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Culture - Portrait

Rawad Bara, capteur de beauté(s)

Les quelques photographies collées aux stop-trottoirs de l'escalier Vendôme annoncent la naissance d'un photographe prometteur.

Rawad Bara ne tombe pas dans le misérabilisme ressassé des photoreportages de guerre.

Ça a débuté comme ça. Un appareil photo soviétique de la marque Zenit, entreposé dans le fond d'un tiroir. Rawad Bara entrait dans sa seizième année quand il l'a découvert dans sa maison de Yabroud, une petite ville perchée dans les montagnes syriennes. Le reflex « ne fonctionnait pas, mais (il) passait de longues heures à regarder à travers l'objectif, car cette façon de contempler le monde et les gens (lui) plaisait », confie-t-il. Selon lui, la photographie consiste à capturer des moments de beauté, à les figer dans le temps, afin de compenser les défauts d'un monde « injuste, obscène et laid ».
Rawad Bara est aujourd'hui inconnu du grand public ; pour subsister, il assure une présence, la nuit, à l'accueil d'un foyer d'Achrafieh. Le reste de son temps, il arpente les rues de Beyrouth, son appareil photo autour du cou. Sans doute ignore-t-il encore la portée de son talent. Et pour cause, il utilise un appareil d'entrée de gamme, qui doit coûter cent dollars tout au plus. Pourtant, il a déjà remporté de nombreuses récompenses, notamment le deuxième prix du concours international organisé par la célèbre marque Nikon l'année dernière, à l'occasion de son centenaire.
Les photographies qui habillent les stop-trottoirs de l'escalier des arts témoignent d'une sensibilité remarquable et d'une aptitude à l'empathie qui semble presque infinie. Bara ne tombe pas dans le misérabilisme ressassé des photoreportages de guerre, mais capture au contraire des sourires de femmes délicatement maquillées, des regards tendres d'enfants, des éclats de rire qui fusent dans des terrains de jeux improvisés ; une manière de résister, dira-t-on, face à une guerre dans laquelle nombre de ses concitoyens ne se reconnaissent pas.
Le jeune photographe est un éternel angoissé, un insomniaque qui ne parvient pas à se débrancher, « parce qu'(il) s'interroge constamment sur la brutalité du monde, sur (sa) place ici-bas, sur celle des autres ».
Le grand photographe Henri Cartier-Bresson ne disait-il pas qu'une photographie « est une réponse immédiate à une interrogation perpétuelle »? Peut-être Rawad Bara soigne-t-il son angoisse par la photographie, qui lui apporte ces réponses immédiates et le rassure momentanément.

Sole Insight, escaliers Vendôme, Mar Mikhaël (jusqu'au 21 juillet de 15h à 20h).

Ça a débuté comme ça. Un appareil photo soviétique de la marque Zenit, entreposé dans le fond d'un tiroir. Rawad Bara entrait dans sa seizième année quand il l'a découvert dans sa maison de Yabroud, une petite ville perchée dans les montagnes syriennes. Le reflex « ne fonctionnait pas, mais (il) passait de longues heures à regarder à travers l'objectif, car cette façon de...

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