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À La Une - Irak

Le vieux Mossoul, un champ de ruines hanté par les derniers jihadistes

Les combats rapprochés, les raids aériens irakiens et de la coalition internationale, ainsi que les engins explosifs disséminés par les jihadistes ont transformé la vieille ville en un amas de gravats.

Un soldat irakien marche dans les décombres de la vieille ville de Mossoul, en Irak, le 10 juillet 2017. AFP / FADEL SENNA

Immeubles aplatis, décombres à perte de vue et véhicules calcinés. Le Vieux Mossoul, autrefois le cœur battant de la deuxième ville d'Irak, n'est plus qu'un immense champ de ruines après des semaines de combats acharnés entre forces armées et jihadistes.

Au milieu de ce paysage d'apocalypse, quelques pelleteuses s'activent pour déblayer les rues remplies de gravats du cœur historique de la grande ville du nord irakien "libérée" du joug du groupe Etat islamique (EI) après une offensive de neuf mois. A proximité, des véhicules blindés tentent de se frayer un chemin pour les opérations de ratissage dans le secteur où se cachent les derniers jihadistes.

"Il ne reste plus que quelques groupes de terroristes qui ont perdu tout contrôle, et les forces de sécurité les pourchassent", souligne le colonel Salam Jassem Hussein, des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS), son pantalon noir couvert d'une poussière blanche. "En réalité, la bataille est déjà terminée, avec une grande victoire des forces de sécurité", se réjouit-il en enchaînant les canettes de Red Bull, le bras tenu en bandoulière car blessé au combat. Sur son cou, un pansement dissimulant une autre blessure, ne cesse de se décoller avec la chaleur étouffante.

Quelques heures avant l'annonce lundi par le Premier ministre Haider al-Abadi, entouré de ses commandants et officiers à Mossoul-Ouest, de la "victoire sur la brutalité et le terrorisme", les soldats combattaient toujours les jihadistes acculés au bord du fleuve Tigre.

Obéissant aux ordres du colonel Hussein, deux snipers et un soldat armé d'une mitraillette, impressionnante ceinture de munitions autour du cou, escaladaient un immeuble en ruines pour prendre position et abattre un jihadiste.

 

 

Cadavres sur la chaussée
Mardi, place aux opérations de ratissage. "Nous nettoyons le secteur des cellules dormantes (de l'EI). Des groupes jihadistes sont cachés dans des abris et nous nous en occupons", a dit le général Sami al-Aridhi.
Dans plusieurs rues de la vieille ville, des corps de jihadistes gisent encore sur la chaussée, recouverts par une couverture.

Les combats rapprochés, les raids aériens irakiens et de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, ainsi que les engins explosifs disséminés par les jihadistes ont transformé le secteur en un amas de gravats. Quasiment aucun immeuble n'est épargné par les dégâts dans le Vieux Mossoul, réputé autrefois pour son bazar, ses trésors archéologiques et ses anciennes mosquées et demeures.

 


Un membre de la police fédérale irakienne marchent dans les décombres dans la vieille ville Mossoul, en Irak, le 10 juillet 2017. REUTERS/Thaier Al-Sudani

 

Les bâtiments détruits ou éventrés vomissent du béton déchiqueté, de la tôle et des barres de fer tordues. Des voitures calcinées sont empilées les unes sur les autres dans des cratères creusés dans la chaussée. Les ruelles étroites et sinueuses serpentent désormais entre de petites montagnes de décombres.

Jusqu'à lundi en fin d'après-midi, les frappes aériennes continuaient de s'abattre sur le dernier petit carré jihadiste. A chaque fois, un sifflement bref, une légère secousse, avant qu'un nuage de fumée blanc n'envahisse le ciel. Coiffés de plusieurs haut-parleurs, le dôme vert d'une mosquée à proximité tient toujours.

"On progresse en direction du fleuve, sur une distance qui ne dépasse pas les 50 ou 60 mètres", précisait le général Abdel Wahab al-Saïdi, juché sur des gros sacs de riz entreposés dans la mosquée, transformée par l'EI en entrepôt. Des dizaines de cartons y sont empilés le long des murs: bouteilles d'huile, des boîtes de conserve renfermant du concentré de tomate, des matelas sales.

 

 

Quotidien interrompu
Des centaines de milliers de civils ont réussi à fuir les combats, après avoir vécu dans des conditions terribles, subissant pénuries, bombardements et servant de "boucliers humains" à l'EI. Les Nations unies ont averti qu'un grand nombre d'entre eux allaient devoir rester déplacés pendant des mois, n'ayant plus de maison à Mossoul.

De temps en temps, une façade qui s'est écroulée dévoile un quotidien interrompu dans la vieille ville. Une horloge encore accrochée au mur, une plante d'intérieure placée dans un coin, dans une pièce aux murs jaune, qui flotte au dessus des ruines. Des casseroles en fer et des théières électriques parmi les gravats.

A quelques rues seulement, dans l'ancienne cour de la mosquée al-Nouri, dynamitée par l'EI, près de la fontaine aux ablutions couverte de graffitis, l'air est envahi par une délicieuse odeur de grillades. Des volontaires mobilisés pour aider les forces préparent des brochettes, à quelques pas du minaret pluri-centenaire détruit, et des élégantes colonnes de pierre décorées de versets du Coran calligraphiés, elles toujours debout.

 

 

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