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À La Une - France

Hénin-Beaumont, fief de l'extrême droite, imperméable à l'effet Macron

"Macron veut faire croire que tout le monde sera riche", râle l'un. "Macron c'est un con, voilà c'est tout", tranche son voisin.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, prononce en discours de campagne, le 8 juin 2017 à Calais, trois jours avant le premier tour des législatives françaises. Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN

Accoudés au zinc dans le centre clairsemé de Hénin-Beaumont, petite ville du nord de la France devenue l'un des bastions de l'extrême droite, des habitués rivalisent de mépris pour le nouveau président centriste et libéral du pays, Emmanuel Macron.

"Macron veut faire croire que tout le monde sera riche", râle l'un. "Macron c'est un con, voilà c'est tout", tranche son voisin.

A la veille des élections législatives, cet ancien fief de gauche frappé par la désindustrialisation et le chômage qui atteint 18%, s'apprête à élire Marine Le Pen, dirigeante du Front National, au Parlement.
La chef de l'extrême droite, au programme anti-immigration et europhobe, a obtenu plus de 60% des voix à la présidentielle dans cette ancienne ville minière de 27.000 habitants où s'alignent de petites maisons en briques.

Mais les espoirs de Mme Le Pen, qui vise au moins les 15 sièges nécessaires pour former un groupe au parlement, sont loin d'être confortés par les sondages. Ils lui accordent un maximum de 12 sièges, ce qui constituerait toutefois une forte poussée par rapport aux deux dont dispose son parti aujourd'hui.

"Nous serons la seule force de l'opposition", affirme-t-elle pourtant à l'AFP, dans un paysage politique chamboulé par la déferlante Macron, novice en politique qui a créé son propre mouvement, mettant fin au bipartisme traditionnel en France entre gauche et droite.
"Nous allons enregistrer un record historique de voix aux élections législatives", a-t-elle assuré lors d'un entretien dans son modeste QG de campagne, forte de ses 10,6 millions de voix à la présidentielle.
A droite, la plupart "ont tendu la main au président" et la gauche socialiste a été "absorbée" par le mouvement présidentiel, ajoute-t-elle avec dédain.

 

(Repère : Législatives en France: ce qu'il faut savoir sur le scrutin)

 

'Selfies sur les marchés'
Ludovic Seynaeve-Dausse, qui travaille dans une petite entreprise agricole, se réjouit de la perspective de Mme Le Pen à l'Assemblée: "Elle va gueuler fort!".

Le parti a enregistré certains de ses meilleurs scores dans ce nord déshérité où le tissu industriel a été sinistré par les effets de la mondialisation.

De nombreuses divisons internes agitent cependant le Front National, notamment sur la question de la zone euro et la prise de distance de la très populaire Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine, après une campagne présidentielle jugée décevante.

Marine Le Pen a mené une campagne législative bien moins effrénée. Elle n'a pas participé au premier débat télévisé local sur Hénin-Beaumont et est arrivée à la dernière minute pour le second mercredi.

Elle s'est principalement cantonnée "aux selfies sur les marchés", affirme la candidate écologiste de la circonscription, Marine Tondelier. Au niveau national, Marine Le Pen a tenu un seul meeting de campagne à Calais, jeudi soir, pour soutenir la candidature de son proche conseiller et beau-frère Philippe Olivier, marteler son discours anti-migrants et appeler les "patriotes" à la mobilisation.

S'il a autrefois donné son bulletin au FN, Bernard Bonnaillie, 66 ans, a choisi à la présidentielle de voter blanc, comme 11,5% des électeurs français - un record.

 


"On reviendra au franc, et puis quoi après?", demande ce transporteur routier à la retraite, dans la brasserie de Hénin-Beaumont.
Marine Le Pen "a montré ses limites à la présidentielle. Elle est faite pour être dans l'opposition", juge un autre client.
Cela dit, "si Macron se loupe, ça créera un boulevard pour elle", reprend Bertrand Bonnaillie.

Dans un petit supermarché du centre, Marie-Claude Duchateau, retraitée de 64 ans, ne veut soutenir ni Macron ni Le Pen et dit son désarroi face au nouveau paysage politique.
"J'ai voté en conscience au premier tour. Maintenant quand je vois le résultat, je me dis qu'on s'est tous fait avoir!

 

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