Face aux coupures persistantes du courant électrique, Électricité du Liban (EDL), qui a récemment mis en marche deux moteurs inversés à Jiyeh et Zouk, affirme n'avoir jamais produit autant de mégawatts (MW) au cours des dernières années. Des affirmations contestées par une source proche des Kataëb qui dénonce une volonté de faire pression sur la population en imposant plus de rationnement pour que le très controversé projet de location de deux nouveaux navires-centrales soit accepté.
De source proche d'Électricité du Liban, on apprend que « l'alimentation en MW a augmenté dernièrement, notamment avec la mise en marche des deux moteurs inversés », installés dans les centrales de Jiyeh et de Zouk, respectivement les 27 février et 24 mars derniers. Ces moteurs déploient 273 MW supplémentaires sur le réseau, soit trois heures de courant en plus en moyenne, selon les chiffres d'EDL. « Nous fournissons aujourd'hui plus de courant électrique que jamais », souligne la source en réponse à ceux qui dénoncent une augmentation des heures de rationnement, tout en rappelant qu'« en l'état actuel des choses, personne ne parle de baisser le rationnement ou d'assurer l'électricité 24h/24 ». À noter que les centrales de Jiyeh et de Zouk peuvent déployer en théorie respectivement 346 et 607 MW, selon le site internet d'EDL.
La source estime que la demande grandissante en courant électrique, notamment de la part des réfugiés syriens, est un des facteurs qui expliquent la persistance du rationnement, même si l'apport général en courant a augmenté. « La croissance qui a eu lieu ces dernières années aux niveaux social et économique n'a pas été accompagnée d'une réelle croissance au niveau de l'électricité. EDL demande qu'il y ait de nouvelles centrales électriques dans le pays. Malheureusement, ce sujet a besoin d'une entente nationale et politique car les plans et les projets existent déjà », souligne la source.
Le rationnement pour faire pression ?
Interrogée par L'Orient-Le Jour, une source proche des Kataëb estime que le rationnement en électricité est pratiqué afin de faire accepter le projet de location des nouveaux navires-centrales avancé par le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, dans le cadre de son « plan de sauvetage ». « Le dossier de l'électricité est semblable à celui des déchets. Ils ont laissé les poubelles s'amonceler dans les rues pour faire passer ce qu'ils voulaient. Ils font la même chose maintenant pour que l'on adopte les navires-centrales, indique la source. Ils sont en train de dire aux citoyens : soit vous acceptez les navires-centrales, soit il y aura davantage de rationnement », dit-elle.
Figurant parmi les cinq axes du « plan de sauvetage » pour le secteur de l'électricité, la location de deux nouveaux navires-centrales a fait l'objet de nombreuses critiques depuis sa validation « dans les grandes lignes » par le Conseil des ministres, le 28 mars. « Il est clair que le ministère de l'Énergie ne compte pas bâtir de nouvelles centrales avant d'en avoir fini avec la première étape et qui est celle de la location des barges. Mais il serait plus judicieux de lancer ces deux projets en parallèle afin d'avoir des centrales prêtes une fois le contrat de location des navires terminé », souligne la source. À noter qu'un projet de remplacement de la centrale de Jiyeh pourrait démarrer courant 2018 et qu'un projet de réhabilitation de la centrale de Zouk est en cours de négociation avec la société chargée de mener les travaux.
La source proche des Kataëb dénonce par ailleurs un manquement à la procédure d'envoi du dossier des navires-centrales à la Direction des adjudications. « Le dossier qui est arrivé à la Cour des comptes porte uniquement sur l'aspect financier alors qu'il devrait également comporter le cahier des charges et le mécanisme des appels d'offres », indique-t-elle.
Rationnement « sévère et arbitraire » à Tripoli
Le ministre du Travail, Mohammad Kabbara, a, pour sa part, fait état d'un rationnement « sévère et arbitraire à Tripoli et ses environs ». Il dénonce le fait que les propriétaires de générateurs « imposent leurs conditions et prennent avantage de l'absence du ministère de l'Énergie qui ne respecte pas ses promesses consistant à assurer des heures supplémentaires d'alimentation en courant électrique ». « Dans certains endroits, les coupures s'élèvent à plus de 6 heures par jour. La situation économique est difficile à Tripoli et dans la région. Les gens ne peuvent pas payer deux factures », a indiqué M. Kabbara.
« Le ministre de l'Énergie a inauguré il y a peu une nouvelle unité de production (à Zouk, en juin, mais le moteur était déjà en fonction depuis deux mois), mais on n'a pas l'impression qu'il y a plus de courant depuis », a déclaré le ministre du Travail. « Nous appelons le ministre de l'Énergie à assumer ses responsabilités et traiter Tripoli comme il traite les régions proches de son courant politique et qui bénéficient d'une alimentation en courant électrique exceptionnelle », a-t-il ajouté.
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commentaires (5)
L'arnaque gros calibre au vu et au su de tout le monde ... Ayez honte de votre ombre messieurs les concernes.
Remy Martin
21 h 25, le 03 juillet 2017