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A la découverte du petit monde du Jardin des Jésuites - A la découverte du Jardin des jésuites

Zeid: « C'est le Jardin des jésuites qui donne son âme au quartier »

Mekdes, Zeid et Abel.

Après l'école, Abel et sa maman, Mekdes, vont toujours au Jardin des jésuites. photo Anne ILCINKAS

Il est 17 heures, en ce mardi après-midi, quand Zeid Hamdan et son fils de 4 ans, Abel, arrivent au Jardin des jésuites les bras chargés de jouets, camions, pelles, tube à bulle et ressort ondomania. Des enfants jouent déjà dans un coin, tandis que leurs aînés bavardent sur les bancs.


Père et fils se dirigent d'un pas résolu vers l'arc en métal, où les enfants ont l'habitude de grimper. Là, ils s'agenouillent dans le sable. « La pierre est là ! » lance Abel. « Et voilà le bâton », poursuit son père en l'exhumant. « Allez Abel, prends la pelle et creusons ! » Quelques minutes plus tard, une petite boîte jaune est déterrée, devant les autres enfants du parc totalement ébahis. « Notre trésor, pirate ! » jubile Zeid Hamdan. À l'intérieur, quelques pièces de 500 et 250 livres libanaises. « Allez Abel, rajoutons quelques pièces et enterrons le coffre au trésor ailleurs. » L'emplacement choisi : là où le tape-cul vert touche le sol. Sitôt les premières pelletées de sable enlevées, père et fils comprennent que l'endroit sert de litière aux chats. Une odeur acre et acide envahit l'air. Pas suffisant pour décourager le duo.

 

 

Pour Zeid Hamdan, ce jardin est un véritable joyau, le poumon du quartier. « On a emménagé ici justement à cause du jardin », explique le musicien, producteur et compositeur de 40 ans. C'était il y a presque deux ans. « Ce quartier sans le jardin, c'est inimaginable, poursuit-il. C'est lui qui lui donne son âme, son atmosphère de village, cette convivialité. Si le jardin disparaît, je m'en vais. »


Quand la municipalité a semblé, il y a quelques mois, vouloir remettre sur le tapis un projet de construction de parking sous le jardin, le sang du jeune papa n'a fait qu'un tour. « Y a-t-il un seul habitant ici qui voudrait transformer le jardin en parking ? » Interrogé par L'Orient-Le Jour sur ce projet, un responsable de la municipalité avait assuré que les habitants seraient consultés. Ce qui a été fait. « Si ça dépend vraiment des habitants, alors j'ai espoir. D'un autre côté, comment faire confiance à la municipalité de Beyrouth ? Il y a eu tant de promesses non tenues, tant de corruption... Je pense qu'il faut foutre la paix à ce jardin, il est très bien comme il est, poursuit Zeid Hamdan, visiblement ému derrière ses lunettes vintage. Les gens se débrouillent pour garer leurs voitures, ils l'ont toujours fait. Enfin, moi je dis ça, mais je me déplace à bicyclette, je n'ai pas de voiture... »


Zeid doit partir quelques instants, une course à faire, laissant Abel aux bons soins de sa femme Mekdes, qui les a rejoints. Celle-ci, sourire éclatant et longs cheveux noirs, aide Abel à descendre de la structure en métal. « Chaque jour, après l'école, on ne se pose pas de questions, on vient au parc. On y fait plein de belles rencontres, explique la jeune femme qui a quitté l'Éthiopie il y a 12 ans pour le Liban. Ici, j'ai rencontré une Irakienne par exemple. Elle a deux filles. On se téléphone et on se retrouve au parc. Les enfants jouent ensemble, et nous aussi nous passons du bon temps. »

 


Installée depuis près de deux ans dans le quartier, la famille y a fait sa vie. Le musicien y a son studio d'enregistrement à quelques rues du jardin. Mekdes a ouvert son salon de beauté non loin de là, à Bourj Hammoud. « J'ai évoqué avec Zeid la possibilité de partir vivre quelque temps en France. C'est son deuxième pays après tout, il y a beaucoup d'amis et de la famille. Mais c'est inimaginable pour lui, qui a grandi ici, entre Achrafieh et Gemmayzé. Et c'est vrai qu'on est bien dans ce quartier, c'est très tranquille, personne ne nous embête. On y est très heureux. »

De retour, Zeid Hamdan salue Hammoudi, le fils de Chamsa, une réfugiée syrienne du quartier (voir son portrait ici). Il est 18h10. Les derniers rayons du soleil font de la résistance dans un coin du parc. Abel, Zeid et Mekdes récupèrent les jouets couverts de sable, les rincent sous le robinet du jardin et se mettent en route pour la maison. Demain, Abel se lève à 5h45. Mais une fois l'école terminée, c'est ici, au jardin, qu'il reviendra jouer. Comme chaque jour.

 

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Il est 17 heures, en ce mardi après-midi, quand Zeid Hamdan et son fils de 4 ans, Abel, arrivent au Jardin des jésuites les bras chargés de jouets, camions, pelles, tube à bulle et ressort ondomania. Des enfants jouent déjà dans un coin, tandis que leurs aînés bavardent sur les bancs.
Père et fils se dirigent d'un pas résolu vers l'arc en métal, où les enfants ont l'habitude de...

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