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Liban - Élections

Rodolphe Abboud, nouveau président du syndicat des enseignants du privé

Battu, Nehmé Mahfoud récolte néanmoins 43 % des voix face à la coalition des partis au pouvoir.

Dans un bureau de vote, à Tripoli. Photo ANI

Les élections du conseil du syndicat des enseignants des écoles privées, qui se sont déroulées hier, ont porté à la tête de l'organisme Rodolphe Abboud, membre du Courant patriotique libre (CPL), dont la liste était appuyée par la majorité des partis politiques au pouvoir, écartant ainsi le président sortant, Nehmé Mahfoud, et sa liste.

Dans une atmosphère relativement calme, bien que marquée par une concurrence âpre, près de 6 000 enseignants sur les 14 897 ayant réglé leurs cotisations ont exprimé leurs suffrages à travers tous les mohafazats.

Aucun des 5 membres formant la liste incomplète de Nakabati, menée par M. Mahfoud, et formée en outre de Maha Tok, Ala' Chamoun, Magid Ayli et Yasser Hussein, n'est parvenu à percer la liste complète de 12 membres de l'Entente syndicale présidée par M. Abboud. Outre ce dernier, ce sont désormais Jamal Houssami, Ibrahim Younès, Ihab Nafeh, Charbel Hamod, Walid Jaradi, Antoine Medawar, Abdel Rahim Houmani, Charbel Demiane, Maya Matar, Alain Mounayar et Rafic Fahd qui font partie du conseil. Pratiquement seul contre tous, Nehmé Mahfoud a néanmoins réussi à obtenir 43 % des voix.

L'annonce officielle a été faite par le directeur général du ministère du Travail, Georges Ida, qui a exhorté les candidats heureux et malheureux à « s'unir en vue de servir les objectifs du syndicat dans l'éducation nationale ».

À l'issue des résultats, le président élu du syndicat a affirmé que « l'essentiel est l'intérêt des enseignants », soulignant que « la grille des salaires est légitime », avant de s'engager à « œuvrer sérieusement à son adoption ».

 

(Pour mémoire : Nehmé Mahfoud menacé d’être écarté de la présidence du syndicat des enseignants du privé)

 

« Une garantie »
Tout au long de ses trois mandats, Nehmé Mahfoud, syndicaliste indépendant, a eu à cœur de faire adopter cette grille des salaires dont le financement proviendrait d'un coup d'arrêt au gaspillage et à la corruption plutôt que de l'imposition de nouvelles taxes aux citoyens. Son implacable détermination semble, selon sa propre expression, avoir « dérangé » la majorité des partis au sein du pouvoir, notamment le CPL, le Hezbollah, le mouvement Amal, le courant du Futur et les Forces libanaises, qui ont alors apporté leur soutien à la liste de l'Entente syndicale.

Le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt et les partis de l'opposition avaient, au contraire, manifesté leur appui à la liste Nakabati. Sur son compte Twitter, le président du parti Kataëb, Samy Gemayel, s'était exprimé hier matin en ces termes : « Le président du syndicat des enseignants, Nehmé Mahfoud, représente une garantie pour le syndicat. »

Pour sa part, le Parti national libéral (PNL) avait appelé également durant la journée d'hier à voter pour la liste Nakabati, estimant, dans un communiqué, qu' « il est du droit de chaque enseignant d'exprimer sa voix de manière libre et transparente, en dépit des pressions exercées par les autorités du fait accompli ».

Parlant de transparence, l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) a fait état de nombreuses infractions commises lors du déroulement des élections. Dans un communiqué, elle a notamment déploré l'absence d'un triple cadre légal, administratif et organisationnel, qui aurait été à même d'accompagner l'opération électorale. Selon les rapports de près de 60 contrôleurs affiliés à la LADE, des électeurs ont exprimé leurs suffrages sur simple présentation d'un permis de conduire. Des cartes syndicales ont en outre été illégalement retenues et des listes électorales ont été distribuées à l'intérieur même des bureaux de vote. Les activistes ont également constaté que parmi les délégués des listes, figuraient des personnes ne faisant pas partie du corps enseignant. Ils ont évoqué par ailleurs des pressions et des chantages exercés par des responsables des écoles privées parrainant l'une ou l'autre liste, et plus généralement, ils ont dénoncé le « chaos » qui a prévalu dans les différents centres en raison du surnombre des votants.

 

(Pour mémoire : Mahfoud déplore le lien entre grille des salaires et loi électorale)

 

Accusations et contre-accusations
La victoire de la liste de l'Entente syndicale a suscité des réactions favorables, notamment celles du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, chef du CPL, ainsi que du mouvement Amal. Sur son compte Twitter, M. Bassil a estimé que ces résultats « convergent dans l'intérêt des enseignants et mettent un terme à la démagogie au sein du syndicat ».

Ces propos cinglants ont aussitôt suscité une réponse au vitriol de M. Mahfoud. « L'époque de la commission de coordination syndicale et du syndicat des enseignants était le temps de l'action syndicale honnête, à l'ombre de la démagogie politique populiste à laquelle vous avez recours, Monsieur le Ministre », a asséné l'ancien président du syndicat.

Pour le mouvement Amal, la victoire de l'Entente syndicale constitue « une victoire du mouvement syndical au Liban ». Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de son bureau éducatif, le mouvement de Nabih Berry a pressé toutes les parties politiques d' « adopter l'échelle des salaires », estimant qu' « on ne peut méconnaître ce droit et le laisser à la merci des tiraillements politiques ».

À l'opposé, le PSP a déploré « l'avènement d'une époque caractérisée par la confiscation des décisions des syndicats », dénonçant la conversion de ces organismes « en réserves partisanes, sectaires et confessionnelles ». Dans un communiqué, le parti joumblattiste a affirmé qu'il poursuivra « la bataille pour rendre le syndicat aux syndicalistes et lui restituer son rôle de défenseur de la démocratie », s'engageant à « faire face à toutes les tentatives de faire taire les voix des syndicalistes libres ». Dans le même esprit, l'ancien ministre Waël Bou Faour (PSP) a salué M. Mahfoud pour « avoir affronté torse nu l'infiltration des partis au cœur des syndicats ».

Enfin, le PNL a estimé que « l'alliance politique des partis face à l'action syndicale signifie clairement que ces partis ne veulent pas d'une action syndicale apte à demander des comptes au pouvoir ».

Les élections du conseil du syndicat des enseignants des écoles privées, qui se sont déroulées hier, ont porté à la tête de l'organisme Rodolphe Abboud, membre du Courant patriotique libre (CPL), dont la liste était appuyée par la majorité des partis politiques au pouvoir, écartant ainsi le président sortant, Nehmé Mahfoud, et sa liste.
Dans une atmosphère relativement calme, bien...
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