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Culture - Rencontre

Rania Zaghir, petite tailleuse de grandes histoires

La fondatrice et directrice de la maison d'édition al-Khayyat al-Saghir est sans doute l'une des figures les plus connues – et les plus novatrices – de la littérature de jeunesse dans le monde arabe.

Rania Zaghir, pétillante auteure de jeunesse.

Rania Zaghir n'est pas du tout flattée lorsqu'on lui dit que ses livres sont d'une grande valeur pédagogique. Elle en est même outrée, ou du moins le prétend-elle, mi-figue, mi-raisin. « Mes livres sont faits uniquement pour jouer, se divertir et se réjouir », dit-elle amusée.

La sémillante auteure de Haltabis Haltabis et de Beyrouth, entre autres, sirote son jus d'orange sous le soleil du printemps. De petites étoiles noires se posent sur ses collants fins et réveillent sa robe noire plutôt sage. De sa voix empreinte de bonheur, la fondatrice et directrice de la maison d'édition al-Khayyat al-Saghir (Le petit tailleur) avoue n'avoir jamais aimé être présentée de la sorte.

Ceci dit, Rania Zaghir considère que « le métier d'écrivaine est tout de même un peu technique et limitant » pour ce qu'elle est vraiment. La pétillante mère de deux petits garçons (Julian et Olivier) se veut aventurière, créatrice d'aventures, de délices et de couleurs. Lorsqu'elle dédicace ses œuvres, l'auteure tient à évoquer l'amour et le bonheur, mais également les glaces et les saveurs. Et avant de finir la dédicace de sa signature, elle esquisse en lettres arabes deux petites syllabes : « Yam Yam ».

Plusieurs de ses livres ont été traduits de l'arabe en vingt langues, dont le français, l'italien, l'allemand, le coréen et le polonais. Son ouvrage Qui a mangé le cornet de glace ? a connu un tel succès qu'il a été traduit en dix-neuf langues.

 

Pas d'étiquettes !
Rania Zaghir souhaite « ébranler » le domaine de la littérature de jeunesse au Liban et dans le monde arabe. Elle commence donc par dénoncer cette appellation : « Mais qu'est-ce qu'une littérature de jeunesse ? La littérature est une seule, du moment où les livres sont appréciés par les adultes autant que par les enfants ! » Elle se bat bec et ongles pour que ce genre de littérature ne soit plus aussi catégorisé, voire même marginalisé.

« J'ai été l'invitée de Zahi Wehbé et je suis donc passée à la télévision, à 20h30, pour parler de littérature de jeunesse », raconte-t-elle. « C'est en partie pour montrer aux gens que ce genre n'est pas uniquement réservé aux programmes de la matinée, et qu'il peut, au même titre que n'importe quel autre sujet, constituer une matière de prime time », ajoute-t-elle.

Rania Zaghir n'a pas choisi son métier. C'est ce dernier qui l'a choisie. Son parcours s'est déroulé avec la fluidité d'une eau qui coule. « Toute petite déjà, j'aimais jouer avec les mots, les rassembler, puis les disperser. J'aimais lire et écrire, mais c'était la guerre et personne ne m'encourageait », raconte-t-elle.

Pour l'auteure de J'ai couvert la mer de pavés qui a le sentiment d'avoir été arrachée à son enfance, écrire des récits illustrés, enlevés, amusants, était le meilleur moyen de remonter le temps. Après avoir obtenu sa licence en communication de l'Université libano-américaine (LAU), elle a décroché un diplôme en sciences de l'éducation de l'Université américaine de Beyrouth (AUB). « Le projet final d'un cours sur la littérature de jeunesse était d'écrire un livre », dit-elle, avant d'ajouter : « Et c'est ainsi qu'est né Adnan wa hakim el-asnan (Adnan et le dentiste), mon premier ouvrage. »

« Un livre, puis un autre et un autre encore... je suis devenue écrivaine », lance-t-elle le sourire aux lèvres. Les personnages de Rania Zaghir sont faits de tissus et de patchwork lorsqu'elle décide de collaborer avec une créatrice de mode pour les illustrations, ou composés de cartes géographiques et de maquettes lorsqu'elle se tourne vers un architecte au lieu d'un graphiste comme le veut la tradition. « Avec le créateur des illustrations, c'est un voyage à deux. Nous jouons, nous nous amusons à échanger les rôles. Je dessine avec les mots et ils écrivent avec leurs dessins », conclut-elle.

Une foule de prix
Les ouvrages de Rania Zaghir ont été récompensés à plusieurs reprises. Haltabees Haltabees a remporté le prix du Festival international de littérature de Berlin (Le Livre extraordinaire, 2015). Elle est également titulaire du prix Dialogues des cultures de la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh en 2010, et du prix d'Assabil (Amis des bibliothèques publiques) en 2009 pour Sisi Malakit Talbas Kharofan wa Dodatayn. Ce dernier a été traduit en italien par Serendapita, alors que Lamma Balatet el-Baher a été traduit en coréen et Man Lahasa Karna il Booza traduit en 19 langues et édité par Édition Orient – Berlin.

Rania Zaghir est également cofondatrice et curatrice de la Conférence internationale bisannuelle de la littérature de jeunesse intitulée « What a Story ! »
En 2013, elle a fondé Libraries of Hope (Les bibliothèques de l'espoir), une ONG qui fournit des livres aux personnes défavorisées.
Sa maison d'édition al-Khayyat al-Saghir a pour mission de développer les sens artistiques, sociaux et critiques de la jeunesse dans le monde arabe.

Rania Zaghir n'est pas du tout flattée lorsqu'on lui dit que ses livres sont d'une grande valeur pédagogique. Elle en est même outrée, ou du moins le prétend-elle, mi-figue, mi-raisin. « Mes livres sont faits uniquement pour jouer, se divertir et se réjouir », dit-elle amusée.
La sémillante auteure de Haltabis Haltabis et de Beyrouth, entre autres, sirote son jus d'orange sous le...

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