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Politique étrangère US : les virages à 180 degrés de Trump

Pour Hussein Ibish, chercheur au Arab Gulf States Institute de Washington, ces retournements de la diplomatie Trump sont le symptôme des "défaillances de sa politique de +l'Amérique d'abord+".

Donald Trump à son arrivée à West Palm Beach, en Floride, le 13 avril 2017. REUTERS/Yuri Gripas

Otan, Russie, Syrie, Chine : en politique étrangère, le président américain Donald Trump opère des virages à 180 degrés, signe d'une normalisation de sa diplomatie loin des prises de positions fracassantes de sa campagne.
"Les circonstances changent", a reconnu sur CNN le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer, donnant écho à une théorie connue à Washington qui veut qu'une fois assis dans le Bureau ovale les présidents des Etats-Unis voient les choses d'un autre œil.

 

Volte-face sur l'Otan
Le président Trump, perçu jusqu'ici comme "isolationniste" et "protectionniste", a parachevé mercredi de façon spectaculaire son retournement sur l'Otan. Durant sa campagne et au début de sa présidence, l'homme d'affaires avait semé le trouble en Europe en qualifiant l'Alliance atlantique d'"obsolète" et en sommant les alliés du Vieux continent de partager le "fardeau financier" par l'augmentation de leurs dépenses militaires. Une position constante des présidents américains mais assénée avec le style direct du nouveau locataire de la Maison Blanche.
Lors d'une conférence de presse mercredi avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, M. Trump a fait volte-face et retiré le mot qui fâchait: "J'avais dit que c'était obsolète, ce n'est plus obsolète".
Il a toutefois réclamé que les 28 membres de l'Alliance portent leurs dépenses de défense à 2% de leur Produit intérieur brut. Il devrait enfoncer le clou au cours du sommet de l'Otan à Bruxelles le 25 mai.

Ce tout premier voyage en Europe du nouveau président américain sera scruté par la Russie, pays sur lequel Washington a nettement durci le ton ces derniers jours.
Un rapprochement avec Moscou fut la grande affaire de la campagne du tonitruant milliardaire. Donald Trump n'avait cessé de couvrir de louanges le président russe Vladimir Poutine, un dirigeant "fort" et "intelligent". Il a encore assuré jeudi sur Twitter que "les choses (allaient) s'arranger entre les Etats-Unis et la Russie" après avoir souligné la veille que "ce serait une chose fantastique si nous pouvions nous entendre avec Poutine".
Mais Donald Trump a aussi insisté sur le fait qu'il "ne connaissai(t) pas Poutine", que les relations entre les puissances nucléaires étaient "peut-être au plus bas (niveau) de tous les temps" et qu'une réconciliation pourrait faire long feu.

 

(Lire aussi : Quand les frappes US en Syrie divisent les alliés de Trump)

 

Détérioration avec Moscou
En recevant mercredi dans une ambiance glaciale le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, le président russe a lui aussi déploré une relation particulièrement détériorée entre les deux ex-adversaires de la Guerre froide. Pire que sous la présidence de Barack Obama.
Cette poussée de fièvre s'explique par les antagonismes traditionnels sur l'Ukraine et la Syrie, dans un climat alourdi par les soupçons d'ingérence russe dans la présidentielle américaine.

A l'Otan fin mars, Rex Tillerson avait condamné l'"agression" russe contre Kiev et, mercredi à Moscou, il a dénoncé devant son homologue russe Sergueï Lavrov une "interférence dans nos élections (...) un sujet suffisamment grave pour déclencher des sanctions supplémentaires".

Quant à la Syrie, contentieux américano-russe le plus lourd depuis 2012, Donald Trump a jugé "possible" que des Russes aient été au courant de l'attaque chimique du 4 avril imputé au régime syrien. Il a traité le président Bachar el-Assad de "boucher et d'"animal". M. Tillerson et l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, ont exhorté Moscou à reconsidérer son soutien à son allié à Damas. Jeffrey Rathke, ancien porte-parole de la diplomatie américaine, qui s'exprimait auprès de l'AFP il y a quelques jours, estime que cette fermeté contre la Russie traduit une forme de normalisation de la politique étrangère Trump et "une grande continuité" avec celle d'Obama.

 

(Lire aussi : Assad pire qu'Hitler : le porte-parole de Trump dit avoir "trahi" sa confiance)


Face au mastodonte chinois, le président républicain semble aussi rentrer dans le rang. Après avoir accusé Pékin tout au long de sa campagne de sous-évaluer le yuan, d'être un "manipulateur de devises" et de risquer une "guerre commerciale, M. Trump a changé radicalement d'avis dans le Wall Street Journal: non, les Chinois "ne manipulent pas leur monnaie". Il a même vanté "une bonne alchimie" avec son homologue chinois Xi Jinping qu'il avait reçu les 6 et 7 avril en Floride.

 

Trump "imprévisible"
Nombre d'analystes s'interrogent sur le courant doctrinaire de politique étrangère auquel on pourrait rattacher Donald Trump. Qualifié de président "isolationniste" voulant dégager l'Amérique des crises internationales, il avait rejeté cet adjectif à la mi-mars.
Pour Hussein Ibish, chercheur au Arab Gulf States Institute de Washington, ces retournements de la diplomatie Trump sont le symptôme des "défaillances de sa politique de +l'Amérique d'abord+".
Analysant les tensions avec la Russie, Joseph Bahout, de la fondation Carnegie, estime que "Trump a introduit une carte que Poutine pensait avoir à lui tout seul sur la scène internationale: l'imprévisibilité".

 

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