où il vit avec son épouse et sa fille de six ans, Abou Jaafar se demande ce qu'il va advenir.
"Alep c'est terminé, et Raqqa appartient aux FDS. C'est difficile. Après le régime, nous avons eu (le chef de l'EI) Abou Bakr al-Baghdadi. Après Baghdadi, nous avons eu Mohammad Jolani", le chef de l'ex-branche syrienne d'el-Qaëda.
"Je n'ai que 31 ans, mais j'ai vu plus de choses que quelqu'un qui en a 90".

 

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Il a déserté l'armée syrienne après avoir reçu l'ordre de tirer sur des manifestants puis combattu avec plusieurs groupes rebelles. Six ans plus tard, à la suite de la forte réduction du soutien américain, Abou Jaafar est en pleine désillusion.
Ce rebelle trentenaire a passé trois ans derrière les barreaux pour avoir désobéi aux ordres, et se présente comme l'un des combattants les...
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Les groupes rebelles sont devenus des pions sur un échiquier": ils le sont depuis le jour 1...

NAUFAL SORAYA

06 h 31, le 06 août 2017

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Commentaires (5)

  • Les groupes rebelles sont devenus des pions sur un échiquier": ils le sont depuis le jour 1...

    NAUFAL SORAYA

    06 h 31, le 06 août 2017

  • le pb c'est que presque personne ne se rappelle du comment cela a commencer en syrie au tout debut il n y avait AUCUN PARTI ETRANGER EN SYRIE C'ETAIT DES SYRIENS PURES ET SURTOUT DES ETUDIANTS QUI MANIFESTAIENT ET QUI SE SONT FAIT PLOMBER A CHAQUE FOIS PAR L'ARMEE ASSASSINE DE ASSAD DEVANT DES MANIFESTANTS SANS ARMES PENDANT PRESQUE 7 MOIS .... C'EST APRES QUE CELA A ENVENIMER NOUS N'AVONS PAS OUBLIER LE FAMEUX ZALGHOUL QUI CHANTAIT ASSAD DEHORS ..AVANT DE L'ASSASSINER IL LUI ONT ENLEVER LES CORDES VOCALES NOUS N'AVONS PAS OUBLIER NON PLUS QUE TOUS LES JOURNALISTES ETAIENT INTERDIT EN SYRIE .. A VOTRE AVIS PQ!?!?!?!?!?! NOUS N'AVONS PAS NON PLUS OUBLIER LA LIBERATIONS DES DJIHADISTES DES PRISONS D'ASSAD PAR ASSAD LUI MEME NOUS N'AVONS PAS NON PLUS OUBLIER CHAKER EL ABSI ET LES FAMEUSES LIGNE ROUGE CONTRE L'ARMEE A NAHR EL BERID A BON ENTENDEUR SALUT

    Bery tus

    18 h 57, le 05 août 2017

  • IL FAUT ENTENDRE SA VOIX QUI PARLE DES MANIFESTANTS PACIFIQUES QU,ON A IMPITOYABLEMENT MASSACRE D,OU SA REBELLION ET TOUT CE QUI EST ARRIVE ET ARRIVE ENCORE EN SYRIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 56, le 05 août 2017

  • Se sont ils,de bonne foi, engagés dans un combat sans issue?.ces " rebelles ", employés, payes, manipulés pR et pour des causes très éloignées de la recherche de la "démocratie" en Syrie

    Chammas frederico

    11 h 55, le 05 août 2017

  • LISEZ BIEN CE QU'IL DIT : Ce rebelle trentenaire a passé trois ans derrière les barreaux pour avoir désobéi aux ordres, et se présente comme l'un des combattants les plus admirés des formateurs américains. américains , vous dites bien américains ....??? eh bien à la bonheur , que ses sponsors s'occupe de lui étant donné que son but était de leur plaire .... Tout le reste , rebellion pacifique puis complexifiée , etc... laissez tomber quoi , ça ne mange plus de pain ça ...nulle part ..

    FRIK-A-FRAK

    11 h 43, le 05 août 2017

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