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Liban - Réfugiés

« Les chrétiens d’Irak ont le droit de vivre en paix. Mais partir est désormais la seule issue »

D'ici à fin 2018, la France devrait recevoir 500 réfugiés vivant au Liban, grâce à une initiative de la communauté Sant'Egidio qui regroupe des associations catholiques et protestantes, et le ministère français des Affaires étrangères.

La petite Perla Mikha entourée de ses parents et grands-parents.

La France a reçu début juillet un premier groupe de 16 réfugiés irakiens et syriens, qui ont quitté le Liban pour être relocalisés dans diverses parties de l'Hexagone. Cette initiative entre dans le cadre de l'action de la communauté Sant'Egidio, qui a mis en place un projet pilote œcuménique pour les réfugiés et qui commence à toucher toute l'Europe.

Ainsi, les réfugiés qui quittent la région pour s'établir en Europe sont accueillis par des paroisses ou des associations civiles qui les aident au quotidien à s'intégrer, que ce soit en leur assurant des cours de langue ou en payant dans un premier temps leur loyer.

L'initiative a commencé en 2016 en Italie, qui a reçu en l'espace de 18 mois un millier de réfugiés. Le gouvernement italien donnera prochainement son feu vert à la communauté Sant'Egidio pour accueillir encore un autre millier de réfugiés. L'Espagne devrait suivre bientôt et la France vient de recevoir la semaine dernière seize réfugiés irakiens et syriens. 500 réfugiés devraient être accueillis d'ici à fin 2018.

 

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« Je pensais que nous allions vite rentrer »
À Ras el-Dékouané, en banlieue est de Beyrouth, une jeune famille irakienne se prépare, au début du mois, à partir. Raffi 29 ans, Racha 27 ans et leur fille Perla 15 mois se construiront une nouvelle vie en France. Le couple, appartenant à la communauté syriaque-catholique, est originaire de Qaraqosh, dans la plaine de Ninive.

« Nous devions nous marier le 9 août 2014 (deux jours après l'entrée du groupe État islamique à Qaraqosh), mais nous avons pris la fuite 48 heures plus tôt. J'ai tout laissé derrière moi. Je pensais que nous allions vite rentrer. Et voilà où nous en sommes aujourd'hui », raconte Racha. « Tous les membres de nos familles étaient là et il n'y avait plus de place dans les voitures... Nous nous sommes mariés deux mois plus tard, à Ankawa, une banlieue chrétienne d'Erbil, et nous sommes venus au Liban dans l'espoir d'être relocalisés en Europe, en Australie ou ailleurs », poursuit la jeune femme, contente d'avoir la possibilité de commencer une nouvelle vie. Son seul souci est l'apprentissage d'une nouvelle langue.

« Nous serons bien entourés. J'ai des tantes et des amis établis en France, six en tout. La plupart sont dans la banlieue de Lyon », raconte de son côté Raffi. Ce dernier reçoit la visite de son père et de sa mère, Behnam et Nadra, venus spécialement de Bagdad au Liban pour un dernier adieu.

 

(Lire aussi : L’église Saint-Thomas, la miraculée de Mossoul)

 

Behnam est ému. C'est la première fois qu'il voit sa petite-fille. Nadra était venue au Liban à la naissance de Perla. « Toute ma vie, j'ai vécu à Bagdad, puis en 2003 (avec la chute de Saddam Hussein) les choses ont commencé à changer. J'avais un magasin d'alcool dans la capitale irakienne. Il a été dynamité à deux reprises », dit-il. Son épouse renchérit : « J'ai survécu à l'attentat de l'église Notre-Dame de la Délivrance à Bagdad, en octobre 2010. J'ai été prise en otage durant cinq heures ce jour-là. Je ne sais pas si je m'en suis remise. »

« Même si nous sommes originaires de Qaraqosh, nous avons toujours habité Bagdad. Nous sommes des citadins. Mais, avec la situation qui se détériorait de jour en jour dans la capitale, nous nous sommes réinstallés à Qaraqosh... C'est parce que nous nous sommes repliés dans nos villages que toute la plaine de Ninive (qui compte de nombreuses localités chrétiennes) est devenue en très peu de temps prospère. Et puis l'État islamique est arrivé. Les islamistes étaient nos voisins. Ce sont eux qui nous ont chassés de chez nous », raconte Behnam, qui a décidé de se réinstaller à Bagdad en 2014, laissant ses vieux parents à Ankawa. « Mes parents sont octogénaires. J'ai commencé à reconstruire notre maison de Qaraqosh. Je les réinstallerai là-bas. Dans quelques mois, je viendrai au Liban. Je resterai ici jusqu'à ce que je puisse partir ailleurs avec ma femme et mon fils Mikaël, qui est ingénieur et qui vit à Bagdad », dit-il.

Il ajoute : « Nous avons le droit de vivre en paix, d'avoir un avenir, de ne pas nous sentir menacés. Mais partir est désormais la seule issue. Nous avons tout donné à notre pays, mais l'Irak ne veut pas de nous, comme si nous étions des pestiférés. Juste parce que nous sommes chrétiens, les premiers habitants de cette terre. » Le quinquagénaire, qui porte sa petite-fille sur les genoux, ne parvient pas à achever sa phrase. Des larmes silencieuses coulent sur ses joues. Il lui faut un peu de temps pour se ressaisir. « Nous avons le droit de vivre en sécurité, et, pour nous en Irak, cela est désormais impossible », dit-il.

 

(Lire aussi : L’homme qui a sauvé le patrimoine des chrétiens d’Irak s’appelle Najeeb Michaeel)

 

« J'ai quitté le village avec l'enlèvement du père Mourad »
École Saint-Grégoire à Achrafieh. La famille Mikha retrouve une autre famille syriaque-catholique, mais syrienne, originaire d'al-Qaryatein, village du district de Homs occupé durant un certain temps par l'État islamique.

« Nous faisons partie de la paroisse du père Jacques Mourad. J'étais l'un des diacres », s'écrie Mtanios Rahil, un brin de fierté dans la voix. Le père Jaques Mourad avait été l'otage de l'État islamique durant plusieurs mois en 2015.

« J'ai quitté le village avec l'enlèvement du père Mourad. Je suis venu au Liban, je me suis installé à Fanar avec ma femme et mon fils », raconte-t-il, espérant que leur vie sera plus facile en France, même si le barrage de la langue existe.

Également parmi les réfugiés relocalisés en France, la semaine dernière, un homme seul souffrant de polio : Ghassan Assaad est grec-orthodoxe de Homs. Sa sœur habite l'Hexagone. Il a séjourné trois ans au Liban auprès de divers parents et cousins. Avant d'être relocalisé en France, il habitait chez un cousin à Sin el-Fil.

Il y avait également deux autres familles, réfugiées dans le Akkar depuis plus de cinq ans. Nasser, un vétérinaire originaire de Qousseir, était accompagné de sa femme et de ses trois enfants, dont une fillette handicapée. Nasser jouait un rôle important auprès de la communauté syrienne du Akkar, faisant partie d'un comité qui s'occupe des problèmes quotidiens des réfugiés. Il y avait également un jeune couple originaire du rif de Homs, accompagné de leur jeune enfant. Ces deux familles appartiennent à la communauté sunnite.
Aidés par les paroisses et les associations civiles, tous aspirent à s'intégrer et vivre dignement en France.

 

 

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La France a reçu début juillet un premier groupe de 16 réfugiés irakiens et syriens, qui ont quitté le Liban pour être relocalisés dans diverses parties de l'Hexagone. Cette initiative entre dans le cadre de l'action de la communauté Sant'Egidio, qui a mis en place un projet pilote œcuménique pour les réfugiés et qui commence à toucher toute l'Europe.
Ainsi, les réfugiés qui...

commentaires (2)

ONT LE DROIT DE VIVRE EN PAIX... AILLEUR ! CHASSES DE LEUR TERRE D,ORIGINE PAR LA RELIGION PRETENDUMENT D,AMOUR... ELLE LES AIME TANT QU,ELLE LES ENVOIE VIVRE UNE VIE DECENTE AILLEUR...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 00, le 29 juillet 2017

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Commentaires (2)

  • ONT LE DROIT DE VIVRE EN PAIX... AILLEUR ! CHASSES DE LEUR TERRE D,ORIGINE PAR LA RELIGION PRETENDUMENT D,AMOUR... ELLE LES AIME TANT QU,ELLE LES ENVOIE VIVRE UNE VIE DECENTE AILLEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 00, le 29 juillet 2017

  • Mais si comme le dit si bien un général des gardiens de la révolution .. que l'Iran à désormais des àcces à 4-5 capital arabe dont l'Irak .. et que par concequent c'est l'Iran qui capitalise que cela soit sur le plan social, économique etc pq l'Iran defenseu autoproclamer des minorités, ne fait elle rien pour cette minorité ?!

    Bery tus

    06 h 11, le 29 juillet 2017

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