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Liban - Exécutif

Désengagement « en douceur » de la déclaration de Riyad

Le Conseil des ministres réuni, hier, à Baabda. Photo Nasser Trabulsi

C'est dans une ambiance « relativement douce » que le Conseil des ministres a discuté hier à Baabda du sommet de Riyad, selon une source ministérielle. Les ministres du Hezbollah avaient souhaité que la position officielle du Liban à l'égard de la déclaration finale soit précisée. Le cabinet l'a fait en se désengageant implicitement de cette déclaration, sans toutefois risquer de provoquer les pays du Golfe. Il s'est référé à cette fin au discours d'investiture du président Michel Aoun et à la déclaration ministérielle. Le président Aoun – qui s'est entretenu avant la réunion avec le Premier ministre Saad Hariri – a rappelé l'« ambiguïté » de la publication de la déclaration de Riyad, avant de conclure qu'« en tout état de cause, le Liban est engagé en faveur du discours d'investiture et de la déclaration ministérielle », selon le procès-verbal du Conseil.

Saad Hariri a signalé que la politique officielle est « clairement » formulée dans ces deux documents. Il a plaidé ainsi pour « que l'atmosphère positive continue de prévaloir entre les parties politiques et que le Liban reste à l'écart des chamboulements régionaux, et s'abstienne d'être partie prenante à un conflit ou un litige ». C'est sous le signe de la cohésion interne que M. Hariri a ajouté que « la déclaration de Riyad n'engage pas obligatoirement les participants au sommet ». Il a ainsi paru faire un pas en arrière, surtout que la déclaration du bloc du Futur avait salué la veille le document en question.

Mais le chef du gouvernement a équilibré ses propos en rappelant « l'adhésion du Liban au pacte de la Ligue arabe, son appartenance arabe et son souci constant de restaurer ses relations avec tous les États arabes et les autres pays ». Et d'ajouter : « Notre présence en Arabie a pavé la voie à de nombreuses rencontres avec plusieurs rois et présidents, (...) que nous avons invités à se rendre au Liban. Nous nous sommes également entendus avec des responsables saoudiens pour réunir la haute commission économique au cours du mois de ramadan. »

Cet équilibre entre « l'intérêt national », d'une part, et « la sauvegarde des relations extérieures », de l'autre, a été souhaité par certains ministres, dont Marwan Hamadé. Ce à quoi le chef de l'État se serait montré réceptif.

En somme, « le Conseil des ministres a procédé à une banalisation de la déclaration de Riyad : il n'y a pas adhéré, puisqu'il a estimé que cette adhésion n'était pas obligatoire, ni ne l'a désavouée, puisqu'il est passé outre à la polémique en évoquant les relations avec l'Arabie saoudite », constate M. Hamadé à L'Orient-Le Jour.

Personne n'est en mesure de dire, toutefois, si cela suffit à prémunir le Liban de représailles politiques du Hezbollah. De sources bien informées, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, se serait rendu hier à Baabda pour sonder le chef de l'État sur le sommet de Riyad et la loi électorale.

 

« Équilibre de la terreur »
Sur le dossier de la loi électorale, une sorte « d'équilibre de la terreur » semble s'instaurer face à la menace du vide. D'une part, le bloc du Changement et de la Réforme – qui n'a pas partagé la veille la position du président favorable à un retour in fine à la loi de 1960 – semble faire une sorte de chantage au vide au président de la Chambre. De l'autre, certains partis, comme le Hezbollah, n'ont toujours pas renoncé à leur velléité de revoir le système, donc de tirer profit du vide, le cas échéant. Il semble néanmoins que ni l'un ni l'autre ne soit enthousiaste à l'option du vide, aléatoire et « incontrôlable », selon une source ministérielle. Le climat en Conseil des ministres aurait en tout cas trahi « une peur partagée » du vide et révélé l'existence d'un « accord entre toutes les parties pour l'ouverture d'une séance parlementaire extraordinaire le 29 mai courant, pour trancher le débat autour des législatives », selon la même source. Le réajustement de la grille salariale aurait été inséré à l'ordre du jour de la séance comme incitation aux plus récalcitrants à y prendre part.

Le compte-rendu du Conseil des ministres s'est contenté de rapporter les appels du Premier ministre à mettre au point une nouvelle loi « par tous les moyens (...) pour éviter le vide ou le retour à la loi de 1960 (...) ». Le président Aoun s'est pour sa part formellement prononcé contre le vide et a rappelé que « notre principal objectif à l'heure actuelle est d'aboutir à une nouvelle loi ». Et de souligner que l'usage qu'il a fait de l'article 59 de la Constitution avait pour objectif de « faire gagner du temps au Parlement ».

 

Riad Salamé pour 6 nouvelles années
Sur un autre plan, le Conseil des ministres a créé la surprise en approuvant, en dehors de l'ordre du jour, la reconduction du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, pour un nouveau mandat de six ans. Ce dossier avait été reporté cinq fois par le Conseil des ministres suite à certaines réserves du camp aouniste.

Prenant de court les ministres hier après l'examen de tous les points de l'ordre du jour, le président de la République a signalé qu'il y avait « encore une chose importante : je propose de reconduire M. Salamé au poste de gouverneur. Y a-t-il quelqu'un qui s'y oppose ? » C'est un « grand silence, mélange de surprise et d'approbation », qui se serait alors installé, selon une source de la réunion. « La reconduction approuvée à l'unanimité par le Conseil des ministres, à l'initiative du président », a été saluée hier dans un communiqué par l'association des développeurs fonciers au Liban (Redal). Le gouverneur a également été félicité par le président de la Fédération des Chambres de commerce de Beyrouth, Mohammad Choucair. Il a estimé que « la confiance de la communauté internationale et ses instances bancaires et financières s'est renouvelée à l'égard du Liban ».

Parmi les principales décisions prises hier, la validation de la demande du Conseil du développement et de la reconstruction d'obtenir un crédit d'une valeur d'un milliard six cents millions de dollars US pour poursuivre la deuxième phase des travaux de liaison de la route de Roumieh-Beit Méry.

 

 

 

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C'est dans une ambiance « relativement douce » que le Conseil des ministres a discuté hier à Baabda du sommet de Riyad, selon une source ministérielle. Les ministres du Hezbollah avaient souhaité que la position officielle du Liban à l'égard de la déclaration finale soit précisée. Le cabinet l'a fait en se désengageant implicitement de cette déclaration, sans toutefois risquer de...

commentaires (6)

je veux rassurer aussi les libanais .. rien ne se passera au liban car en premier lieu cela ne sera pas a l'avantage de la moumana3a, deuxièmement pour les grandes puissances et aussi pour l'arabie saoudite le liban stratégique n'est pas a calculer .. c'est l'iran qui est viser et c'est précisément la que se passera la nouvelle donne et par conséquent cela se répercutera sur ces satellites un peu partout au MO !!!

Bery tus

20 h 10, le 25 mai 2017

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Commentaires (6)

  • je veux rassurer aussi les libanais .. rien ne se passera au liban car en premier lieu cela ne sera pas a l'avantage de la moumana3a, deuxièmement pour les grandes puissances et aussi pour l'arabie saoudite le liban stratégique n'est pas a calculer .. c'est l'iran qui est viser et c'est précisément la que se passera la nouvelle donne et par conséquent cela se répercutera sur ces satellites un peu partout au MO !!!

    Bery tus

    20 h 10, le 25 mai 2017

  • Une phrase qui n'a rien à voir : "Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose". Joseph Goebbels en 1940.

    Un Libanais

    19 h 27, le 25 mai 2017

  • Ça clos le bec à certains articles qui nous parlent de nouvelle donne. Rien ne bougera chez nous ni autour de nous tant que la résistance reste solide sur ses bases indestructibles. Wa Salam.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 02, le 25 mai 2017

  • "...le réajustement de la grille salariale aurait été insérée à l'ordre du jour de la séance comme incitation aux plus récalcitrants à y prendre part..." En somme, comme on promet des bonbons à des gamins pour qu'ils fassent leur devoir... Mais chez nous le problème est que ces "gamins" irresponsables et nuls en tout...prétendent diriger le Liban ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 45, le 25 mai 2017

  • DESENGAGEMENT QUI EST COMPRIS PAR LES AUTRES COMME UN AUTRE ENGAGEMENT... ET CA FAIT DU MAL AU PAYS !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    10 h 43, le 25 mai 2017

  • À chaque moment au Liban, dans le jeu d'équilibrisme politique visant à rechercher des consensus virtuels, dix déclarations prêtes-à-l'emploi, toutes contradictoires, avec pour seule unité, la source qui les émets sans sourciller, attendent de sortir du tiroir. C'est alors que toute la classe politique se regarde, se félicite mutuellement d'avoir échappé au ' piège ' et maintenu l'unité! Ainsi va la vie. Politique.

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 48, le 25 mai 2017

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