Rechercher
Rechercher

Liban - La carte du tendre

Les plages de Jnah

Pure Nostalgia/Imad Kozem.

Après avoir longtemps tourné le dos à la mer, Beyrouth finit par s'ouvrir à elle à partir des années 1920. Apparaissent ainsi à Medawar (l'actuelle gare routière Charles Hélou) de petites bicoques construites en bord de mer, offrant un accès aux plages de sable et de quoi se restaurer tout en profitant, pour les plus téméraires, d'un bain de mer rafraîchissant.
Les « plages » se développent ensuite du côté du Saint-Georges et de Aïn el-Mreisseh, avant d'envahir Ras Beyrouth. Mais la véritable explosion de la mode balnéaire se produit à partir des années 1950, avec la construction de quelques « chalets » privés, d'une architecture parfois audacieuse, du côté de Jnah : c'est l'époque des « saints » (Simon, Michel), de l'Acapulco, du Riviera, de la Côte d'Azur, et même, pour ceux qui ne peuvent se permettre de payer le prix d'entrée, du « saint balech » sur les plages publiques !
Les plages des années glorieuses, avec leurs cabines, leurs petits bungalows, leurs parasols multicolores et leurs bars bien garnis offrent aux nageurs tous les plaisirs, toutes les distractions qu'ils recherchent pas trop loin de la ville, dans une détente salutaire et bienfaisante, avec une simplicité qu'on ne connaît plus de nos jours.
Les enfants autant que les grands se ruent chaque jour vers la grève, à la recherche d'un peu de fraîcheur, libérant leurs corps des carcans vestimentaires pour les livrer aux bienfaits de la mer et du soleil. Ceux que l'on aperçoit sur cette photo, qui date de l'été 1973, goûtent aux plaisirs simples du jeu dans le sable chaud, alors que rien n'annonce encore la catastrophe qui va suivre moins de deux ans plus tard. Avec la guerre et son cortège de misères, les plages de notre enfance vont succomber devant le flot de réfugiés venus des camps de la Quarantaine et de Ras el-Nabeh, puis de Tell Zaatar.
Aujourd'hui, c'est une véritable banlieue de béton qui a investi les plages d'antan et les baigneurs ont fui la ville, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour retrouver son insouciance.

 

Dans la même rubrique

Venise à Beyrouth

Quand la place Riad el-Solh s'appelait Assour...

L’avenue des Français et le Kit Kat

Le Minet el-Hosn des années 1930 avant les plages huppées

La place des Martyrs des années 50

Après avoir longtemps tourné le dos à la mer, Beyrouth finit par s'ouvrir à elle à partir des années 1920. Apparaissent ainsi à Medawar (l'actuelle gare routière Charles Hélou) de petites bicoques construites en bord de mer, offrant un accès aux plages de sable et de quoi se restaurer tout en profitant, pour les plus téméraires, d'un bain de mer rafraîchissant.Les « plages » se...

commentaires (1)

J'adore cette rubrique et, pour ne rien gâcher, ce papier est super bien tourné dépeignant avec un brin de nostalgie mais sans pathos une évolution sociologique qui semblait linéaire avant son brutal coup d'arrêt. Et, depuis, la stagnation pour ne pas dire autre chose. La dichotomie mer/montagne qui semblait, un moment, s'effacer, a finalement cédé la place au clivage nord/(banlieue) sud.

Marionet

10 h 03, le 24 juin 2017

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • J'adore cette rubrique et, pour ne rien gâcher, ce papier est super bien tourné dépeignant avec un brin de nostalgie mais sans pathos une évolution sociologique qui semblait linéaire avant son brutal coup d'arrêt. Et, depuis, la stagnation pour ne pas dire autre chose. La dichotomie mer/montagne qui semblait, un moment, s'effacer, a finalement cédé la place au clivage nord/(banlieue) sud.

    Marionet

    10 h 03, le 24 juin 2017

Retour en haut