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A la découverte du petit monde du Jardin des Jésuites - A la découverte du Jardin des jésuites

Nabih et Augustine ont vu naître le Jardin des jésuites

Nabih et Augustine.

Nabih et Augustine sur leur banc, dans le Jardin des jésuites. Depuis qu'ils sont à la retraite, ils y viennent régulièrement. photo Anne ILCINKAS

Il est midi. Sur un banc du Jardin des jésuites à Achrafieh, deux hommes regardent le temps passer. L'un d'eux se lève en s'excusant, il doit partir. L'autre, élégant en veste bleu pétrole et pantalon gris, affiche un sourire accueillant derrière ses lunettes de soleil marron.
« J'habite en face du jardin depuis 1966 », explique Nabih Moubarak, dont la silhouette svelte et les cheveux blancs épais ne laissent pas deviner ses 83 ans. Nabih Moubarak raconte avoir fait sa carrière dans le service des douanes, quand débarque son épouse, Augustine Howayek, tenue de sport et démarche énergique.

 

 

C'est en 1966 que le Jardin des jésuites a vu le jour. Et c'est aussi en 1966 qu'Augustine et Nabih se sont mariés. « C'était un mariage arrangé par nos parents, moi je ne voulais pas de lui ! Mais 51 ans, quatre enfants et 11 petits-enfants plus tard, je ne regrette pas de l'avoir épousé », assure Augustine dans un grand sourire.
Originaires de Bkaatouta, les Moubarak possèdent une résidence secondaire dans ce village du Mont-Liban. « Nous y passons six mois de l'année, entre avril et décembre. C'est là-bas que nous nous sommes réfugiés durant la guerre de 1975-1990 », raconte Nabih.
Lorsque le couple a emménagé à Achrafieh, le jardin était en cours de construction. « Je ne m'y rendais que très rarement. Vous savez, nous avons notre jardin à la montagne et nous en profitons tout le temps. C'est souvent ceux qui n'ont pas de résidence secondaire à la montagne qui viennent passer du temps dans ce jardin, explique-t-il. Mais depuis que mon épouse et moi sommes à la retraite, c'est-à-dire depuis plus de dix ans, nous venons régulièrement ici. »

 

« Je me rappelle que le jardin a été inauguré la première semaine de décembre en 1966, enchaîne Augustine. À l'époque, on célébrait chaque année la Semaine de l'arbre. » Nabih et son épouse se chamaillent quant à la date exacte de l'inauguration. C'est elle qui remporte le duel. « J'ai une mémoire d'éléphant, vous savez », dit-elle avec un sourire narquois.


« Lorsque nos enfants puis nos petits-enfants étaient jeunes, nous passions tous ensemble du temps dans le jardin », se rappelle celle qui a été directrice d'école publique entre 1962 et 1993. « Depuis 50 ans, presque rien n'a changé dans ce jardin. Peut-être un arbre en plus, un arbre en moins... », poursuit-elle.
Et Nabih d'ajouter : « Avant la construction du jardin, il y avait moins d'immeubles dans le périmètre. Il y avait des eucalyptus et même une ferme et des vaches qui appartenaient aux jésuites. »


Nabih et Augustine, malgré son hernie discale, viennent au jardin pour faire un peu de marche. « La marche, c'est sacré pour nous », lancent-ils. Mais Nabih ne reste dans le jardin que s'il croise une connaissance, ou si sa femme l'accompagne. « Je ne reste jamais seul ici », assure-t-il. Ce qui amuse Nabih au Jardin des jésuites, ce sont « les vieux qui chantent et qui fument à la chaîne ». « Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer », ajoute-t-il après un silence.

 

 

Le parking, que la municipalité a envisagé, un moment, de construire sous le Jardin des jésuites, Nabih n'est pas fondamentalement contre. « Je suis en faveur du principe de construire un parking, mais à condition que le parc soit maintenu. En fin de compte un parking est rentable, mais le jardin doit être préservé. »
Augustine bondit. « Je suis catégoriquement contre la construction d'un parking ici. On devrait plutôt planter davantage d'arbres. Un nouveau parking n'est d'aucune utilité dans cette zone. » D'un mouvement du bras, elle montre deux parkings situés en face du jardin. « Il y en a un là, et un autre là-bas. Pourquoi en construire un troisième ? » « Il y a aussi les trottoirs qui font office de parking », plaisante Nabih. « Tu exagères ! » lui répond son épouse en riant. « Ce jardin appartient à tout le monde, il ne peut pas disparaître », lance encore Augustine en tirant le bras de Nabih. Il est temps de reprendre la marche.

 

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Il est midi. Sur un banc du Jardin des jésuites à Achrafieh, deux hommes regardent le temps passer. L'un d'eux se lève en s'excusant, il doit partir. L'autre, élégant en veste bleu pétrole et pantalon gris, affiche un sourire accueillant derrière ses lunettes de soleil marron.« J'habite en face du jardin depuis 1966 », explique Nabih Moubarak, dont la silhouette svelte et les cheveux...

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