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Économie - Conférence

Soutien aux PME libanaises : à quand les actes ?

Plusieurs représentants du gouvernement ont profité d'une conférence sur les PME hier pour réclamer davantage de réformes.

Les participants d’un panel, hier, lors de la conférence sur les PME au BIEL. Photo ANI

Les PME ont beau représenter 90 % des entreprises au Liban et un moteur essentiel pour la croissance, tous les représentants du secteur public reconnaissent qu'elles restent plombées par des coûts de production et des obstacles administratifs prohibitifs. « Cela fait des générations que les administrations publiques parlent des mêmes problèmes d'infrastructure et de législation », a ainsi rappelé le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, hier, lors d'une conférence organisée au BIEL par le ministère de l'Économie et du Commerce sur les PME.

Cela n'a pas empêché d'autres intervenants de mentionner les mesures de soutien aux PME auxquelles ils ont contribué. Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a ainsi assuré avoir « aidé à la création de centaines d'entreprises », notamment via la circulaire 331 émise en 2013 qui a permis d'injecter plus de 400 millions de dollars dans l'écosystème numérique libanais. Il a aussi rappelé être à l'origine de cinq plans successifs de relance à hauteur d'environ un milliard de dollars chaque année.

 

(Lire aussi : Le gouvernement veut « regagner la confiance » d’un secteur privé sceptique)

 

 

Infrastructures fragiles
Du côté du gouvernement, les ministres se sont plutôt exercés à lister tous les problèmes auxquels font face les PME. Premier handicap majeur : des infrastructures fragiles qui nuisent à la compétitivité des entreprises en augmentant leurs coûts de production. Le ministre des Télécoms, Jamal Jarrah, a par exemple reconnu ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes d'ouverture de lignes de téléphonie fixe, qui s'élèvent à 100 000. Un problème qui a été en partie résolu récemment grâce à la rénovation prévue de centraux téléphoniques par le géant chinois Huawei, ce qui permettra l'ouverture de 200 000 lignes téléphoniques supplémentaires.

Autre problème important : le coût de l'électricité. « J'ai une usine en France et une au Liban. En France, je paie 5 centimes d'euro le kilowatt (0,06 dollar) », a déclaré hier le président de l'Association des industriels, Fadi Gemayel. Soit un coût inférieur de 35 % à celui au Liban (9,2 centimes, selon le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil). Bien que le Conseil des ministres ait adopté un plan général d'amélioration de la production électrique en mars, le ministre a reconnu que la subvention actuelle de 5 centimes le kilowatt ne pouvait être augmentée. Le Liban a été classé 122e sur 190 pays concernant l'accès à l'électricité dans le classement 2017 du rapport Doing Business de la Banque mondiale. De manière générale, le climat des affaires au Liban a été classé au 126e rang.

 

(Lire aussi : Au Liban, la grogne monte face à la concurrence des commerces syriens)

 

 

Outre une infrastructure qui laisse à désirer, une explication à ce mauvais classement tient à la corruption généralisée et à l'inefficacité de l'administration. « Nous avons besoin d'une vraie réforme financière et de mettre fin à la corruption », a martelé hier le président de la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, Mohammad Choucair. Selon un chef d'entreprise contacté par L'Orient-Le Jour, le refus de payer des pots-de-vin dans certains ministères peut tripler des délais d'enregistrement de nouveaux produits importés. « Tous mes compétiteurs peuvent se renseigner pendant ce temps sur mon nouveau produit, et le temps que j'obtienne la licence, je suis en mauvaise posture », raconte celui qui préfère rester anonyme de peur d'avoir davantage de problèmes avec l'administration. Le chef d'entreprise se plaint également du manque de protection du gouvernement libanais contre la concurrence déloyale : « Pour éliminer leurs petits concurrents, certaines grosses entreprises vont vendre en dessous du prix du marché jusqu'à ce que l'autre compagnie abandonne. »

Pourtant, la nécessité de voter une loi pour réglementer la concurrence a été mentionnée à plusieurs reprises ces dernières années, sans encore avoir été suivie d'effet. De nombreuses lois comme celle-ci dorment dans les tiroirs du Parlement, comme celles sur la propriété intellectuelle ou sur la coopération internationale en matière de brevets, a rappelé hier Yasmina el-Khoury, à la tête du pôle climat des affaires et innovation à la présidence du Conseil des ministres. Comme l'a résumé le ministre de l'Économie, Raëd Khoury, il est temps que tous les ministères coopèrent « pour mettre en place un plan économique clair afin de créer de nouveaux projets et de nouveaux emplois ». Reste à savoir s'il faudra encore attendre des dizaines d'années pour que ce retard soit rattrapé.

 

 

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