Un candidat démocrate inconnu de 30 ans espère profiter de l'impopularité de Donald Trump pour s'emparer d'une circonscription de Géorgie aux mains des républicains depuis près de 40 ans. Le premier tour, mardi, est suivi par tout le pays.
Dans cette banlieue blanche, relativement aisée et conservatrice d'Atlanta, c'est une gageure: aucun démocrate n'a été élu depuis qu'en 1978, le républicain Newt Gingrich, futur président de la Chambre des représentants et meneur de la révolution républicaine des années 1990, a ravi le siège.
Le dernier élu en date, Tom Price a été nommé ministre de la Santé par le président Trump, déclenchant une élection partielle, le Congrès ne prévoyant pas de suppléant. Son remplacement par un républicain, en temps ordinaire, ne ferait aucun doute.
Mais Donald Trump dévisse dans les sondages de popularité. Les Américains sont déçus: ils ne sont plus que 45% à juger qu'il tient ses promesses, contre 62% en février, selon Gallup. En tout, 40% ont une opinion favorable du milliardaire, faisant de lui le président américain le plus impopulaire de l'histoire des sondages en début de mandat.
Le parti démocrate et une armée de sympathisants de tous les Etats-Unis ont saisi l'opportunité et fait exploser les compteurs de dons pour le candidat démocrate: Jon Ossoff, né en 1987, un grand inconnu dont la principale expérience professionnelle est d'avoir passé quelques années comme collaborateur d'un élu de la Chambre des représentants.
Une statistique témoigne de l'engouement extraordinaire pour cette partielle: c'est la 11e élection la plus chère de l'histoire de la Chambre, selon l'organisation spécialisée dans le financement électoral, Center for Responsive Politics, alors que la campagne n'a duré que quatre mois.
Alors que d'ordinaire le candidat démocrate ne récolte que quelques dizaines de milliers de dollars, cette année Jon Ossoff a levé plus de huit millions de dollars. Les dons viennent presque entièrement de l'extérieur de la Géorgie.
Poids lourds démocrates et plusieurs célébrités ont appuyé le candidat publiquement. "Souvenez-vous de la dernière fois où les gens ne sont pas allés voter. On s'est retrouvés avec Trump", a lancé l'acteur Samuel Lee Jackson dans un spot radio. "Nous devons canaliser notre désir de vengeance et notre furieuse colère envers cette administration dans les urnes".
(Pour mémoire : Un proche d’Obama prend la tête du Parti démocrate)
Trump surveille
L'affaire est loin d'être gagnée, pourtant. Jon Ossoff recueille environ 40% des intentions de vote dans les sondages, les 17 autres candidats se partageant le reste. Son espoir est de passer dès le premier tour en atteignant la majorité absolue, une barre haute. Sinon, le second tour aura lieu le 20 juin, quand les républicains, au lieu d'une dizaine de candidats aujourd'hui, seront rassemblés et donc potentiellement plus forts.
En novembre dernier, dans la circonscription, Hillary Clinton n'a perdu que de 1,5 point contre Donald Trump. Jon Ossoff pense pouvoir combler ce faible écart. Ironie de l'histoire, l'un des démocrates qui occupa le siège des années 1930 à 1960 fut Carl Vinson, qui donna son nom au porte-avions déployé récemment par Donald Trump vers la péninsule coréenne.
Les démocrates espéraient aussi faire basculer un autre siège républicain, la semaine dernière, dans le Kansas, pour remplacer l'élu nommé à la direction de la CIA. Mais un républicain a gagné, de justesse.
"L'élection du Kansas (Congrès) était un grand événement médiatique, jusqu'à ce que les républicains gagnent. Et maintenant ils jouent au même jeu avec la Géorgie-Mauvais!" a raillé Donald Trump lundi matin sur Twitter, montrant qu'il surveillait le scrutin comme le lait sur le feu. Puis, quelques heures plus tard, il a ajouté: "le démocrate super progressiste de l'élection parlementaire en Géorgie demain veut protéger les délinquants, autoriser l'immigration clandestine et augmenter les impôts!"
L'enjeu du scrutin est surtout symbolique, la majorité républicaine à la Chambre étant confortable et ne dépendant pas d'un seul siège. Mais les groupes conservateurs veulent à tout prix éviter une humiliation, et ils ont eux aussi englouti des millions de dollars.
Lire aussi
Les démocrates entrent en résistance
Politique étrangère US : les virages à 180 degrés de Trump
Trump veut s'entendre avec la Russie malgré des relations "au plus bas"
Dans cette banlieue blanche, relativement aisée et conservatrice d'Atlanta, c'est une gageure: aucun démocrate n'a été élu depuis qu'en 1978, le...