Ils sont jeunes, parfois très jeunes, ou beaucoup plus âgés. Ils viennent pour le bac à sable, pour marcher, pour partager les histoires du quartier ou écouter celles de Randa, la conteuse. Ils sont libanais, syriens ou irakiens. Ils sont retraités, actifs, sans emploi, réfugiés. Ils viennent combler les failles de leur solitude, trouver un peu de solidarité, s'offrir un moment de paix ou évacuer l'énergie débordante de leur famille nombreuse.
Eux, ce sont les habitués du Jardin des jésuites, dans le quartier de Jeïtaoui, à Beyrouth.
Ce jardin, construit dans les années soixante, ce sont 54 bancs sur lesquels on rêve et on échange ; ce sont 86 arbres sous lesquels on déambule et on respire. Dans ce jardin, des liens se créent, des amitiés se nouent, des enfants grandissent, des journées se remplissent.
À plusieurs reprises, la dernière fois étant en mars de cette année, la municipalité de Beyrouth a envisagé de retourner ce jardin pour construire un parking en son sous-sol. La réaction des habitués a été immédiate : pas question de détruire ce jardin. Même pour quelques mois. La municipalité semble avoir remis le projet dans ses tiroirs.
Nous aurions pu vous expliquer, en long en large et en travers, pourquoi il est important de protéger ces 4400 m2 de jardin (un demi-terrain de foot...) dans une ville de plus en plus bétonnée, à l'urbanisme anarchique. Nous avons préféré vous inviter à entrer dans cette bulle à travers le portrait de quelques habitués. Vous montrer comment, ensemble, dans les allées, le bac à sable, sur les bancs et sous les arbres du jardin, ils donnent à un quartier de Beyrouth un supplément d'humanité, un supplément d'âme.
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commentaires (5)
Faudrait surtout penser à construire de vastes stationnements souterrains sur plusieurs niveaux sous ses jardins pour améliorer la qualité de vie des habitants de ces quartiers. Et ensuite réaménager les jardins et les espaces de jeux.
Nadine Naccache
10 h 14, le 14 juin 2017