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Économie - Conférence

Le gouvernement veut « regagner la confiance » d’un secteur privé sceptique

Plusieurs ministres ont réitéré hier la volonté de développer les infrastructures ou de protéger l'industrie, face à des patrons pas vraiment convaincus.

« Investissez dans les infrastructures et les services publics. (...) C’est ainsi que nous relancerons la croissance de notre économie et que nous créerons des opportunités d’emploi pour notre jeunesse », a lancé Saad Hariri aux acteurs privés. Photo ANI

Restaurer la confiance pour relancer la croissance. Tel est l'un des principaux messages que le gouvernement dirigé par Saad Hariri tente inlassablement d'adresser aux agents économiques depuis sa formation en novembre dernier. Et c'est notamment pour réitérer ce message que cinq de ses membres ont fait le déplacement au Forum de la finance et des affaires organisé à l'hôtel Phoenicia par la société événementielle Confex International en partenariat avec la Banque du Liban (BDL).

« Après des années de vide institutionnel et de paralysie politique, de tensions dans nos relations avec les pays arabes, et de marasme économique, nous avons le devoir de regagner la confiance des citoyens, des expatriés, de nos partenaires arabes, de la communauté internationale et des investisseurs », a ainsi déclaré M. Hariri. « Notre pays devrait réaliser une croissance économique annuelle d'au moins 5 %, c'est pourquoi nous allons mettre en place une stratégie économique globale en vue de reconquérir la confiance des institutions financières internationales », a renchéri le vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Santé, Ghassan Hasbani.

 

(Pour mémoire : Comment encourager la croissance des PME ?)

 

Priorité aux infrastructures
Si cette stratégie n'a pas été dévoilée en tant que telle, les discours des différents ministres leur ont donné l'occasion de rappeler certaines priorités, déjà mises en avant depuis plusieurs mois. Premier point de consensus, la nécessité de développer les infrastructures publiques, électricité en tête, afin de regagner la confiance des investisseurs. « Investissez dans les infrastructures et les services publics, et tout le monde en bénéficiera. C'est ainsi que nous relancerons la croissance de notre économie et que nous créerons des opportunités d'emploi pour notre jeunesse », a lancé M. Hariri aux représentants du secteur privé. « Il est irrationnel qu'en 2017, la situation de l'électricité soit ce qu'elle est au Liban. C'est le premier problème auquel nous devons trouver une solution, si nous voulons attirer des investissements », a insisté le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury. Selon le projet de budget, approuvé le 27 mars par le gouvernement, les transferts du Trésor à Électricité du Liban devraient s'élever à 1,4 milliard de dollars en 2017 (+51 % par rapport à 2016) pour constituer le troisième poste de dépenses.

Le ministre des Télécommunications, Jamal Jarrah, est de son côté revenu « sur une nouvelle stratégie ambitieuse pour le développement des infrastructures et des services de télécommunications », citant notamment « le lancement prévu pour le 19 avril de l'appel d'offres pour la modernisation et le développement des centraux téléphoniques fixes dans tout le Liban, qui n'ont pas été rénovés depuis 1994 ». M. Jarrah s'est engagé à « baisser de 30 à 50 % les tarifs d'internet pratiqués, tout en offrant des services de connexion à plus haut débit aux usagers ».

S'il a également souligné l'importance d'une modernisation des infrastructures « à travers l'adoption d'un plan sur vingt ans d'une enveloppe de 10 milliards de dollars, financée par des dons et prêts à taux concessionnels », le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan a, lui, surtout insisté sur l'urgence de résorber le déficit de la balance commerciale libanaise, afin de regagner la confiance des industriels et des agriculteurs. « Notre déficit commercial dépasse les 16 milliards de dollars, et nos exportations sont passées de 4,4 milliards de dollars en 2011 à 2,8 milliards de dollars en 2016 », a-t-il indiqué. « Contrairement à nos partenaires commerciaux, nous n'avons pas les moyens de subventionner les secteurs industriel et agricole, alors nous devons les protéger en adoptant des mesures protectionnistes. Si rien n'est fait, 6 000 usines risquent de fermer cette année », a justifié M. Hajj Hassan.

 

(Pour mémoire : S&P maintient une perspective « stable » pour la note du Liban)

 

« Aucune vision »
Mais ces déclarations ne suffiront sans doute pas à elles seules à restaurer la confiance, tant le scepticisme vis-à-vis de l'efficacité de l'action politique semble ancré, y compris au sein même du gouvernement. « Le gouvernement n'a aucune vision économique globale, car chaque ministère élabore sa propre stratégie, malgré nos discussions au sein du comité interministériel », a ainsi dénoncé M. Hajj Hassan.
Des propos qui semblent avoir indisposé ses collègues mais qui ont été ensuite amplifiés par des représentants du secteur privé, lors du panel suivant. « Les ministres ne cessent de se plaindre, alors qu'ils sont censés nous donner des solutions et dresser des plans d'actions », s'est insurgé Jacques Sarraf, le président de l'Union méditerranéenne des confédérations d'entreprises (BusinessMed). « Cela fait aussi 20 ans que nous attendons que la commission parlementaire de l'Économie finisse de discuter le code du commerce », a-t-il poursuivi.

Pour le président du syndicat des entrepreneurs de travaux publics, Maroun Helou, il y a aussi une absence de continuité de l'action gouvernementale. « Chaque ministre de l'Économie, en fonction de son profil, a tenté de mettre en place une politique sans prendre en considération ce qui a été fait par ses prédécesseurs », a-t-il dénoncé.
D'autres sont encore plus radicaux : « Nous ne devons rien attendre de l'État, mis à part quelques autorisations bureaucratiques indispensables, mais plutôt œuvrer pour agrandir le volume du secteur privé et le faire croître », a préconisé le PDG d'al-Mawarid Bank, Marwan Kheireddine.

 

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commentaires (2)

LA CONFIANCE RÈGNE, ON LA VOIE TRÈS CLAIREMENT À RAMLET EL-BAYDA

Gebran Eid

11 h 53, le 12 avril 2017

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Commentaires (2)

  • LA CONFIANCE RÈGNE, ON LA VOIE TRÈS CLAIREMENT À RAMLET EL-BAYDA

    Gebran Eid

    11 h 53, le 12 avril 2017

  • Encore du BLA-BLA inutile... Qui voudrait se risquer à investir dans notre jungle gérée par des IRRESPONSABLES-INCAPABLES-CORROMPUS ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 58, le 12 avril 2017

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