Situé sur la rue Weygand en face de la municipalité de Beyrouth et de la rue Foch, sa position stratégique, à mi-chemin de la place des Martyrs, de la place de l'Étoile et de Bab Idriss, en a fait un point de repère mythique des années glorieuses. Logé au rez-de-chaussée d'un immeuble caractéristique dont l'angle apparaît sur une dizaine de cartes postales de l'époque, le café « Automatique Idriss » était un pôle d'attraction pour le Tout-Beyrouth, des hommes de lettres aux politiciens, mais aussi un lieu pratique de rendez-vous entre deux courses dans les vieux souks qui ceinturaient le quartier.
De jour comme de nuit, les passants appréciaient tout particulièrement ses desserts, surtout une mhallabiyeh dont la saveur unique persiste dans les souvenirs de ceux qui ont eu la chance de la déguster. Notre belle du jour vient justement de passer devant l'Automatique, et son chemin croise celui du photographe qui, ayant immortalisé la scène, va lui donner une petite carte de visite afin qu'elle puisse retirer sa photo le lendemain dans un « studio » du quartier. Portant épaulettes larges, lunettes de soleil typiques de la fin des années 1940 et la coiffure qui va avec, elle représente l'archétype de la Beyrouthine à l'élégance irréprochable. Contrairement à la mhallabiyeh, le destin du quartier laisse un goût amer car, si certains bâtiments alentour seront soigneusement restaurés après la guerre, l'immeuble de l'Automatique succombera sous les coups de pelleteuses ignares pour laisser place à un minijardin public et un parking souterrain. La photo, elle, finira à la poubelle : c'est de là que, par chance, elle pourra être sauvée par un collectionneur nostalgique.
Photo Georges Boustany
1948, Place des Martyrs à Beyrouth, devant le café Automatique Idriss.
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La veille de Noël, nous partions avec maman acheter nos chaussures de fête chez Red shoe (des mocassins à glands, j'adore, et vernis de préférence) puis nos robes chez Khabbaz. La tradition familiale voulait que nous fassions tout à la dernière minute. Comme nous affichions des mines boudeuses quand nous ne trouvions plus nos tailles dans les modèles qui nous plaisaient, la virée shopping s'achevait immanquablement à l'Automatique ou au Semiramis.
Marionet
18 h 32, le 05 août 2017