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À La Une - Repère

Comment doivent se mettre en place les "zones de désescalade" en Syrie ?

Où se trouvent-elles ? Quel est le calendrier ? Quelles sont leurs chances de succès ?

Le général Sergueï Roudskoï, haut responsable de l'état-major russe, lors d'une conférence de presse à Moscou, en Russie, le 5 mai 2017. AFP / Vasily MAXIMOV

La Russie et l'Iran, alliés du président Bachar el-Assad, et la Turquie, soutien des rebelles, ont adopté un plan russe créant des "zones de désescalade", c'est-à-dire sécurisées, dans plusieurs régions de Syrie.

 

Où sont ces zones ?
Selon le plan signé jeudi à Astana, elles seront instaurées dans des secteurs dépendant des huit provinces syriennes où se trouvent des rebelles.

Une zone comprendra la province d'Idleb (nord-ouest), contrôlée par une coalition de rebelles islamistes et de jihadistes dont le Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'el-Qaëda), et des secteurs de celles de Lattaquié, Hama et Alep.

Dans le centre du pays, il y aura aussi une zone dans la province de Homs.

Un autre secteur sécurisé sera établi dans la Ghouta orientale, le plus important bastion rebelle dans la grande banlieue de Damas, avec des villes comme Douma ou Harasta, même si le régime est aussi présent dans cette région.

 

(Pour mémoire : Syrie : Trump et Poutine ont évoqué la question des zones de sécurité)

 

Et dans le sud, seront concernées une partie des provinces de Deraa et Qouneitra, contrôlées majoritairement par les rebelles. Une formation alliée au groupe jihadiste État Islamique (EI) est également présente dans ces deux gouvernorats.

Selon le général Sergueï Roudskoï, haut responsable de l'état-major russe, 2,67 millions de civils et 41.500 rebelles sont concernés. D'après le géographe français Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, ces zones représentent plus de 20% des territoires non désertiques du pays (24.000 sur 95.000 km2) et 2,4 millions d'habitants.

Il n'y aura pas de "zones de désescalade" dans les trois provinces totalement sous contrôle du régime (Damas, Tartous et Soueida) ainsi que l'est et le nord-est du pays, où se trouvent les jihadistes de l'EI et la coalition kurdo-arabe qui les combat avec l'appui des Etats-Unis.

 

(Lire aussi : Plus de 45 morts dans un assaut jihadiste contre un camp de déplacés)

 

Quel calendrier ?
Deux semaines après la signature, soit le 18 mai, sera formé "le groupe de travail commun" qui établira, d'ici le 4 juin, les cartes précises de ces "zones de désescalade" ainsi que des "zones de sécurité" attenantes, et devra résoudre les problèmes techniques et opérationnels.

Dans le même temps, les garants devront séparer les groupes armés de l'opposition des "groupes terroristes" qui sont, selon le document, l'EI, "le Front al-Nosra" (ancien nom désignant l'actuel Fateh al-Cham) et tous les groupes, entités et individus qui leur sont affiliés.

Les "zones de désescalade" seront créées pour une durée de six mois, pouvant être prolongée par consensus des trois garants.

 

Comment cela va-t-il se traduire?
Dans les "zones de désescalade", les forces gouvernementales et les groupes armés de l'opposition qui sont partie prenante ou rejoindront le cessez-le-feu initié par la Russie et la Turquie le 30 décembre 2016, devront cesser d'utiliser tout type d'armes y compris l'aviation. Les avions de la coalition internationale menée par les Etats-Unis ne pourront pas y opérer, a affirmé vendredi un haut diplomate russe.

Dans ces zones, l'accès humanitaire devra être assuré ainsi que l'acheminement de l'aide médicale, la remise en état des infrastructures, notamment l'eau et l'électricité. Le retour volontaire des réfugiés et des déplacés devra être facilité.

Autour des "zones de désescalade", des "zones de sécurité" seront établies par des forces des trois pays garants auxquelles pourront s'adjoindre des pays tiers. Des points de contrôle y seront établis pour assurer la libre circulation des civils et faciliter l'acheminement de l'assistance humanitaire. Il y aura également des postes d'observation.

 

(Lire aussi : L'Iran va continuer à envoyer des forces en Syrie)

 

Quelles sont leurs chances de succès ?
L'objectif des "zones de désescalade" est, selon l'accord, de mettre "rapidement" fin à la violence, d'améliorer la situation humanitaire et de créer les "conditions pour faire avancer le processus politique", alors que la guerre a déjà fait plus de 320.000 morts en six ans.

Le memorandum stipule aussi que la lutte contre l'EI et el-Qaëda (désigné comme Front al-Nosra ou Fateh al-Cham, même si ce dernier a rompu son allégeance à cette organisation) doit se poursuivre. Mais si les jihadistes de l'EI n'ont aucune relation avec les rebelles, qu'ils combattent âprement, ceux du Front Fateh al-Cham ont formé des alliances avec des groupes rebelles dans plusieurs régions.

Pour Noah Bonsey, expert à l'International Crisis Group (ICG), cet accord "semble plus sérieux que les efforts précédents d'Astana, mais comme d'habitude, il risque probablement de se désagréger à cause de la faille posée par Al-Nosra". "Pour donner une chance de réussite à l'accord d'Astana, il faut laisser plus de temps pour régler le problème d'Al-Nosra", estime-t-il.

 

 

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