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Liban - Élections

Nehmé Mahfoud menacé d’être écarté de la présidence du syndicat des enseignants du privé

Face à la liste indépendante incomplète du président sortant figure une autre liste, de 12 membres, présidée par Rodolphe Abboud et soutenue par l'ensemble de la classe politique.

Nehmé Mahfoud, il y a quelques mois, lors d’une interview accordée à « L’Orient-Le Jour ». Photo Anne-Marie el-Hage

Demain dimanche, le syndicat des enseignants des écoles privées est appelé à élire son nouveau conseil. Les élections devraient se dérouler sur l'ensemble du territoire libanais, dans tous les mohafazats, et voir la participation de 7 700 votants sur 15 500 inscrits, si le quorum est atteint. Le président actuel du syndicat, Nehmé Mahfoud, se présente pour un quatrième mandat, à la tête d'une liste incomplète composée de 5 membres, baptisée Nakabati. Une liste dont il revendique la totale indépendance à l'égard des partis politiques, et du pouvoir aussi. Face à lui, Rodolphe Abboud, membre du CPL, et sa liste composée de 12 candidats. Cette dernière est soutenue par l'ensemble des partis politiques au pouvoir, à savoir le courant du Futur, le CPL, les Forces libanaises, le Hezbollah, le mouvement Amal, les Marada et la Jamaa islamiya.

Une volonté politique de détruire l'indépendance syndicale

Nehmé Mahfoud, le syndicaliste indépendant connu pour ses revendications pour les droits des enseignants et pour son combat acharné en vue de l'adoption de l'échelle des salaires, sera-t-il écarté de la présidence du syndicat des enseignants du secteur privé, l'échelle des salaires étant l'enjeu essentiel de cette élection ?
« Cela n'a rien d'étonnant. Tout est possible, les partis politiques sont déterminés à avoir sa peau. C'est dans ce sens qu'ils ont divisé le syndicat », révèle à L'Orient-Le Jour Hanna Gharib, ancien président de l'intersyndicale, aujourd'hui secrétaire général du Parti communiste libanais. « Après m'avoir écarté, de même que le syndicaliste (NDLR : administratif) Mahmoud Haïdar, ils s'en prennent aujourd'hui à Nehmé Mahfoud, car ils veulent un syndicat d'enseignants qui leur obéisse au doigt et à l'œil, et non pas des indépendants qui militent pour les droits des enseignants et pour l'échelle de salaires », déplore M. Gharib, invitant les enseignants à voter en masse pour la liste Nakabati.
De son côté, le président sortant reconnaît que les partis au pouvoir mènent une véritable guerre contre lui, car il « dérange ». « Une guerre contre les droits des enseignants, contre les grèves et les manifestations que nous menons depuis des décennies », confie M. Mahfoud. « Ils veulent me détruire comme ils ont détruit mes confrères, parce que je suis totalement indépendant », poursuit-il, observant au passage que « certaines écoles privées, lasses de voir leurs enseignants revendiquer, sont aussi de la partie ».

L'échelle des salaires en jeu

Siham Antoun, une enseignante du secondaire rattachée au Centre éducatif libanais, également syndicaliste, est tout aussi formelle. « La politisation des syndicats n'est pas chose nouvelle. Traditionnellement, le syndicat des enseignants des écoles privées était géré par quatre grandes ligues, les Makassed, Aamiliyé, les écoles catholiques et les écoles évangéliques, avec les partis et les écoles plus petites. Mais il existe effectivement une volonté de l'État d'empêcher tout mouvement de revendications, tout risque d'émeutes. Cela ne fait aucun doute », affirme-t-elle.
Elle note, en revanche, que « le conseil syndical présidé par Nehmé Mahfoud n'a pas réussi à fédérer les enseignants. Il n'a pas non plus créé de réseau de relations publiques, afin que ce syndicat soit digne de ce nom. Ce qui ne lui a pas permis d'imposer l'échelle des salaires. Personne ne lui répondait », constate Mme Antoun, évoquant la possibilité d'un vote sanction à l'égard du syndicaliste. « Toutefois, face à la liste adverse, les enseignants indépendants, soucieux de leurs droits, semblent se mobiliser pour la liste Nakabati », observe-t-elle. Il en est de même du Renouveau démocratique qui a publié un communiqué dans ce sens. Car, en cas d'échec de Nehmé Mahfoud, l'échelle des salaires risque fort de n'être plus que vœu pieux.

 

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