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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le défi de Trump au reste du monde... et à la majorité des Américains

En piétinant un accord historique, les États-Unis rendent plus difficile la lutte contre le changement climatique.

Mike Schmidt/Greenpeace Germany/Handout via Reuters

On n'en attendait pas moins du 45e président américain. En prenant la décision de se retirer de l'accord de Paris sur le climat, signé 18 mois plus tôt par plus de 190 pays et entré en vigueur le 4 novembre 2016, Donald Trump a fait un bras d'honneur au monde entier, mais aussi et surtout, mis à mal l'objectif principal dudit accord ; réduire à moins de 2° C le réchauffement mondial par rapport à l'ère préindustrielle. Les États-Unis s'étaient engagés, sous l'égide de Barack Obama, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28 % d'ici à 2025 par rapport à 2005. Sauf que le milliardaire américain avait fait la promesse lors de sa campagne de relancer l'industrie du charbon, un projet en contradiction avec la transition énergétique.

Cette annonce faite par ce climatosceptique convaincu a rapidement provoqué la stupéfaction générale. Au-delà de la symbolique politique d'autoexclusion, matérialisée à travers cette sortie d'un accord historique, unanimement réaffirmé par ses signataires lors du sommet du G7 la semaine dernière, le retrait américain aura plusieurs conséquences dans le monde, mais plus précisément sur le pays, dont certaines sont d'ores et déjà visibles.

 

(Lire aussi : Aux Etats-Unis, villes et Etats s'allient dans un climat de résistance)

 

Ce retrait pourrait avoir pour première conséquence de refréner la lutte contre le changement climatique. Deuxième pollueur mondial après la Chine, les États-Unis vont, par ce retrait, rendre plus difficile à atteindre le but fixé par les pays ayant ratifié l'accord. Le pays de l'Oncle Sam pourrait être responsable d'une hausse de 0,3° C d'ici à la fin du siècle sur celle de 2° à 3°C qui se profile, selon les projections de l'équipe de chercheurs Climate Interactive relayées par l'agence Associated Press. Ce retrait pourrait avoir pour conséquence de produire des émissions de plus de 3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone supplémentaires par an. En dépit du tollé provoqué par la décision du président américain, le ministre des Affaires étrangères Rex Tillerson a jeté de l'huile sur le feu en minimisant la portée de l'accord. « Je pense qu'il est important que tout le monde reconnaisse que les États-Unis ont un bilan fantastique en termes de réduction de nos propres émissions de gaz à effet de serre. C'est quelque chose dont nous pouvons être fiers », a déclaré M. Tillerson, ajoutant que « cela s'est fait sans l'accord de Paris ». Les États-Unis ont toutefois assuré poursuivre leurs efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

 

(Lire aussi : Macron : Les États-Unis ont tourné le dos au monde)

 

Désastre économique
C'est au niveau économique que cette décision risque d'affecter le plus les États-Unis. Donald Trump a toujours cru dur comme fer que cet accord « handicapait l'économie américaine ». Mais pour la plupart des économistes, le retrait américain risque de provoquer « un désastre » sur le long terme sur l'économie mondiale, mais aussi et surtout américaine. La vision négative de Donald Trump sur l'accord de Paris – non contraignant et permettant à chaque pays de se fixer des objectifs – est « totalement erronée » d'un point de vue économique, estime Waël Hmaydan, directeur exécutif du Climate Action Network international (CAN). « Donald Trump risque de porter un gros coup à l'économie américaine et de ramener des années en arrière son pays en termes d'innovations énergétiques », poursuit l'entrepreneur social. Une décision jugée « très dangereuse » et « complètement irresponsable », par Julien Jreissati, chargé de campagne dans le monde arabe chez Greenpeace. À l'heure actuelle, le secteur de l'énergie renouvelable est moins important que celui de l'énergie fossile, mais il emploie déjà davantage de monde.
« Il y a de quoi faire de grands bénéfices économiques. La Chine va en profiter, l'Union européenne aussi, le monde arabe en profite déjà, et les États-Unis vont rester bloqués dans le passé », poursuit Julien Jreissati. En brandissant une fois encore son slogan America First, Donald Trump a creusé un peu plus le fossé.

De nombreuses figures du monde économique ont fait part de leur déception et insisté sur l'urgence d'agir face au réchauffement. De New York à la Californie, plusieurs dizaines de villes et d'États américains ont immédiatement organisé la résistance, promettant qu'au niveau local, l'Amérique continuerait d'avancer vers une économie verte. De son côté, Barack Obama a amèrement regretté l'arbitrage de son successeur, mais gardait espoir que « nos États, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures ». Au-delà de la secousse que représente cette annonce, l'inquiétude est réelle concernant les financements, tant pour la Convention climat de l'ONU (23 % du budget apporté par les Américains) que pour l'aide internationale aux pays les plus pauvres, à l'instar du Fonds vert.
« Le Fonds vert (de l'ONU) sur le climat coûte une fortune aux États-Unis », a déploré le locataire de la Maison-Blanche. « Nous allons devoir payer (...) potentiellement des dizaines de milliards » au Fonds vert. Mais pour l'ex-président de la COP21 Laurent Fabius, l'Américain a dit « n'importe quoi » en parlant d'un Fonds à 100 mds. En fait, le Fonds vert est doté de 10 mds de dollars, dont trois ont été promis par les États-Unis – qui n'en ont finalement versé qu'un seul, et « le principal contributeur reste l'Europe », rappelle Waël Hmaydan.

 

(Lire aussi : "Make our planet great again" : Macron bat le record français sur Twitter)

 

Perte de soutiens
De nombreux observateurs craignaient hier que l'annonce américaine ait un effet « boule de neige » sur d'autres pays ayant ratifié l'accord. Mais c'est tout le contraire qui s'est produit, à tel point que les Américains n'ont jamais paru aussi isolés sur la scène internationale. « Le président américain donne l'image d'un pays qui ne respecte pas ses engagements, ce qui peut affecter à l'avenir d'autres conventions et traités internationaux », estime Julien Jreissati. « M. Trump va perdre beaucoup de ses soutiens internationaux et nationaux à cause de cette décision », renchérit Waël Hmaydan.

L'UE et la Chine se sont affichées hier comme les nouveaux porteurs de flambeau de la diplomatie climatique. Pékin s'est dit prêt à « chérir le résultat chèrement gagné » à Paris. Même s'il n'a pas encore ratifié l'accord, Moscou a pour sa part assuré qu'il ne reviendrait pas a priori sur sa décision de rejoindre l'accord de Paris de lutte contre le changement climatique. Aucune puissance n'a, pour l'heure, emboîté le pas à Washington qui rejoint le Nicaragua et la Syrie, seuls pays n'ayant pas signé l'accord. Aucun pays n'aurait intérêt à aller dans le sens des États-Unis. Le monde arabe en particulier qui figure parmi les premières victimes du réchauffement climatique, de la désertification et de l'appauvrissement des ressources en eau. Pour Julien Jreissati, les pays arabes ont intérêt à se tourner vers le Maroc, les EAU et la Jordanie, qui ont, eux, commencé leur transition énergétique et qui peuvent jouer le rôle de leader dans notre région. L'Arabie saoudite, unique représentant arabe dans le G20, aura la lourde tâche de faire front contre la décision américaine. « Le royaume sait qu'il peut tirer profit du secteur des énergies renouvelables », conclut Waël Hmaydan, qui estime qu'aucun pays arabe ne ferait l'erreur de se retirer de l'accord de Paris, au risque de se retrouver isolé.

 

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commentaires (4)

On ne finira jamais de dénoncer cette aberration historique qu'à été l'élection d'un lunatique pareil à la tête de la première super-puissance au monde. On a beau reprocher aux USA tous les maux de la planète, mais au moins, il y avait une démocratie consensuelle, contrôlée par un congrès et un sénat, une opinion publique et une presse plus ou moins balancée avec droit à la libre parole et un capitalisme bien que par moments sauvage, mais qui a permis l'éclosion d'énormes avancées technologiques dont le monde entier profite.. Malheureusement, on assiste avec la venue de Mr Trump à un régression à tous les niveaux, tant intellectuel, politique, social, économique, climatique et de la globalisation mondiale, des avancées scientifiques, de son rôle de leader du monde libre, et j'en passe... Si le monde entier, pas seulement les américains, ne se réveille pas à ce danger planétaire, par une résistance active, les catastrophes vont se multiplier partout. Espérons un impeachment prochain, et que le bon sens l'emporte.

Saliba Nouhad

22 h 51, le 03 juin 2017

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Commentaires (4)

  • On ne finira jamais de dénoncer cette aberration historique qu'à été l'élection d'un lunatique pareil à la tête de la première super-puissance au monde. On a beau reprocher aux USA tous les maux de la planète, mais au moins, il y avait une démocratie consensuelle, contrôlée par un congrès et un sénat, une opinion publique et une presse plus ou moins balancée avec droit à la libre parole et un capitalisme bien que par moments sauvage, mais qui a permis l'éclosion d'énormes avancées technologiques dont le monde entier profite.. Malheureusement, on assiste avec la venue de Mr Trump à un régression à tous les niveaux, tant intellectuel, politique, social, économique, climatique et de la globalisation mondiale, des avancées scientifiques, de son rôle de leader du monde libre, et j'en passe... Si le monde entier, pas seulement les américains, ne se réveille pas à ce danger planétaire, par une résistance active, les catastrophes vont se multiplier partout. Espérons un impeachment prochain, et que le bon sens l'emporte.

    Saliba Nouhad

    22 h 51, le 03 juin 2017

  • A QUOI ÇA SERT DE SE PLAINDRE DE CE CLOWN PUISQUE DE TOUTE FAÇON S'IL VENAIT À DÉGAGER UN AUTRE CLOWN AVEC UN AUTRE NOM AVEC LA MÈCHE JAUNIE EN MOINS LE REMPLACERAIT. L'AMÉRIQUE EST AUX ABOIS ET C'EST PAS UN CLOWN DE PLUS OU DE MOINS QUI LA RENDRAI GREAT AGAIN. QUAND EST CE QU'ON ATTAQUE LA CORÉE DU NORD POUR QUE ENFIN ON CHANGE LA DONNE ? ???? HAHAHA. ..

    FRIK-A-FRAK

    15 h 05, le 03 juin 2017

  • LE TYPE... S,EN TAPE... MAIS SES GAFFES DEVIENNENT SI NOMBREUSES... QUE L,EJECTION POINTE A L,HORIZON...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 06, le 03 juin 2017

  • Le bonhomme a très clairement indiqué durant toute sa compagne électorale qu’il allait se retirer de l’accord de Paris sur le climat s’il serait élu président des Etats Unis. Et il a été élu président à une grande majorité des américains, selon les règles de son pays. Alors on s’y attendait bien à son action. Donc, il ne doit pas y avoir de stupéfaction générale.

    George Bitar

    09 h 14, le 03 juin 2017

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